Bernard Miyet, ancien SG adjoint de l’ONU
Bernard Miyet, ancien Secrétaire général-adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix dont relève la Minurso, a mis en garde, dans un entretien à la MAP, contre les tentatives du «polisario» de violer le cessez-le-feu en déplaçant ses miliciens dans la zone tampon d’El Guerguarat, qui relie le Maroc et la Mauritanie.
«Tout ce qui contribue à remettre en cause le cessez-le-feu, directement ou indirectement, est malvenu et contraire aux engagements pris», a dit M. Miyet en réaction aux tentatives du «polisario»d’entraver le trafic civil et commercial au niveau de cette axe routier vital reliant l’Europe et l’Afrique de l’Ouest via le Maroc et la Mauritanie.
M. Miyet, qui a occupé le poste de Secrétaire général-adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix entre 1997 et 2000, a souligné que les agissements du «polisario» «susciteraient logiquement et inévitablement une condamnation par le Conseil de Sécurité comme ce fût déjà le cas en 2018 en ce qui concerne cette même zone d’El Guerguarat».
L’ancien responsable
onusien a regretté l’absence d’avancée politique, soulignant qu’une telle
situation représente « un drame pour les réfugiés sans perspectives» dans la
région de Tindouf (sud-ouest de l’Algérie).
Il s’agit aussi, selon M. Miyet, d’«un obstacle majeur à l’établissement de
relations mutuellement enrichissantes et avantageuses entre les pays du Maghreb».
L’ancien Secrétaire-général adjoint de l’Onu a, d’autre part, noté que l’Organisation n’a eu de cesse d’appeler, dans ses différentes résolutions, à un règlement politique, qui peut, a-t-il dit, «ouvrir la voie à la recherche d’une formule alternative, comme une autonomie significative afin de surmonter les blocages».
Rappelant également les appels, contenus dans les résolutions onusiennes à l’adresse de toutes les parties de ce conflit régional à faire preuve de réalisme et d’un esprit de compromis afin d’aller de l’avant, M. Miyet a fait observer que la dernière résolution 2548 du Conseil de Sécurité du 30 octobre 2020 s’inscrit dans la même logique avec un appel à une solution politique réaliste, pragmatique et durable.
Cette résolution semble marquer le souhait de la majorité des membres de l’instance décisionnelle de l’Onu de sortir des schémas traditionnels qui leur paraissent constituer une impasse tout en voulant maintenir la paix dans la région, a indiqué M. Miyet, en s’interrogeant si le «polisario» cherche, en déplaçant ses miliciens dans la zone tampon d’El Guerguarat, «à manifester sa déception et sa colère» face à cette évolution de la question de l’intégrité territoriale du Maroc au sein des instances onusiennes.
L’ancien
responsable onusien n’a pas manqué de mettre en garde contre les conséquences
d’un conflit armé sur toute la région sahélo-saharienne, déjà sous la menace du
terrorisme et du crime organisé transfrontalier.
« Il est évident que personne n’a intérêt à enflammer la région
sahélo-saharienne qui est déjà suffisamment dangereuse et même explosive »,
a-t-il dit, mettant en garde que la déstabilisation de cette région « ne serait
pas sans conséquences y compris sur le voisinage européen ».
Il importe donc que les pays de la région s’emploient résolument à réduire les tensions et s’opposer à toute tentative de déstabilisation, a-t-il enchainé, relevant que le Conseil de Sécurité sera très attentif à toute éventuelle dégradation de la situation.