Paiement mobile
Si l’infrastructure du paiement mobile est bel et bien là, l’écosystème semble ne pas être à la hauteur des ambitions du Maroc. Des freins persistent quant à une généralisation optimale de ce dispositif de paiement dématérialisé et pour lequel les instances concernées ne baissent pas les bras pour accélérer son adoption.
L’on compte déjà 7,5 millions de wallets, un chiffre rassurant sur le plan technique, accompagné d’une nette progression tant au niveau de l’encours global des M-Wallets émis par les établissements bancaires et de paiement que du nombre de transactions entre 2020 et 2021.
D’après la dernière édition du rapport annuel de la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF), l’encours global des M-Wallets émis par les établissements bancaires et de paiement est passé de 2,44 millions à fin 2020 à 6,3 millions à fin 2021, soit une nette progression de 158%.
De son côté, le nombre de transactions effectuées par M-wallet s’est établi à 4,9 millions contre 1,4 million d’opérations enregistrées en 2020 pour un montant total de 1,1 milliard de dirhams, contre 443 millions de dirhams en 2020.
Toutefois, ces progressions au niveau des transactions ne reflètent pas un large déploiement de ce mode de paiement qui reste majoritairement réservé au paiement des factures.
Or, le Maroc voit grand quant à la généralisation voire la popularisation du paiement mobile eu égard à ses avantages tant en termes d’inclusion financière que de rationalisation des coûts ou encore d’amélioration de la gestion fiscale.
Dans une déclaration à la MAP, Abdelbasset Mohandis, Expert-comptable (CPA), Commissaire aux comptes a relevé plusieurs freins qui empêchent le décollage du paiement mobile. Tout d’abord, il y a souvent des coûts associés à l’utilisation du paiement mobile, tels que la cherté des frais de transaction ou des frais de service, qui peuvent être un frein pour certains utilisateurs (surtout les personnes à faible revenu).
De plus, il y a souvent des barrières technologiques ou culturelles à l’adoption du paiement mobile, notamment en raison de la nécessité de posséder un téléphone portable ou d’avoir accès à Internet. Enfin, il peut y avoir des préoccupations en matière de protection de la vie privée et de sécurité des données qui peuvent freiner l’adoption du paiement mobile, a expliqué M. Mohandis.
Evoquant les avantages du paiement mobile, ce moyen de paiement qui, à l’aide d’un objet connecté (téléphone portable, smartphone ou tablette …), permet d’effectuer un paiement, M. Mohandis a noté la démocratisation de l’accès aux services financiers pour les personnes qui n’ont pas accès aux services bancaires traditionnels ou qui vivent dans des zones isolées.
Le paiement mobile peut également être utilisé pour faciliter les transactions commerciales et améliorer l’efficacité des systèmes de paiement, ou encore pour améliorer la transparence et la sécurité des transactions financières, ce qui peut aider à lutter contre l’évasion fiscale et à promouvoir la conformité en matière d’impôts, a-t-il ajouté.
Eu égard à l’importance de ce chantier et de son rôle dans la réalisation de l’inclusion financière, Bank Al-Maghrib (BAM) a mis en place, en collaboration avec l’écosystème du paiement mobile, une stratégie de communication institutionnelle visant l’accompagnement de la mise en œuvre de ce mode de paiement.
Cette stratégie a pour objectifs d’asseoir la crédibilité de ce nouveau moyen de paiement et la confiance du public pour son utilisation, vulgariser les usages du paiement mobile et promouvoir le nom de la marque « MarocPay » auprès du grand public.
Ces efforts de sensibilisation et d’acculturation au paiement mobile s’avèrent nécessaires pour réussir sa popularisation et élargir son champ d’application en permettant à un maximum de Marocains de switcher sur leurs téléphone pour effectuer des paiements.