La Slovénie prend la présidence de l’UE

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

Après le Portugal et avant la France le 1er Janvier 2022, c’est, désormais, la Slovénie qui a pris, à compter de ce jeudi 1er Juillet 2021 et pour une durée de six mois, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Mais ce qui retient l’attention c’est que ce passage de témoin intervient dans un contexte assez tendu entre les institutions communautaires et le Premier ministre slovène Janez Jansa à propos du respect de l’Etat de droit car le gouvernement de Ljubljana a multiplié, ces derniers temps, les décisions visant la réduction de la liberté de la presse.

Autant de raisons pour lesquelles les 6 organisations internationales, dont « Reporters sans frontières », qui ont signé un mémorandum demandant le rétablissement de la liberté de la presse en Slovénie, redoutent fort que le gouvernement slovène ne profite de cette présidence pour entraver encore plus cette exigence.

Ex-journaliste dissident, ancien communiste devenu libéral puis ultra-conservateur, quand il est revenu au pouvoir en mars 2020, Janez Jansa a fait un incroyable virage populiste et ultralibéral lorsqu’il a officiellement déclaré la guerre aux médias de gauche, coupé les subventions à l’agence de presse nationale « STA » et accusé les juges d’être des « communistes » ayant fait main basse sur l’appareil judiciaire.

Mais, si la Commission européenne n’a pas encore lancé de procédure d’infraction contre la Slovénie pour ses entraves aux libertés, elle pourrait, cependant, le faire sous peu dans le cadre du nouveau parquet européen. Aussi, pour restreindre l’action de ce dernier et notamment son enquête sur l’usage des 2,5 milliards d’euros qui doivent être versés à Ljubljana dans le cadre du plan de relance, le gouvernement slovène n’a toujours pas désigné les deux procureurs nationaux qu’il doit y envoyer.

Vivement critiqué par Laura Kövesi, la Cheffe du parquet européen, le Premier ministre slovène a jugé comme étant « trop politiques » les propos tenus à son encontre par cette dernière mais promis, néanmoins, de nommer, au plus tard en automne, les magistrats qui siègeront au sein du parquet européen.

Déplorant la décision du gouvernement slovène de « couper les vivres » à l’agence de presse nationale « STA » au motif qu’elle emprunterait une voie qui va à l’encontre de la ligne politique suivie par le gouvernement de Ljubljana, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a appelé le 1er juillet dernier, Janez Jansa à « trouver une solution rapide ». Aussi, en regrettant « des complications totalement inutiles », le Premier ministre slovène a fait part de son intention de régler ce problème « bientôt ».

Pour rappel, lorsqu’au cours du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement européens qui s’était tenu à Bruxelles les 24 et 25 Juin derniers, les Vingt-Sept avaient longuement débattu de la loi hongroise sur « la protection de la famille » assimilant l’homosexualité à de la pédophilie, seuls les premiers ministres polonais et slovène avaient défendu Budapest.Mais si Janez Jansa avait été le plus virulent des deux, il y a lieu de rappeler que depuis son arrivée au pouvoir, en Mars 2020, ce dernier qui tient, sur Twitter, des propos tellement agressifs contre ses opposants politiques et contre les journalistes que certains l’ont affublé du surnom de « Maréchal Twitto » en référence à l’ancien dirigeant yougoslave durant les années communistes, n’a pas cessé de critiquer la Commission européenne et de dénoncer, avec force, la mainmise de Bruxelles sur la question migratoire.

Va-t-il profiter de sa « présidence » pour faire dévier, un tant soit peu, le Conseil européen de sa trajectoire initiale ? Rien n’indique qu’il ne tentera pas même s’il n’a pratiquement aucune chance de réussir mais attendons pour voir…

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