Les multiples dimensions de l’exploit sportif marocain

Abderrazak EL AKARI

L’exploit inédit réalisé par l’équipe nationale marocaine de football, à la Coupe du monde Qatar 2022, en accédant au carré magique, pour la première fois de son histoire, et en éliminant dans son sillage des équipes fortes, a créé une euphorie et un sentiment de fierté chez les différentes couches sociales des pays arabo-musulmans. À cet égard, un débat public a été également suscité autour des raisons qui sont à l’origine de cette prouesse, en s’interrogeant ; comment le Maroc, un pays en voie de développement, a pu atteindre ce niveau exceptionnel ?

En effet, l’exploit sportif de haut niveau peut être défini comme étant l’ensemble des opérations permettant d’apprécier les possibilités maximales d’un accomplissement sportif d’un individu à un moment donné. C’est une performance sportive maximale qui peut s’exprimer sous forme d’un classement, d’une distance, d’un temps, etc. lors d’une compétition sportive.

À rappeler que pendant longtemps, l’exploit sportif a constitué l’une des valeurs essentielles de la pratique sportive, pour preuve les Jeux olympiques ont toujours adopté les trois devises suivantes : Citius, altius, fortius. 

Néanmoins, pour atteindre l’idéal olympique, il est impératif d’assurer la combinaison d’un ensemble de facteurs qui déterminent la performance sportive de haut niveau.

D’abord, le facteur physique, lequel consiste à mobiliser toutes ses aptitudes physiologiques et musculaires pour arriver à se surpasser et à optimiser ses capacités énergétiques.

Aussi, les facteurs technico-tactiques, qui constituent un niveau avancé reflétant la beauté du sport, notamment la capacité et la rapidité d’analyse, la prise de décision, la gestion du temps, la connaissance de l’adversaire et de ses faiblesses. Et puis, il y a le facteur mental, un axe fortement sollicité par les entraîneurs pour créer un stimulus interne pour l’athlète afin de surmonter les obstacles rencontrés. Dans le même ordre d’idées, les coaches sollicitent la dimension axiologique, qui se manifeste par l’adoption de valeurs communes par les membres de l’équipe, telles que l’esprit d’équipe, la synergie, la discipline, la coopération, et…

D’autres facteurs sont jugés indispensables pour la réussite sportive, notamment ceux qui s’attachent aux conditions médicale, sociale et environnementale.

Ainsi, au regard de ces conditions ci-dessus décrites la question qui se pose avec acuité est de savoir comment l’entraîneur national, dans un laps de temps, ne dépassant pas 82 jours a pu réaliser cet exploit historique ?

À reconnaître, que la grande majorité des sélections mondiales ont une parfaite connaissance de l’ensemble de ces facteurs, même elles recourent à des technologies de pointe, pourtant leurs prestations durant cette édition de la coupe du monde ont été peu satisfaisantes.

Divers spécialistes, ont pu identifier le recours du coach marocain à la dimension axiologique. À cet effet, et contrairement aux déclarations des autres entraineurs, en soulevant toujours des arguments d’ordre technico-tactique, walid regragui n’a cessé, lors des conférences de presse, d’invoquer les recettes suivantes :

  • Dir nia (fais confiance)
  • Rdat loulidin (bénédiction des parents)
  • Sir, sir (toujours allez en avant)
  • Le maillot national est pour celui qui le mérite (valoriser la compétence et la méritocratie)
  • Pourquoi ne pas rêver d’aller plus loin (lever la barre ci-haut)
  • Nous voulons réjouir ce peuple…

Apparemment, ces nouveaux concepts vont intégrer les manuels enseignés aux instituts spécialisés autour de la performance sportive de haut niveau.

Cependant, la question qui nous taraude l’esprit, est de savoir quelles sont les voies à emprunter pour pouvoir en tirer profit et les utiliser à bon escient, en vue de rendre le sport réellement un levier du développement durable pour le pays ?


[1] Professeur-chercheur en management des organisations

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