One Ocean Summit
La France accueille, à partir de mercredi et pour trois jours, le premier sommet mondial de l’océan, le « One Ocean Summit », destiné à mobiliser la communauté internationale pour agir concrètement face aux menaces pesant sur les océans.
Cet événement international, organisé dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, avec le soutien des Nations Unies et la Banque Mondiale, réunira scientifiques, ONG, politiques et entrepreneurs, avec l’espoir de donner un coup d’accélérateur à l’agenda international des enjeux maritimes.
Il donnera, selon l’exécutif français, une « impulsion politique forte » à l’agenda européen et international des enjeux maritimes, en particulier pour faire aboutir les négociations multilatérales qui impactent l’Océan et nourrir la conférence « United Nations Ocean », prévue fin juin 2022 à Lisbonne.
Il permettra aussi de partager les connaissances et de croiser les approches, notamment en intégrant le changement climatique, afin de mieux anticiper les crises océaniques ainsi que les transformations technologiques, scientifiques et environnementales.
L’océan couvre plus de 70 % de la surface de la planète mais reste cependant trop souvent en marge des grands rendez-vous de l’agenda international et européen.
Régulateur des grands équilibres environnementaux et en particulier du climat, pourvoyeur de riches ressources de toute nature, vecteur majeur d’échanges économiques, lien essentiel entre pays et communautés humaines, l’Océan est aujourd’hui menacé par de nombreuses pressions comme les effets du changement climatique, les pollutions et notamment celles dues au plastique, et la surexploitation des ressources marines.
Selon ses initiateurs, le One Ocean Summit a pour objectif de « relever le niveau d’ambition de la communauté internationale sur les sujets maritimes et de traduire en actions concrètes notre responsabilité partagée sur l’Océan ».
Le Sommet sera marqué par une trentaine d’évènements, ateliers, forums, évènements, rencontres et initiatives qui se tiendront, sous format virtuel ou en présentiel, en amont d’un segment de haut niveau qui réunira, vendredi, une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, autour du président français Emmanuel Macron.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Charles Michel, et la Directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay, sont également annoncés à ce segment de haut niveau.
Le programme du sommet couvrira une multitude de thèmes de portée globale pour aborder l’océan dans toutes ses dimensions et porter, en plus des constats déjà faits, des solutions. Ainsi, plusieurs initiatives importantes seront lancées, lors de cet évènement, pour la protection des écosystèmes marins et la pêche durable, la lutte contre les pollutions, notamment plastique, la réponse aux effets du changement climatique comme pour promouvoir une meilleure gouvernance des océans.
Les ONG environnementales espèrent de leur côté des annonces qui soient « fortes », tout en regrettant que des questions aussi essentielles que la surpêche ne soient pas à l’ordre du jour.
Lundi, un collectif de 19 ONG œuvrant pour la protection des écosystèmes marins ont appelé, dans une tribune au « Monde », les dirigeants du monde à acter urgemment des « avancées significatives » pour la santé des océans.
Selon le collectif, ces dernières décennies, les progrès en matière de conservation marine n’ont pas été à la hauteur des enjeux. « Alors que le changement climatique menace l’ensemble des écosystèmes, seulement 2,8 % de la surface de l’océan est à ce jour véritablement protégée des effets de la pêche. L’exploitation minière en eaux profondes semble imminente, la pêche industrielle continue d’être fortement subventionnée par les gouvernements et les plastiques sont devenus omniprésents dans les eaux du globe ».
Face à ce constat, le collectif demande que les chefs d’État participant au « One Ocean Summit » s’engagent sur des mesures concrètes, comme la mise en place d’un moratoire sur l’exploitation minière en eaux profondes.
Le collectif souhaite aussi que les décideurs renforcent leur engagement pour un objectif mondial de protection « forte » d’au moins 30% des habitats marins d’ici à 2030.
Les ONGs environnementales attendent également que les chefs d’État, réunis dans la ville française de Brest, démontrent que « la mise en œuvre de l’objectif de 30% en 2030 commence dès à présent, en pleine concertation avec les usagers et les communautés locales, et avec les ressources financières adaptées ».
A l’adresse du gouvernement français, le collectif dit espérer que Paris annoncera de nouvelles zones de protection forte, très attendues dans les terres australes, notamment dans les îles Saint-Paul et Amsterdam, ainsi qu’en Polynésie française. « Nous attendons également que des projets de protection forte soient lancés dans les eaux de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée, où le retard français est criant ».
Au niveau global, de 1 % à 2 % seulement des eaux internationales sont protégées, alors qu’elles représentent 64 % de l’océan mondial. Afin d’améliorer la gestion de ces eaux, aussi appelées « haute mer », les Nations unies se sont engagées à négocier un traité international, qui doit être finalisé lors d’une conférence organisée du 27 juin au 1er juillet.
« La France et les chefs d’État présents à Brest doivent exprimer leur soutien entier à la conclusion d’un traité fort, ambitieux et juridiquement contraignant pour les eaux internationales en 2022 », estime le collectif.