De grands progrès, mais il reste beaucoup à faire

4 février, Journée mondiale contre le cancer

Ouardirhi Abdelaziz

La Journée mondiale contre le cancer est un événement annuel, lancé par l’Union internationale contre le cancer (UICC) en collaboration avec l’OMS, qui invite les citoyens, les organisations et les institutions gouvernementales du monde entier à unir leurs efforts pour lutter contre l’épidémie mondiale du cancer.

Au Maroc, plus de 48.000 nouveaux cas de cancer ont été diagnostiqués en 2019. 65% des cancers diagnostiqués touchent les femmes contre 35% pour les hommes. Zoom sur une maladie qui se soigne.

A l’instar de la communauté internationale, le Maroc célèbre ce Jeudi 4 février 2021, la journée mondiale de lutte contre le cancer. Cet évènement vient nous rappeler si besoin est des effets dévastateurs de cette maladie, qui selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et  l’Union internationale contre le cancer (UICC) constitue la première cause de mortalité dans le monde.

Depuis sa création au début des années 2000, la journée du 4 février est devenue chaque année, un moment de mobilisation internationale contre le cancer où Etats, organisations, sociétés, patients, citoyens et bien d’autres entités sensibilisent le plus grand nombre sur les principaux enjeux de la lutte contre cette maladie.

Il faut savoir que le cancer est un réel problème de santé publique, que celui-ci constitue aujourd’hui, la première cause de mortalité dans le monde, bien avant les guerres et autres catastrophes naturelles. Il fait beaucoup moins parler de lui, mais il tue. Pourtant, il se soigne et l’intérêt de cette journée est aussi de faire prendre conscience de l’utilité d’un dépistage précoce permettant d’arriver à une guérison.

Le cancer en chiffres au niveau mondial

Cette année, quelque 19,3 millions de nouveaux cas de cancers ont été diagnostiqués et 10 millions de décès sont à déplorer des suites de cette maladie, selon des données publiées mardi par le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC).

Selon cette agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la recherche sur le cancer, la tumeur du sein figure parmi les cancers les plus fréquemment diagnostiqués. Ce type de cancer représente 11,7% des nouveaux cas rapportés dans la population mondiale en 2020.

Viennent ensuite le cancer du poumon (11,4%), le cancer colorectal (10%), le celui de la prostate (7,3%) et  de l’estomac (5,6%). Au total, les dix types de cancers les plus courants représentent plus de 60% des cas de cancer nouvellement diagnostiqués et plus de 70% des décès par cancer.

Mais c’est celui du poumon qui reste le plus fatal. Représentant 18% des cas de décès par cancer. La tumeur du poumon est la principale cause de décès. Ensuite vient le cancer colorectal (9,4%), du foie (8,3%), de l’estomac (7,7%), du sein (6,9%). A ce jour, le nombre de patients en rémission (ce que l’on appelle la prévalence après le diagnostic sur cinq ans) atteint 50,6 millions dans le monde. Mais selon l’OMS, une personne sur cinq souffrira d’un cancer dans sa vie. Un homme sur huit et une femme sur onze en décèderont.

Qu’en est-il au Maroc ?

S’agissant du Maroc, l’année 2019 a enregistré 48311 nouveaux cas de cancer, tous types confondus. Chez les femmes, le cancer dominant était celui du sein avec 10.414 nouveaux cas, avec un taux de 35,8 %, suivi du cancer du col de l’utérus puis de la thyroïde avec respectivement 11,2 % et 8,6 %. Pour les hommes, le cancer le plus observé reste celui des poumons à 22,8 %, suivi du cancer de la prostate à 12, 4% et du colorectal avec 7,8% de cas.

«Al Mard Lakhbit»

Pour bien comprendre le véritable sens que revêt pour nos concitoyens le cancer  ( Al mard khbit ) et avoir une idée sur la réalité que vivaient au jour le jour des milliers de malades atteints de cancer dans les années 60-70, il faut savoir qu’il n’y avait pas de médecins spécialistes en oncologie.

