Consommation
Le constat est alarmant : la flambée vertigineuse des prix des denrées alimentaires plombe le pouvoir d’achat des ménages marocains. Une situation inquiétante qui interpelle fortement le futur gouvernement, censé prendre des mesures immédiates et concrètes pour lutter contre la cherté de la vie et maintenir, par conséquent, le pouvoir d’achat des citoyens. Cela étant, les familles peinent à subvenir à leurs besoins en n’arrivent point à arrondir les fins de mois. D’ailleurs, c’est ce qui explique leur recoure massive à l’emprunt.
Inutile de rappeler dans ce sens le rapport établi par la banque centrale du Royaume 2020 portant sur la stabilité financière en 2020, en attirant l’attention sur l’encours de la dette des ménages. Une dette qui représente 34% du PIB, en s’élevant à 369 MMDH, soit une augmentation de 2,9% par rapport à l’année 2019.
Il y a quelques jours, la Fédération nationale des associations du consommateur (FNAC) a dénoncé le silence du gouvernement sur le phénomène de l’augmentation abusive des produits alimentaires. Ladite association a appelé les autorités compétentes à renforcer les opérations de contrôle et veiller à l’application stricte de la loi portant sur la protection du consommateur.
Contacté par Al Bayane, Ouadie Madih, président de la FNAC a considéré que ces augmentations des prix ont eu lieu dans un contexte inapproprié, marqué par les effets néfastes de la crise sanitaire, ce qui a affecté négativement le monde du travail et par conséquent, le revenu de plusieurs ménages.
Notre interlocuteur a souligné que les hausses des prix ont été effectuées en catimini, soit à un moment où les citoyens ont été préoccupés par le processus électoral. Pour lui, il est certes que l’Etat a inscrit son action dans une politique économique basée sur l’offre et la demande et le principe de la liberté des prix, mais cela ne le dégage pas de ses responsabilités. Pour ce faire, le Conseil de concurrence, doit veiller à l’application de loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence, que ce soit pour lutter contre les pratiques anticoncurrentielles ou le stockage clandestin, entre autres, a déclaré en substance Ouadie Madih. Le but escompté consiste à « opérationnaliser les mécanismes de contrôle, instaurer la transparence dans le marché et protéger le consommateur, a-t-il insisté.
Abondant dans le même ordre d’idées, le président de la FNAC a évoqué également la loi n°31-08, qui oblige les fournisseurs à se conformer aux normes de transparence et fournir au consommateur tous les renseignements nécessaires pour « lui permettre de faire un choix rationnel, compte tenu de ses besoins et de ses moyens. » Le militant des droits de consommateurs a soulevé dans ce sens la cupidité de certains commerçants qui ont procédé à une augmentation excessive des prix. A titre d’exemple, le prix du pain à la farine de blé dur est passé de 1,50 DH à 2DH l’unité. Selon lui, les boulangers justifient cette augmentation par la hausse du prix de blé dur, soit 3 DH par le kilogramme. Mais, si l’on admet que l’unité de pain de blé dur contenant 100 g, un simple calcul de coût de la production, nous montre que le bénéfice net des boulangers avoisine 5DH pour chaque kilogramme, a-t-il expliqué. « Ces pratiques relèvent de l’incivilité pur jus », a-t-il martelé. Autre point non moins important, a-t-il affirmé, celui du non-affichage des prix par la majorité des commerçants qui font fi de la loi et mettent le consommateur dans une situation embarrassante. En termes plus clairs, l’Etat a failli à ses responsabilités et ne remplit point son rôle pour mettre un terme aux pratiques frauduleuses », a-t-il conclu.
Khalid Darfaf