Les usages licites du cannabis au menu des débats parlementaires

Examen du projet de loi N°13.21

Par Khadija Tahiri (MAP)

La Commission de l’intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants a entamé l’examen du projet de loi N°13.21 relatif aux usages licites du cannabis en soulignant ses effets positifs sur les plans économique et social.

La plupart des interventions des groupes parlementaires ont insisté, lors de la réunion tenue mercredi en présence du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, sur le fait que ce projet constitue un point de départ pour l’amélioration des conditions de vie de la population locale en intégrant une large frange de citoyens de la région concernée dans l’effort de développement, relevant que ce projet, qui marque une nouvelle ère pour toute une région, constitue un changement qualitatif courageux dans le processus législatif du Royaume, «même s’il intervient tard».

En revanche, certaines interventions ont souligné la nécessité de donner plus de temps aux parlementaires pour approfondir le débat sur le contenu de ce projet et cerner tous ses aspects économiques, sociaux et environnementaux.

Ainsi, le Groupe Justice et Développement a appelé à accorder suffisamment de temps au Parlement pour élargir le débat public et la consultation avec la participation des acteurs institutionnels, des partis politiques, de la société civile et de la population concernée, relevant que les régions connues pour la culture du cannabis «ont besoin de véritables programmes de développement et d’infrastructures solides pour améliorer leurs indicateurs de santé et d’éducation qui sont bas».

Les députés du PJD ont également mis l’accent sur la nécessité de jeter la lumière sur les politiques publiques à adopter pour lutter contre la culture des plantes servant à la production de drogues ainsi que sur les programmes gouvernementaux visant à créer des activités économiques dans les régions concernées.

Pour sa part, le groupe Authenticité et Modernité a qualifié la présentation par le gouvernement d’un projet de loi visant à réglementer l’usage légal du cannabis de «tournant historique dans le processus de traitement de ce sujet, considéré comme un tabou il y a quelque années», estimant que le débat autour de ce sujet est l’aboutissent naturel de l’évolution de tout phénomène social et scientifique.

Après avoir souligné le retard pris dans l’élaboration de ce projet, d’une grande importance économique et sociale pour accompagner les mutations au niveau international en la matière, le groupe parlementaire s’est félicité de cette initiative législative qui va trancher la polémique autour de la culture du cannabis.

Quant au groupe Rassemblement constitutionnel, il a salué cette initiative tendant à légaliser les usages de cette plante à des fins thérapeutiques, industrielles et cosmétiques plutôt que de pérenniser les usages actuels aux conséquences néfastes sur les plans sanitaire, économique et environnemental.

Le projet en question n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un changement dans les positions officielles et au niveau internationale par rapport aux utilisations de cette plante à des fins économiques, sociales et médicales, dans un contexte national et international en mutation, a-t-il estimé, mettant l’accent sur l’évolution ces dernières années des législations comparées régissant l’usage du cannabis et de ses dérivés.

Abondant dans le même sens, le groupe istiqlalien de l’unité et de l’égalitarisme a affirmé que l’examen du projet de loi sur les usages licites du cannabis est un moment historique marquant un changement majeur dans la gestion de ce phénomène, tout en ajoutant que le Maroc a pris un «grand retard» dans la légalisation du cannabis, étant donné que la culture de cette plante est une réalité.

Il a rappelé, dans ce cadre, le projet de loi présenté par le Parti de l’Istiqlal en 2013, qui «ne diffère pas dans la forme ou le contenu du projet actuel», appelant à tirer profit de cette plante pour le début d’une nouvelle ère dans l’ensemble de la région concernée.

Pour sa part, le Groupe haraki a estimé que ce projet de loi constitue une «valeur ajoutée et un grand gain» pour le Maroc, car il est de nature à ouvrir un nouvel horizon dans le traitement du dossier du cannabis, avec la création de nouveaux postes d’emploi et la contribution au développement du pays.

Le Groupe a encore noté que, depuis plus d’un siècle, «la culture du cannabis a fait de nombreuses victimes dans les régions concernées du point de vue légal», ajoutant que la loi aura des effets positifs sur la population locale.

Pour sa part, le groupe socialiste a relevé que l’élaboration de ce texte de loi a été accompagnée par un débat de société autour de ses répercussions sur la population locale et la réalité des régions concernées par la culture de cette plante.

Et d’ajouter que le gouvernement a présenté ce projet de loi en interaction avec un contexte particulier lié à l’évolution de l’usage de cette plante à l’échelle internationale et la nécessité de légaliser ses utilisations thérapeutiques et cosmétiques.

De son côté, le groupement parlementaire du Progrès et du Socialisme a qualifié le débat autour du projet de moment fort dans le processus de législation au Maroc, ajoutant qu’il s’agit d’une initiative courageuse après des années de tergiversation et de revendications de différentes parties pour légaliser l’utilisation de cette plante.
Le projet de loi 13.21 relatif aux usages licites du cannabis a pour objectifs notamment la création

‘opportunités d’emploi pérenne, l’amélioration des revenus des agriculteurs et leur protection des réseaux de trafic international de drogues, la lutte contre les effets négatifs de cultures illicites sur la santé publique et la réduction des effets destructeurs sur l’environnement.

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