Les prévisions laissent présager une croissance autour de 3,5% en 2021

Interview avec la présidente de la BERD, Odile Renaud-Basso

Propos recueillis par Hicham Louraoui – MAP

La présidente de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), Odile Renaud-Basso, qui effectue sa première visite officielle au Maroc les 24 et 25 mai en format virtuel, a accordé une interview à la MAP sur la situation de l’économie nationale et ses perspectives d’évolution, ainsi que sur l’accompagnement du secteur privé durant la crise liée au nouveau coronavirus (Covid-19).

Quelle est votre analyse sur la résilience de l’économie marocaine et comment voyez-vous ses perspectives d’évolution ?

L’économie marocaine a été touchée par la crise du Covid-19. Elle a enregistré une forte récession en 2020 comme dans plusieurs pays. Cette récession a été de l’ordre de 7% et a été accompagnée par un choc lié aux mesures de confinement mises en place, ainsi qu’à une forte sécheresse.

Ainsi, plusieurs secteurs ont été pénalisés, comme celui du tourisme et du commerce extérieur (exportations et importations) avec les pays tiers, notamment les pays européens qui ont aussi connu une forte crise économique.
Ce qui est clair aujourd’hui, c’est que les indicateurs et les différentes prévisions économiques laissent présager un rebond de la croissance de l’ordre de 3,5% au minimum en 2021.

Cette croissance va être tirée par celle qui serait enregistrée par les principaux partenaires du Royaume, notamment l’Union européenne qui connaîtrait elle aussi la même dynamique de reprise.
Le rebond de l’économie marocaine profitera également d’une bonne saison agricole et de l’accélération de la campagne de vaccination contre le Covid-19, outre le niveau soutenu des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Cependant, il est nécessaire de prendre en compte également les risques qui pourraient survenir. Nous sommes dans une période marquée par l’incertitude au Maroc et ailleurs, en particulier avec l’évolution de la pandémie, des nouveaux variants, la réaction de l’activité touristique, la reprise des investissements etc.

Quid du secteur privé ? notamment avec le prolongement des offres de garantie (Damane Relance) et des mesures de soutien aux branches d’activité vulnérables?

Ces mesures, ainsi que le plan global de relance du gouvernement, ont permis au secteur privé de mieux résister à la crise et donc, de pouvoir jouer un rôle plus important, crucial même, dans la relance économique. Je pense que le gouvernement marocain a apporté un soutien important au secteur privé pour faire face à la baisse de l’activité et pouvoir tenir pendant cette période de crise.

La BERD, comme d’autres banques de développement, a augmenté significativement son activité au Maroc durant la crise du covid-19. Nous avons eu une année historique et ceci a, bien évidemment, permis de préserver le tissu économique, ce qui contribuera aujourd’hui à la facilitation du rebond économique.

Nous sommes intervenus par exemple via les institutions financières, afin de soutenir l’activité des petites et moyennes entreprises (PME). Nous avons également appuyé des établissements et entreprises publics qui ont fait face à des difficultés de trésorerie.

Justement, est-ce que la BERD envisage cette année de nouveaux programmes ou mesures en faveur des entreprises marocaines ?

Depuis notre installation au Maroc en 2012, le soutien au secteur privé est une priorité stratégique de la BERD. Nous accompagnons les entreprises marocaines, notamment les TPMEs, avec de l’assistance technique grâce à notre programme de Conseil aux PMEs, financé par l’Union Européenne.

Cette année, ce programme va se focaliser sur les TPMEs actives dans l’économie verte, le digital, les substitutions aux importations et qui sont inclusives. Avoir un conseil externe est souvent très utile pour développer, entre autres, la digitalisation de l’activité, savoir comment accéder au marché de l’export. C’est une activité très micro avec plus de 600 entreprises avec lesquelles nous intervenons.

Cette année, nous allons continuer à soutenir les entreprises directement, mais aussi via nos partenaires bancaires avec une nouvelle offre innovante de financements verts, puisque nous souhaitons fortement soutenir le Maroc dans sa transition énergétique.

Récemment, SM le Roi a lancé le projet de généralisation de la protection sociale. Comment, selon vous, ce chantier va-t-il contribuer à l’inclusion sociale et à l’intégration de l’informel ?

Le Maroc est en passe de devenir le premier pays africain à élargir la protection sociale à tous ses citoyens. Ce très important et véritable projet de société aura des effets directs et tangibles sur l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

Le projet offrira de nouvelles prestations de soins de santé aux travailleurs artisanaux marocains tels que les agriculteurs, les artisans et autres employés privés indépendants.

Dans le cadre de ce programme, le Maroc va ouvrir son secteur de la santé à l’investissement. Certains des défis auxquels le secteur de la santé est confronté seront relevés en l’ouvrant aux investissements étrangers et aux experts.
Nous estimons que le Maroc a actuellement besoin de 35.000 médecins et 57.000 infirmières supplémentaires pour se conformer aux normes de l’Organisation mondiale de la santé.

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