Sans réforme globale et profonde de l’éducation et de la formation, il est impossible de former des jeunes fiers de leur citoyenneté

responsables et convaincus de la nécessité de participer à l’œuvre d’édification du Maroc de la modernité et de la justice sociale, même si on a une Constitution aux dispositions avancées et un code pénal moderne, a affirmé l’universitaire Mustapha Labraimi, membre du Bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS).

Réagissant au nom du BP du PPS au dernier rapport du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique intitulé «Pour une école de l’équité et de la qualité. Vision stratégique pour la réforme 2015-2030», Labraimi, qui intervenait au cours d’une journée d’études, organisée à l’initiative de la Jeunesse socialiste en partenariat avec le groupe de l’Alliance socialiste à la Chambre des conseillers sous le thème : «La réhabilitation des valeurs, préalable à toute réforme» a rappelé que la réussite de cette réforme requiert la participation de tous et la mobilisation de tous les moyens pour passer de la phase des slogans à la mise en pratique des décisions prises.

Selon le PPS, a-t-il dit, toute réforme, comme c’est le cas de toute entreprise de développement, doit se fixer pour objectif ultime d’être au service de l’homme et l’amélioration de son bien être et de son bien vivre.

Question nationale par excellence, la réforme de l’éducation et de la formation doit viser la réhabilitation de l’école et en particulier du secteur public pour lui permettre la formation de jeunes marocains fiers de leur identité, très éclairés et capables de participer à l’entreprise d’édification du Maroc de la démocratie, des institutions, des droits de l’homme et de la justice sociale, a-t-il dit.

Elle doit également se traduire par la fin du système actuel d’enseignement, qui perpétue les privilèges et les disparités, afin d’offrir à tous les fils du peuple les mêmes chances d’apprentissages sans tenir compte de leur origine sociale, pauvres ou riches soient-ils.

La réforme souhaitée se doit aussi de garantir à tous, jeunes ou adultes des deux sexes, ou ayant des besoins spécifiques, les mêmes chances d’éducation, de préférence durant toute leur vie, le but étant de garantir à la société en perpétuel mouvement, une formation adaptée à tous les moments de son histoire, et une formation des capacités dont elle a besoin pour son développement et la satisfaction de ses besoins.

Il est aussi utopique de vouloir réussir dans ce sens en imposant d’en haut une réforme qui serait élaborée sans la participation de tous les partenaires concernés y compris les syndicats pour une amélioration de la qualité de l’enseignement, a-t-il dit, rappelant que toute réforme ne doit en aucun se limiter à un plaidoyer pour défendre telle ou telle intention. Toute réforme doit se traduire par le lancement de chantiers concernant les institutions, l’école et les responsables du secteurs pour leur accorder les pouvoirs de décision nécessaires, l’autonomie requise, les moyens humains et financiers indispensables, etc. Parallèlement à cette action, l’on doit mettre en place un système national d’évaluation opérationnel, œuvrer pour permettre aux établissements de s’ouvrir sur leur environnement, lutter contre la déperdition et le doublage, œuvrer pour l’amélioration des services sociaux, encourager les partenariats entre les établissements et mettre en place un système de contractualisation entre les académies régionales de l’éducation et les établissements, sans omettre l’amélioration de l’orientation des élèves, l’apprentissage des langues et la révision du système des rythmes scolaires. Il est aussi indispensable de généraliser l’enseignement préscolaire et d’impliquer les collectivités territoriales dans des actions visant notamment l’entretien des établissements, l’amélioration du transport scolaire, des cantines et des logements pour les enseignants et les élèves en particulier dans les régions reculées.

Pour ce faire, a-t-il ajouté, il est nécessaire de mobiliser les moyens financiers nécessaires à travers notamment la rationalisation des crédits affectés au secteur, la diversification des ressources et l’adoption d’une approche participative dans le but notamment de continuer de garantir la gratuité de l’enseignement.

