Un grand changement en œuvre

12 mai 2021, journée internationale des Infirmiers

Ouardirhi Abdelziz

La Journée internationale des infirmières est célébrée chaque année le 12 mai, date de la naissance de Florence Nightingale. Lancée pour la première fois en 1965 par le Conseil international des infirmières, cette journée reste une occasion pour rendre hommage aux personnels soignants, aux infirmières et aux infirmiers du monde entier pour le travail qu’ils accomplissent chaque jour, pour sauver des vies humaines, au moment où le monde entier est confronté pour la deuxième année consécutive à la pire crise sanitaire que l’humanité ait pu connaître : la pandémie de coronavirus.

Que représente la journée internationale de l’infirmier

Depuis le recouvrement de l’indépendance du Maroc, de grands efforts ont été consentis dans le domaine de la santé et particulièrement celui des ressources humaines.

La formation des infirmiers et infirmières a fait l’objet d’un intérêt constant pour relever les grands défis auxquels le Maroc faisait face durant les années 60-70-80-90, marqués par une recrudescence des maladies infectieuses. Durant toutes ces années,ilsont été sur tous les fronts pour lutter contre ces maladies.

Aujourd’hui en 2021, beaucoup de choses ont changé, la profession infirmière au Maroc a évolué.L’objectif de la célébration de cette journée internationale des infirmiers est de rendre visible des défis, dont les plus importants peuvent se résumer en quatre points: l’incontournable nécessité d’un haut niveau de formation; la reconnaissance de la valeur ajoutée des compétences infirmières; l’amélioration des conditions de travail ;l’investissement dans une profession essentielle, vitale pour pallier à la pénurie.

Une vision pour les soins de demain

Les infirmiers(ères) ont de tous temps joué un rôle important dans le développement humain, dans l’essor économique, social, culturel de notre pays. Ils sont présents là où le devoir les appelle, en milieu urbain, rural, dans les zones enclavées difficiles d’accès.

Cette réalité est aujourd’hui mise en avant pour rendre justice aux professionnels de santé et plus particulièrement les infirmiers et infirmières. D’ailleurs, le thème retenu par le Comité international des infirmiers pour la célébration de la journée internationale de l’infirmier pour  l’année 2021 est : La profession infirmière : Une voix faites pour diriger-Une vision pour les soins de demain.

Ce thème reflète à lui seul toutes les préoccupations et les enjeux qui animent les infirmiers qui cherchent  à montrer comment les soins infirmiers se tourneront vers l’avenir à travers le monde, en ce qui concerne l’accès aux soins des populations là où elles se trouvent, indépendamment des conditions des uns et des autres.

Une mobilisation constante au service des citoyens

Dans le déroulement de notre vie, nous avons tous  connu à des degrés différents des ennuis de santé, qui ont nécessité une hospitalisation, des soins, une surveillance, un suivi, un soutien. Dans la grande majorité des situations, c’est l’infirmière qui est toujours présente, c’est aussi l’infirmier qui prend notre tension artérielle, qui refait le pansement ou qui place la perfusion, qui fait l’injection.

En effet, ce sont les infirmières et les infirmiers qui sont présents aux chevets des patients 24 H / 24 H ; de jour comme de nuit,les week-end et les jours fériés, apportant confort et réconfort aux malades qu’aucune technologie aussi sophistiquée soit-elle ne pourra jamais remplacer.

Cette présence permanente, continue aux cotés des malades est de nature àrassurer les patients et leurs familles àjouer un rôle fondamentale dans la lutte contre la Covid-19, comme elle a aussi permis de rassurer les patients et leurs familles.Il est très utile de rappeler ici que depuis le début de l’épidémie et plus particulièrement du premier cas de coronavirus que le Maroc a enregistré au mois de mars 2020, les infirmières et infirmiers de l’ensemble de nos établissements hospitaliers, sont restés  mobilisés.

Une profession en mal de reconnaissance

Au regard du travail qui a été réalisé par ces derniers depuis le début de cette épidémie, un travail colossal a été effectif, des taches qui ont mobilisé un savoir et un savoir-faire comme l’exige la pratique infirmière. En effet, force est de reconnaitre que le personnel infirmer assume tous les jours en période de crise ou hors Covid, des tâches lourdes dans le domaine des soins de santé. Il fait un travail difficile et endure de longues heures de labeur, tout en risquant de s’infecter, de contracter des maladies qui peuvent aller de pair avec des tâches aussi rebutantes et traumatisantes.

Malheureusement toutes ces actions, et ce savoir infirmier restent  souvent à l’ombre.Mais comme le dit un proverbe classique: « à quelque chose malheur est bon. ».Cette crise sanitaire du coronavirus est de nature à aider la profession grâce à la conscience globale du travail réalisé par les personnels infirmiers, mais surtout de la compréhension par les malades, leurs familles et d’une manière générale l’ensemble des citoyens de l’importance de la place des infirmiers et infirmières dans le système de santé.

