Khalid Zerouali, Wali directeur de la Migration et de la Surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur
La gouvernance migratoire du Maroc est structurée par une « logique humaniste », mais malheureusement pervertie par les actions criminelles des réseaux de trafic, a affirmé, dimanche à Rabat, le Wali directeur de la Migration et de la Surveillance des frontières au ministère de l’Intérieur, M. Khalid Zerouali.
« La vision du Royaume de la question migratoire est porteuse d’une sensibilité passionnelle car ses enjeux, au-delà de la mobilité, intègrent un paradigme cardinal centré autour de l’Être humain dans la sacralité de ses droits fondamentaux », a souligné M. Zerouali lors d’une rencontre sur la question migratoire ayant réuni des responsables du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger et du ministère de l’Intérieur et les ambassadeurs et représentants du corps diplomatique africain accrédité au Maroc.
C’est cette logique « humaniste » qui structure aujourd’hui la gouvernance migratoire au Maroc autour de la Stratégie nationale d’immigration et d’asile (SNIA), initiée en 2013 et qui a consacré cette approche solidaire et inclusive inscrite dans la continuité de la vocation éminemment africaine du Royaume, a-t-il dit.
Malheureusement, a déploré M. Zerouali, « cette dimension noble et vertueuse de la migration est pervertie par les actions criminelles des réseaux de trafic, qui exploitent la vulnérabilité des victimes et les poussent dans des aventures dangereuses et meurtrières », faisant observer que ces réseaux usent de stratagèmes d’une grande violence, notamment lors des assauts planifiés « de façon quasi-militaire, avec des assaillants aux profils de miliciens et d’anciens militaires issus de pays déstabilisés par la guerre et les conflits ».
Notant que la SNIA est une initiative inédite au niveau régional, il a aussi rappelé deux actions fortes ayant consolidé la dimension continentale de la migration, en l’occurrence l’Observatoire Africain de la migration et l’Agenda africain de la migration, relevant que, dans le cadre de la SNIA, plus de 50.000 ressortissants de pays africains frères et amis ont été régularisés et ont vu leur situation administrative assainie.
Il a noté que les personnes régularisées ont bénéficié également d’un plan national d’intégration leur permettant d’accéder pleinement aux services sociaux, éducatifs, médicaux, économiques et ce, à l’instar des nationaux, relevant que la dimension humaniste de la gestion migratoire au Maroc se traduit également par les retours volontaires mis à disposition des migrants qui souhaitent retourner vers leurs pays d’origine dans le plein respect de leurs droits et dignité.
Ainsi, depuis 2018, plus de 8.100 ressortissants africains ont bénéficié de ces retours volontaires organisés et financés par le ministère de l’Intérieur aussi bien par voie aérienne que terrestre, a-t-il souligné, ajoutant qu’avec l’OIM, le programme de retour volontaire marche bien avec environ 2.400 personnes retournés en 2021 et plus de 1.100 en 2020.
Soucieux de conforter davantage la gestion humanisée des frontières, le Maroc a adopté en 2020 un référentiel de procédures standards pour un système d’orientation et de prise en charge des migrants secourus en Mer ou appréhendés au niveau des frontières, a-t-il fait savoir.
Qualifiant ce qui s’est passé, vendredi dernier au niveau de Nador, de « véritable drame que nous déplorons », il a indiqué que les autorités marocaines mènent, contre ces réseaux de trafic, une lutte sans merci avec plus de 1.300 réseaux démantelés les cinq dernières années (256 en 2021 et 100 jusqu’à mai 2022).
M. Zerouali a précisé que plus de 145 assauts ont été repoussés autour des présides de Sebta et Mellilia depuis 2016 (50 en 2021 et 12 jusqu’à mai 2022), assurant que plusieurs éléments des forces de l’ordre, qui ont toujours agi avec professionnalisme et dans le respect total des lois et des règlements, sont blessés au cours de ces assauts.
De même, a-t-il ajouté, plus de 360.000 tentatives d’émigration irrégulière ont été avortées depuis 2017 (63.000 en 2021 et 26.000 jusqu’à mai 2022).
M. Zerouali a aussi fait remarquer que l’environnement régional, le contexte post-Covid, la guerre en Ukraine et la crise alimentaire qui se profile exacerbent le défi migratoire et nécessite plus que jamais des actions concrètes en termes de solidarité agissante et d’appuis pluriels.
Assurant que le Maroc est également prêt à coopérer pleinement avec ses amis et frères africains à travers l’échange d’expertises et la formation croisées, M. Zerouali a affirmé que « les pays du Nord doivent privilégier un prisme équilibré dans leur approche qui ne doit pas être imprégnée du tout sécuritaire, mais basée sur des solutions structurelles autour du développement durable des pays d’origine et de l’encouragement de la mobilité légale entre les deux rives ».