Au niveau du supérieur, a-t-il estimé, tout changement doit avoir pour objectifs l’amélioration de la vie universitaire des étudiants pour en faire des citoyens capables de prendre en main le destin du pays, de garantir à tous l’accès à l’université, sachant que la formation à vie est l’avenir du secteur.

Il est indispensable aussi d’améliorer la formation des formateurs et d’œuvrer pour le développement du secteur de la recherche scientifique, secteur qui nécessite pour ce faire une refonte totale dans le but de l’intégrer dans le développement du pays, de le doter d’un statut dans la perspective de lui dédier tout un département au sein du gouvernement et de lui consacrer plus de 1% du PIB national.

Pour sa part, le chercheur Abdelhaq Mouncif, du Conseil supérieur de l’éducation, a présenté les grandes lignes du rapport «Pour une école de l’équité et de la qualité. Vision stratégique pour la réforme 2015-2030», devant être rendu public très prochainement après sa finalisation.

Evoquant la place du système des valeurs dans «la vision» du Conseil, il a indiqué qu’elles se réfèrent à des composantes religieuses, culturelles, professionnelles, des droits humains pour en faire un système global intégrant les avancées de la société du savoir. Il s’agit en fait d’un travail visant la valorisation des progrès technologiques et pédagogiques.

Selon lui, le travail réalisé par le Conseil se réfère aux dispositions de la Constitution et aux discours royaux en la matière et à des rapports internationaux.

Il se fixe pour objectifs de réaliser une école de l’équité et de la qualité au service du développement personnel et social, le but étant d’encourager l’esprit d’innovation et d’initiative chez les apprenants et d’accorder davantage d’intérêts aux régions défavorisées souffrant de précarité en appelant à une discrimination positive à la faveur de ces régions.

Le Conseil appelle aussi à l’enseignement des langues étrangères et d’autres mesures visant notamment la refonte du système d’évaluation à travers la mise en place d’un nouveau système des examens qui se concentre sur le développement des connaissances de manière pratique et non seulement sur les connaissances théoriques et la mémorisation.

Intervenant au nom de la Fédération nationale de l’enseignement affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT), le syndicaliste Mohamed Khoufi a souligné la justesse du choix de ce thème relatif à la réhabilitation des valeurs au niveau de l’enseignement au Maroc, qui souffre notamment d’actes de violence quotidiens contre les enseignants et nombre d’autres pratiques dévalorisantes.

Rien qu’aujourd’hui, jeudi, a-t-il fait savoir, un surveillant général a été violemment agressé par des élèves à qui on a confisqué leurs téléphones portables qu’ils utilisaient lors de la session de rattrapage du Baccalauréat dans un lycée à Mohammedia. Le surveillant général qui voulait venir en aide à des enseignantes enfermées par leurs agresseurs dans une classe à été blessé à la tête et a dû être transporté à l’hôpital pour examen médical.

C’est dire l’actualité de la question, a-t-il dit, situation qui interpelle non seulement les enseignants mais l’ensemble de la société, qui est appelée à participer à la réussite de ce chantier en contribuant notamment à la réhabilitation des valeurs qui commandent le secteur, a-t-il expliqué, rappelant que son organisation appelle depuis une longue date à cette réforme dont la réussite requiert notamment la satisfaction des revendications des enseignants et le respect de leurs droits.

A l’ouverture de cette rencontre, le secrétaire général de la Jeunesse socialiste, Jamal Karimi Benchekroun a souligné la portée de cette journée, rappelant la disposition de son organisation à jouer pleinement son devoir dans toute réforme du système de l’éducation et de la formation au Maroc.

Quant au modérateur de cette rencontre, le jeune Omar Rousse, membre du bureau national de la Jeunesse socialiste, il a souligné qu’il est temps de procéder à la réforme du secteur dans le but d’en réhabiliter le rôle en tant que levier du développement.

La rencontre a été marquée par un riche débat, au terme duquel des jeunes très motivés de la Jeunesse socialiste ont exposé idées et propositions bien accueillies par l’assistance.

Top