Naissance d’une nouvelle génération d’infirmières

Apres avoir suivi de près la situation sanitaire de la Covid depuis le début de l’épidémie  (2 mars 2020), et avoir pris connaissance de la réalité du terrain, écouté de nombreuses et nombreux infirmiers presque quotidiennement aussi bien  celles et ceux qui travaillent dans des  établissements sanitaires publiques, que des cliniques privées au niveau de Casablanca, et au regard de ma propre expérience, en tant que professionnel de santé, ayant 40 années d’ancienneté dans le métier, je  puis dire en mon âme et conscience, et en tant que professeur enseignant au niveau des instituts de formation des professions de santé, que je suis extrêmement fier de toutes les infirmières et de tous les infirmiers.

Fier pas seulement par rapport àleur engagement, de leur mobilisation, leur courage, mais surtout par rapport à leur niveau d’autonomie, leur capacité décisionnelle et la qualité de leur réflexion. Il n’est pas exagéré de dire qu’aujourd’hui, je suis le témoin privilégié de la naissance d’une nouvelle génération, une relève qui va être marquée par cette crise sanitaire( Covid ), qui portera haut les valeurs et les droits de la profession infirmière .

Un challenge qui est à la portéede tous les acteursgrâce notammentàla réforme du système de formation Licence-Master-Doctorat (LMD) mise en place et qui donne ses fruits. Mais il y a un obstacle de taille qui risque de remettre en question tous ces projets, toutes ces ambitions, un obstacle qui persiste depuis les années 80:celui de la pénurie d’infirmiers.

Quelles solutions aux problèmes de la pénurie d’infirmiers ?

La pénurie d’infirmiers (ères) dans notre pays n’est pas une simple vision de l’esprit, contrairement à ce que certains peuvent penser, mais une réalité qui est vécue au quotidien.Le Maroc souffre d’une pénurie aiguë d’infirmières et infirmiers, leur nombre s’élève à 32.000, soit 9,2 pour 10.000 habitants.

Les causes de cette pénurie sont connues. Il y a lieu de rappeler l’opération de départ volontaire (2005), qui a entraîné le départ de 1.183 infirmiers d’unseul coup.Les postes budgétaires alloués par l’Etat pour recruter des infirmiers et infirmières sont insignifiants.De grands contingents de la population des infirmières sont en train d’arriver massivement à l’âge de la retraite, celles et ceux qui partent ne sont jamais remplacés.

Cette pénurie est ressentie d’abord par les professionnels de santé qui sont contraints dans bien des situations de faire face à une grande charge de travail, qui éreinte les plus résistants et décourage les plus faibles.

La pénurie d’infirmiers fait que de nos jours, aucun hôpital, ou centre de santé ne peut se targuer d’avoir des infirmiers, infirmières en nombre suffisant.

Pour faire face àcette situation, le gouvernement n’a pas réussi à prendre des décisions politiques courageuses susceptibles de remédier à ce manque chronique, qui porte préjudice à la qualité des soins, aux structures sanitaires hospitalières et aux établissements de soins de santé de base, qui tous sont en sous effectifs.

Investir de toute urgence dans le personnel infirmier

La pandémie de Covid-19 souligne la nécessité impérieuse de renforcer les personnels de santé. Le personnel infirmier constitue et fournit des services vitaux pour l’ensemble du système de santé. Depuis notre indépendance en 1956, et aujourd’hui encore, ce personnel se trouve en première ligne du combat mené contre les  maladies, les épidémies. Particulièrement face à la pandémie de Covid-19. Jamais dans l’histoire des infirmiers au Maroc, la valeur de ces personnels de santé n’a été aussi manifeste qu’en ce moment où toutes et tous  sont en première ligne du combat contre cette pandémie.

En outre, et s’agissant de la couverture sanitaire universelle, un grand projet initié par sa Majesté le Roi Mohamed VI, il faut insister sur le rôle essentiel que sont appelés à jouer les infirmiers dans la réussite de la CMU afin que tous nos citoyens puissent avoir accès aux soins et aux médicaments.Pour réussir ce challenge et relever ces défis, notre pays a besoin de plusieurs milliers d’infirmiers et d’infirmières supplémentaires.

Le Maroc doit investir immédiatement dans cette profession, qui est synonyme de soins, de sécurité, de soutien, d ‘écoute,d’accompagnement, de compassion, d’humanisme; autant de bénéfices qu’en tireront nos citoyens du travail remarquable que seul le personnel infirmier peut mener à bien. 

Chacun de nous doit rendre un hommage largement mérité aux infirmiers, nous devons exprimer notre gratitude pour les soins et le professionnalisme du personnel infirmier. En effet, vos actes, vos actions, vos prestations, votre mobilisation, sont autant d’éléments qui justifient amplement notre reconnaissance envers vous toutes et tous.Vous nous emplissez de fierté, vous nous inspirez et nous vous en sommes infiniment redevables…

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