Une situation invivable mais l’espoir demeure

Le marché de «Koréa» sous le coup du Covid-19

Par Jaouad Touiouel

Carrefour des commerçants et des clients de toutes les régions du pays à la quête de bonnes affaires pour toutes sortes d’articles (vêtements, électroménager, meubles, alimentation, etc.), le marché de «Koréa» à Casablanca n’a pas échappé aux effets dévastateurs du Covid-19, avec une baisse notable du volume des transactions et du nombre des visiteurs.

Aux abords de ce haut lieu de la négoce, il est aisé de constater que la fréquentation et la frénésie ne sont plus pareilles, même un jour de samedi en milieu de journée, heure à laquelle l’activité atteint le paroxysme en temps normal. Entre mesures restrictives et appréhensions des potentiels clients, les commerçants, toutes tailles confondues, prennent leur mal en patience et prient pour la fin de cette calamité.

Le marché comprend quelque 2.500 commerces vendant produits nationaux ou importés. Devant leurs locaux, les propriétaires et leurs assistants, qui ne pouvaient même pas s’accorder une petite pause, espèrent attitrer une partie des rares clients qui visitent encore les lieux, qui doivent fermer à 18H00 en application des mesures destinées à enrayer la diffusion du virus.

Les commerçants sont accablés par une chute substantielle de leur chiffre d’affaires et des stock de marchandises importées n’ayant pas trouvé preneur, essentiellement les produits alimentaires dont la date de péremption s’approche à grande vitesse, a confié à la MAP un vendeur. Il a assuré que les trois mois de confinement décrétés au Maroc, quoique nécessaires dans le combat contre la pandémie, ont porté un coup dur aux commerçants, dont beaucoup se sont retrouvés avec de grandes quantités de marchandises importées entre les mains. «C’est une situation invivable mais la confiance en l’avenir nous pousse à espérer des jours meilleurs», s’est-il résigné.

Plusieurs commerçants croulent sous le poids des dettes et ne peuvent plus s’acquitter des frais du loyer, de la scolarisation de leurs enfants et de leurs impôts, a-t-il poursuivi, déplorant le fait que plusieurs d’entre eux ont décidé de fermer boutique dans l’attente de voir plus clair, tandis que d’autres peinent à récupérer leurs marchandises bloquées au port, étant dans l’incapacité de s’acquitter des taxes douanières.

Un autre commerçant se lamente de l’état actuel du souk, avec peu de clients et une offre abondante, soulignant que mêmes les vêtements du printemps rechignent à quitter les étagères, alors que la mode est en constante évolution. «Faut-il s’en débarrasser à n’importe quel prix et en importer les nouvelles collections de saison?», s’interroge-t-il, dans une sorte de cri de détresse.

Cependant, a-t-il fait observer, la majeure partie des magasins ont préféré ne pas importer de nouveaux produits, de crainte de ne pas pouvoir les écouler, surtout que d’importantes sommes d’argent en devises sont nécessaires pour les acheter à l’étranger, notamment de Chine, de Turquie et certains pays d’Europe, sans compter les frais de dédouanement.

A une époque pas lointaine, l’affluence était remarquable, notamment lors des vacances scolaires, des fêtes et même les week-ends, atteignant jusqu’à 100.000 clients les samedis et dimanches, et chacun trouvait chaussure à son pied à des prix compétitifs, s’est-il rappelé, relevant que la difficulté de la situation est accentuée par la consigne de fermeture à 18H00.

Il s’est, tout de même, dit favorable aux décisions des autorités compétentes et soucieux de respecter scrupuleusement les mesures préventives en vigueur, à savoir la mise à disposition de gel désinfectant à l’entrée du local, le port obligatoire du masque et le respect de la distanciation physique.

Le marché de «Koréa» est considéré comme la plus importante place commerçante au Maroc. Il a la réputation d’offrir aux clients un meilleur rapport qualité/prix et un spectre très large de produits, mêmes les plus improbables.

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