Le match Raja Casablanca face au Youssoufia Berrechid sanctionné d’un nul équitable et positif de trois buts partout peut être considéré parmi les plus beaux duels de la Botola, non seulement de la 18e journée, mais aussi de toute la saison.
Certes ce partage des points n’arrange pas les affaires des deux adversaires qui occupent toujours la 4è place ex-aequo avec 25 points, à 11 longueurs du grand rival rajaoui, le WAC qui est en train de cumuler les victoires dont la plus récente a été réalisée à Rabat au détriment du FUS (0-1).
C’est donc le Raja qui reste le grand perdant en ratant une belle occasion de s’imposer surtout qu’il menait au score pratiquement tout au long du match avant que le CAYB ne renverse la situation et frôle une victoire plus ou moins méritée.
Dans l’ensemble, ce match a tenu ses promesses entre deux formations différentes mais qui se ressemble en même temps. Car le Raja a, semble-t-il joué, contre le Raja puisque l’équipe de Berrechid est composée de plusieurs joueurs ayant fait leurs débuts au Raja et qui sont en plus menés par un grand technicien qui a tant donné à la boite des Verts, en tant que joueur et en sa qualité d’encadreur des jeunes avant de recycler en entraineur pour confirmer sa place parmi les grands coaches de la Botola. Il s’agit bien sûr Saïd Saddiki qui reste pourtant « gourmand ». Saddiki qui n’arrive pas à croire ses yeux estime que la victoire lui a été « volée » comme d’ailleurs lors du match « aller » à Berrechid où le Raja avait arraché la victoire dans les ultimes moments du match (1-2). Mais cela n’empêche pas le mérite du CAYB qui n’a pris qu’un seul point sur les 2 matches. Et c’est grâce à Saddiki qui est en train de faire calquer sa manière de jouer et le style de jeu qu’avait appris au sein du Raja dans son âge d’or, un style de jeu doué et marqué par de petites passes dans un espace qui ne dépasse pas un mètre carré. D’ailleurs, Saddiki l’a bien confirmé dans pas mal de matches en allant jusqu’à faire apprendre à ses joueurs comment maîtriser des combinaisons de jeu avec des courtes passes et des une-deux dans la surface des réparations (carré des 18M). Chose faite face au Raja et qui aurait alourdir la facture sans la malchance et notamment le poteau qui a sauvé les Verts à doubles reprises.
Cependant Saddiki qui est en train de gêner les grands clubs de la Botola reste modeste en se disant qu’il veut seulement jouer pour le maintien en Division 1 que le CAYB venait d’intégrer pour la première fois dans son histoire.
Mais la réalité qui saute aux les yeux, c’est que Saddiki a entre les mains une équipe ayant les moyens de se qualifier au moins pour la 3e place africaine de la CAF à défaut de la Champion’s League.
Le CAYB reste la grande révélation de la saison. Mais si l’équipe de Berrechid a fait un très bon match face au Raja, il ne faut pas oublier qu’elle s’est mesurée face à un grand club des Verts qui nous a donné plusieurs titres nationaux et internationaux dont notamment ceux des Coupes d’Afrique. Le Raja qui reste le club marocain le plus titré à l’échelon continental avait tiré sa force de ses joueurs locaux formés dans son école et à travers toutes catégories des jeunes. Said Saddiki qui avait rejoint le Raja à son jeune âge, peut bien le confirmer. Surtout qu’il faisait notamment partie de la première génération des Verts ayant remporté la Coupe du Trône en 1982 et le premier titre de la Botola en 1988 sous la houlette de l’entraineur portugais Feu Cabrita et juste après la première Ligue des Champions dans son ancienne formule de Coupe d’Afrique des Clubs Champions en 1989 en compagnie du coach algérien, le Cheikh Rabeh Saadane.
Mais le Raja d’aujourd’hui, reste loin de ses gloires d’antan même s’il venait de renouer avec le sacre continental en remportant la Coupe de la CAF pour la 2e fois de son histoire en 2018 après 2002. Encore, le Raja n’arrive plus à retrouver le chemin de la Ligue des Champions depuis le 3e et dernier sacre en 1999 après ceux de 1997 et 1989.
Et dire que le Raja a des entraineurs coûteux avec 450.000 DH comme salaire mensuel réservé au Français Patrice Carteron et avant lui l’Espagnol Juan Carlos Garridon qui touchait 400.000 DH… Said Saddiki qui n’en touche même pas le quart est tout simplement en train de réussir de grande chose avec une équipe de Berrechid composée certes de plusieurs jeunes rajaouis dont Med Lafkih, Yassine Wakili, les Hamza Moujahid et Boussedra, Med Aymane Sadil… Des joueurs formés au Raja par… Said Saddiki du temps où il s’occupait des jeunes mais qui sont aujourd’hui mieux, beaucoup mieux que certains « gros morceaux » recrutés par les Verts et qui n’ont absolument pas le charisme de joueur à par entière…