Il y avait un vide et le seul service qui existait à cette époque où étaient entassés ces malades, c’était le  centre de Bergonié. Celui-ci doit son nom au professeur  Jean Alban Bergonié (1857-1925), un des inventeurs et promoteurs des  centres de lutte contre le cancer en France. C’était un bâtiment lugubre, froid, sal, un mouroir où étaient installés celles et ceux pour lesquels la médecine des années 60 et 70 ne pouvait pas grand chose, une sorte d’anti chambre de la mort.

Aujourd’hui, les choses ont bien entendu changé. Elles sont mille fois mieux et ce, depuis l’avènement de la faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca en 1975. Mais encore plus grâce à la création de l’association Lalla Selma de prévention et de traitement et de recherche du cancer en 2005.  Depuis cette date, le visage du cancer a changé. Cette maladie est devenue comme une autre. Elle se soigne et des malades condamnés hier sont aujourd’hui sauvés.

Aujourd’hui, au moment où l’association Lalla Selma de lutte contre le cancer fête ses 16 ans d’existence, il nous sied de dire au regard du chemin parcouru et de grandes et nombreuses réalisations entreprises dans le domaine de la lutte contre le cancer, que ce qui hier encore semblait impossible est en passe de se réaliser aujourd’hui, grâce aux femmes et aux hommes qui s’impliquent quotidiennement dans cette lutte pour redonner de l’espoir à ceux qui sont atteints dans leur chair par ce mal .

Mieux vaut prévenir que guérir

Toutes les actions et les réalisations qui sont entreprises aujourd’hui par le Maroc dans le domaine de la lutte contre le cancer, sont de nature à réchauffer le cœur. Elles poussent à l’optimisme et donnent la possibilité d’entrevoir des lendemains meilleurs. Mais il faut également dire que le Maroc a pris énormément de retard dans le domaine de la lutte contre le cancer.

Fort Heureusement, que la sollicitude sans cesse renouvelée et exprimée par sa majesté le Roi Mohamed VI que Dieu l’assiste pour tous les malades, et en particuliers celles et ceux qui sont démunis et vulnérables, a toujours été constante pour assurer aux uns et aux autres une charge globale à ces patients et leur permettre de pouvoir être soignés correctement dans des structures adaptées par des professionnels de santé qualifiés.

Il est donc fini le temps où on baissait  les bras face à ce fléau, mettant tout sur le compte de la fatalité, du mektoub. Aujourd’hui, grâce aux grandes avancées scientifiques, à la haute technologie, aux nouvelles molécules, de très nombreux cancers peuvent être traités et des vies sauvées.

Mais plus encore, aujourd’hui, on dispose de connaissances étendues sur les causes du cancer, les interventions pour sa prévention et la prise en charge de la maladie. On peut réduire et endiguer ce dernier en appliquant des stratégies fondées sur des bases factuelles pour la prévention, le dépistage précoce et la prise en charge des patients. Avec une détection précoce et un traitement adéquat, les chances de guérison sont grandes pour de nombreuses personnes atteintes du cancer.

Concernant les facteurs de risques connus, il nous appartient à tous de lutter contre les principaux facteurs de risques. Il convient donc de ne pas fumer, de modérer sa consommation d’alcool, d’avoir une alimentation diversifiée et équilibrée, de surveiller son poids, de pratiquer une activité physique régulière et d’éviter l’exposition aux rayonnements des ultra-violets. Il est tout aussi important de se dépister ou de détecter précocement certains cancers. Le dépistage précoce constitue l’une des armes les plus efficaces contre le cancer du sein.

Détecté à un stade précoce, il peut non seulement être guéri dans plus de 90% des cas, mais aussi être soigné par des traitements moins agressifs, entraînant moins de séquelles pour les femmes.

Le train de la lutte contre le cancer est en marche, nous devons participer à cette marche qui permettra au Maroc de vaincre ce fléau dans les années à venir.

Ensemble c’est possible.

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