Le temps est à l’urgence d’actions concrètes

Obésité

Ouardirhi Abdelaziz

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (l’OMS), l’obésité et le surpoids sont définis par une accumulation excessive ou anormale de graisse présente dans le corps. Ce sont des conséquences multifactorielles puisque, de nos jours, notre alimentation est déséquilibrée, le mode de vie est devenu frénétique, stressant. L’inactivité physique et la sédentarité sont omniprésentes et les comportements alimentaires sont compulsifs.

Qu’en est-il de l’obésité infantile au Maroc ?

Les changements de notre mode de vie pointés du doigt

L’obésité est définie comme un excès de poids, dû à un excès de masse grasse, pouvant entrainer des conséquences néfastes pour la santé. Son développement pandémique n’épargne aucun pays, la progression la plus préoccupante, selon l’OMS, étant observée dans les pays en voie de développement. Le Maroc n’est pas épargné par ces changements, il est même très concerné par le surpoids et l’obésité de notre population, qui vit à un rythme trépident.

Tout change, à grande vitesse, fini le temps de la cuisine méditerranéenne sur le charbon de bois, fini les tagines avec plein de légumes, les repas pris en famille. Notre société change, tout va   vite, extrêmement vite. C’est vrai, nous constatons que notre société enregistre de nombreux changements. Les femmes sont plus nombreuses à travailler, les enfants sont confiés aux crèches à 2 ou 3 mois. Les bébés sont mis au biberon dès leur naissance ……

Les citoyens faute de temps, sont très nombreux à manger à l’extérieur. Les comportements de consommation consistant à avaler debout un sandwich, dans un snack ou mahlaba spécialistes de la restauration rapide, ont pour effet la réduction de l’activité physique avec une tendance à la sédentarisation, entrainent le gain de poids et l’obésité.

Surpoids et l’obésité : qu’en est-il au Maroc ?

Au Maroc, l’obésité augmente de façon alarmante, à raison de 30% par rapport à l’année 2000.

Une récente étude menée par le ministère de la Santé démontre que plus de 20% de la population marocaine est en surpoids ou souffre d’obésité. Près de 4 millions de marocains seraient même en situation d’obésité morbide. Des chiffres alarmants présentés lors de la 16ème édition d’officine expo, un salon dédié aux professionnels du médicament, qui a eu lieu les 1er et 2 mars 2019 à Marrakech.

Ce qui nous interpelle à plus d’un titre, c’est qu’au Maroc, 46% de la population risque d’être en surpoids ou obèse d’ici 2035, selon la World Obesity Federation, qui alerte sur un risque très élevé.

La prévalence de l’obésité dans le pays devrait ainsi enregistrer une progression annuelle de 2,7% entre 2020 et 2035.

Conscient de l’ampleur du problème, le ministère de la Santé a élaboré, dans le cadre de la prévention de l’obésité, le Plan Opérationnel de Prévention et de Lutte Contre le Surpoids et I ’obésité. Il a par ailleurs intégré la lutte contre l’obésité dans la stratégie nationale multisectorielle de prévention et de contrôle des maladies non transmissibles comme facteur de risque et a proposé des recommandations ainsi que des outils pour la mise en œuvre de cette stratégie.

Qui du surpoids et de l’obésité infantile

La fréquence du surpoids et de l’obésité augmente de façon très rapide, notamment chez les enfants, devenant ainsi un problème majeur de santé publique à l’échelle mondial.  Le Maroc n’est pas épargné par le phénomène d′obésité infantile. Bien au contraire, le nombre d’enfants en surpoids ou obèses est visible. Il suffit de bien regarder les enfants qui jouent sur les plages pour se rendre compte de cette réalité.

Les chiffres de l’obésité et du surpoids des enfants au niveau mondial  

Le nombre d’enfants de moins de 5 ans en surpoids a connu une hausse de 26% entre 2000 et 2019, passant de 30,3 millions à 38,3 millions. Le surpoids connaît une augmentation considérable dans les régions suivantes : Asie de l’est et pacifique (32%), Amérique du nord (35%), Europe de l’est et Asie centrale (44%) et Moyen-Orient et Afrique du nord (64%). Le taux d’enfants de 5 à 19 ans en surpoids a augmenté de 8% entre 2000 et 2016.

Qu’en est-il au Maroc ?

Concernant l’obésité infantile au Maroc, il y a lieu d’être vigilant, de tirer la sonnette d’alarme car l’obésité menace les générations futures.  

Si on se réfère aux résultats d’une étude menée par la revue médicale britannique «The Lancet » et l’OMS en 2016, nous apprenons qu’un enfant et un adolescent marocain sur dix sont touchés par le fléau de l’obésité. Selon ce rapport, l’obésité toucherait 10,3% des garçons et 9,9% des filles de 5 à 19 ans.

C’est inquiétant car ces chiffres datent de 2016, ils  sont à revoir à la hausse. De ce fait la courbe du surpoids et de l’obésité chez les enfants au Maroc est exponentielle avec des conséquences parfois graves.

Les causes du surpoids et de l’obésité chez les enfants

Des prédispositions génétiques

Un enfant peut être prédisposé au surpoids si sa mère était en surpoids ou souffrait de diabète gestationnel durant la grossesse. L’obésité et le surpoids des enfants peuvent également provenir d’une maladie génétique ou endocrinienne.

