Obligation du pass vaccinal aux tribunaux
L’association des barreaux du Maroc revient à la charge, en faisant clairement signifier au ministère de la Justice, au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et à la présidence du ministère public, qu’elle n’est pas l’avocat du diable au sujet de l’obligation du pass vaccinal pour accéder aux tribunaux. Dans un communiqué rendu public samedi, les avocats du Maroc, qui appellent à un dialogue sérieux et responsable pour aboutir au dénouement de la crise, rejettent toujours le pass vaccinal, adopté en octobre par le gouvernement et mis en application dans les différents tribunaux du pays à partir du 20 décembre.
Pour défendre leur cause, leur association a fait savoir que d’autres formes de protestation seront suivies, appelant les porteurs de la toge noire à adhérer au mouvement de protestation. A ce propos, ils se réfèrent au respect de la Constitution de l’année 2011, la consécration de la primauté du droit et son inviolabilité, soulignant les conditions du droit à un procès équitable et les libertés consacrées par la Constitution et la loi.
Le communiqué a été rendu public vint-quatre heures après le sit-in observé, vendredi, devant la cour de cassation à Rabat par l’ensemble des avocats du Maroc à l’appel de l’association des barreaux du Maroc et de la fédération des associations des jeunes avocats. D’autres métiers de la justice, notamment les secrétaires greffiers, les huissiers et les adouls ont pris fait et cause pour les revendications des toges noires. Ce qui risque de paralyser complètement les tribunaux du pays pendant les derniers jours de cette année 2021.
La circulaire contestée, rappelle-t-on, a été mise en application selon les lois d’Etat d’urgence sanitaire, notamment l’article 3 du décret-loi n° 2-20-292 du 23 mars 2020 qui donne au gouvernement la possibilité de prendre «toutes les mesures nécessaires qu’exige cet état d’urgence sanitaire, et ce par des décrets, décisions réglementaires et administratives ou par des circulaires et avis, en vue d’assurer une intervention immédiate et urgente afin d’empêcher l’évolution épidémique de la maladie et de mobiliser tous les moyens disponibles permettant la protection de la vie des personnes et la garantie de leur sécurité».
Quoi qu’il en soit, le bras de fer entre les deux parties s’intensifie. Et les avocats auraient l’air de répliquer à leur ancien collègue l’adage selon lequel «il n’y a pas de meilleur avocat…que soi-même».Ils plaident avec leur toge noire pour donner l’image d’une justice solide et constante et légitimité à la défense, et manifestent avec leur toge noire afin de préserver leurs droits et leurs raisons historiques et symboliques.
Belkassem Amenzou