145.000 emplois gérés directement par les partis politiques et syndicats

Dans une récente édition, Mercados signale que les deux institutions comptent des travailleurs occupant dans leur majorité des postes d’emploi dans les différentes administrations publiques. Seule, une infime partie est affectée à leurs sièges. Le total des emplois qu’ils gèrent est l’équivalent du tiers des travailleurs de l’ensemble des sociétés de l’Ibex-35, l’indice sélectif de la Bourse de Madrid qui groupe les 35 grandes entreprises espagnoles.
Le volume des emplois aux mains des partis politiques et syndicats est supérieur, par exemple, à l’ensemble du personnel des six banques qui figurent dans l’Ibex-35 (Santander, BBVA, Caixabank, Popular, Sabadell et Bankinter).
Pour cette raison, il est vital pour les partis politiques, commente Mercados, de gagner les élections ou maintenir une base électorale qui leur permet d’avoir la capacité d’accorder des emplois à leurs militants hors du marché, non compétitifs ni provenant d’une activité génératrice de Produit Intérieur Brut (PIB). Ceci se justifie par le fait que les organisations politiques disposent d’un portefeuille d’emploi qui peut représenter au moins un demi-million de votes directs, y compris ceux des travailleurs et leur entourage familial et social. Depuis le début de la crise en 2007, se sont créés 11.900 nouveaux postes d’emploi par les partis politiques, rapporte Mercados.
Selon les données puisées dans l’Enquête sur la population active (EPA) du 3e trimestre de 2013, il existe 30.500 postes de travail aux pouvoirs exécutif et législatif occupés par des militants des partis politiques. La dimension de ce personnel est l’équivalent de ce dont disposent en Espagne les compagnies énergétiques Iberdrola, Endesa et Repsol. Ils sont présents aux gouvernements central de l’Etat, autonomes des régions et dans les municipalités, aux 19 chambres législatives actuelles en Espagne (Congrès des députés, Senat et les 17 parlements régionaux). Il y a également 8.116 maires.
Curieusement, relève la même source, le gouvernement ne communique pas des données complètes et détaillées sur ce personnel spécial comme s’il s’agissait d’un secret statistique. Pourtant, depuis le début de la crise, ce collectif de travailleurs se composant de 27.600 personnes est passé à 39.500 actuellement. «En réalité, ils vivent tous de l’argent public», soutient Mercados. Dans le détail, le Parti populaire (PP, au pouvoir) dispose de  435 emplois directs mais contrôle 33.000 salaires et plus de 60.000 conseillers, soit le double, par exemple, des travailleurs de la compagnie d’assurances Acciona. Le PP contrôle également 26.499 salaires de conseillers municipaux (en plus des 3.790 maires), soit l’équivalent du personnel de la multinationale espagnole Telefonica. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, opposition majoritaire) gère pour sa part 21.677 salaires de conseillers municipaux (en plus des 2.300 maires), un chiffre similaire à celui du personnel de l’entreprise Indra en Espagne, une compagnie globale de consulting, technologie, innovations et leader en solutions et services.
Outre ces chiffres, les partis politiques disposent de plus de 20.000 conseillers engagés directement comme personnel de confiance dans l’ensemble des administrations et institutions publiques. Ce chiffre est supérieur à celui des travailleurs de la compagnie aérienne IAG (Iberia). La majorité de cette caste de fonctionnaires est généralement formée des membres des familles des hommes politiques, militants ou sympathisants du parti politique. A ces chiffres, il faut ajouter 1.500 assistants et personnel assignés aux groupes parlementaires dans les différentes chambres législatives. Leur nombre dépasse celui du personnel d’Enagas, l’entreprise de distribution du gaz naturel.
«Cette fabrique d’emploi politique englobe aussi les travailleurs des fondations des partis politiques qui perçoivent un salaire public de la même manière que les responsables des entreprises publiques, agences publiques, fondations, consortiums, entreprises commerciales ou universités, soit un total de 11.000 postes», observe Mercados.
Selon des données rendues publiques, début nombre par la Cour des Comptes  au titre de 2011, les partis politiques ont consacré 91,3 millions d’euros au paiement des salaires de leurs employés, contre 81,2 millions d’euros en 2008 (au début de la crise économique). S’agissant des syndicats, il y a plus de 20.000 salaires versés au personnel assumant une activité en leur sein.
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