Alimentation trop riche en calories ou trop abondante

Le surpoids et l’obésité de l’enfant sont principalement expliqués par une augmentation des apports alimentaires inadaptés à l’enfant.

En effet, une alimentation trop riche en aliments gras et sucrés, ou gras et salés, est la principale cause du déséquilibre alimentaire. Ce déséquilibre est une des causes du surpoids et de l’obésité chez l’enfant. La facilité d’accès à ces aliments (sucreries, sodas, biscuits, chips, charcuterie,…) et toute la publicité qui est aujourd’hui faites autour de ces produits, peuvent influencer les comportements alimentaires des enfants, mais aussi des parents.

La sédentarité

Le manque d’exercice peut être un facteur important de surpoids chez les enfants. L’activité physique entraîne en effet une dépense énergétique qui s’équilibre avec les apports nutritionnels. L’augmentation de la sédentarité s’explique par plusieurs facteurs. Il peut s’agir de mauvaises habitudes de vie ou d’une absence d’espaces extérieurs, l’augmentation de l’urbanisation favorisant l’installation des familles en appartement, les enfants n’ont d’autres activités que celles de regarder la télévision, jouer à une console de jeux ou sur un ordinateur, utiliser leur téléphone portable….  

Au cours de ces activités sédentaires, les enfants ne bougent pas, ne dépensent pas d’énergie et ont tendance à grignoter des biscuits, des chips ou des cacahouètes salés. Le fait d’être inactif entraîne une augmentation de la masse grasse et favorise le surpoids.  

Le manque de sommeil

Les risques d’apparition de surpoids chez l’enfant sont plus importants lorsque celui-ci manque de sommeil. Des études ont démontré que les risques de surpoids semblent accrus chez les enfants qui ne dorment pas assez. En effet, l’organisme de ces enfants produit moins d’hormones régulant l’appétit, et la sensation de satiété

fabriquée pendant le sommeil.

Il faut aussi ajouter que les troubles du sommeil trouvent bien souvent leur origine dans un manque d’activité physique et l’exposition aux écrans, une réalité que les parents connaissent très bien.

La prise de certains médicaments

La prise de poids est un effet secondaire de certains médicaments. Il s’agit notamment de traitements antiépileptiques, de psychotropes ou de corticoïdes.

Les conséquences de l’obésité et du surpoids chez les enfants

L’obésité et le surpoids des enfants peuvent avoir des répercussions tout au long de la vie de la personne. Les enfants en surpoids sont plus susceptibles de devenir obèses et de connaître des troubles comportementaux et émotionnels pendant leur jeunesse : stigmatisation, manque de confiance en soi, troubles de santé mentale (dépression, par exemple), etc. À l’âge adulte, ils peuvent ensuite développer des maladies non transmissibles. Il peut s’agir du diabète de type 2 ou de maladies cardiovasculaires, premières causes mondiales de mortalité.

Que faire si son enfant est en surpoids ou obèse?

C’est une question très importante, et nombreux sont les parents qui ne savent quoi faire, ni où donner de la tête.

Notre conseil à ce niveau consiste à vous orienter vers votre pédiatre. Il est le mieux informé sur l’état de santé de votre enfant, puisqu’il l’a suivi pendant longtemps, en tout cas suffisamment pour vous aider.

La prise en charge peut être multidisciplinaire avec la présence et le suivi d’un médecin nutritionniste, qui s’occupera du volet relatif à l’alimentation de l’enfant. Il n’est pas dit que l’on va tout interdire, mais il s’agit d’élaborer un régime équilibré, basé sur le bon sens pour l’essentiel. L’objectif n’est pas de perdre du poids, mais de ne pas grossir davantage.

Ces deux professionnels de la santé feront un suivi très régulier de votre enfant, en prenant en compte l’alimentation, l’activité physique, les aspects psychologiques…

Mais, il faut souligner ici que cette approche thérapeutique nécessite l’implication effective des parents et l’adhésion de l’enfant.

Encourager la pratique d’un sport

Idéalement, il faudrait faire une heure d’activité physique par jour. Ce qui ne signifie pas forcément faire une heure de sport tous les jours. Les enfants peuvent, par exemple, aller à l’école à pied, si la distance est raisonnable. Plutôt que de prendre l’ascenseur, mieux vaut emprunter les escaliers. Globalement, l’idée c’est de parvenir à changer son mode de vie.

Bon savoir

L’excès de poids est décelé en fonction de l’IMC (indice de masse corporel) calculé en divisant son poids par sa taille au carré. Par exemple, si votre enfant pèse 48 kilos et qu’il mesure 1,55, son IMC sera de 20 (48/1,55×1,55). Cet indice est dans la normalité. Un enfant est considéré en surpoids si son IMC dépasse 25. On parle d’obésité si cet indice de masse corporel dépasse 30. 

Pour l’adulte, l’OMS définit le surpoids et l’obésité comme suit :

Il y a surpoids quand l’IMC est égal ou supérieur à 25; et

il’il y a obésité quand l’IMC est égal ou supérieur à 30.

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