L’bouffa, le Crack des pauvres, s’empare des jeunes !

Enquête exclusive

Oussama Zidouhia

Le crack est une forme cristallisée bien plus puissante que la cocaïne en poudre. Souvent fumée plutôt qu’inhalée ou injectée, la fabrication de ce qu’on appel au Maroc « pouffa » implique la transformation de la poudre en une substance solide en utilisant de l’ammoniac ou du bicarbonate. Cette mixture rend le produit fini plus facilement vaporisable pour être absorbé par les poumons lorsqu’elle est fumée.

Contrairement à ce qui a pu paraitre dans plusieurs articles de presse au Maroc, le Crack ne se vend pas à 50 dh le gramme mais à un prix oscillant entre 500 et 1200 dhs, en fonction de la pureté du produit. A Casablanca, ville où cette drogue fait ravage, on retrouve des acheteurs et vendeurs un peu partout, notamment à al Bhira (ancienne medina), Derb Kebir, Bourgogne, et surtout Deroua, bourgade casablancaise faisant partie de la province de Berrechid. Les dealers opèrent  en un groupe (guichet ou « merrara en darija»), suivant le modèle des cartels de l’Amérique du sud… Immersion dans un univers en marge de la société.

Il faut savoir que les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent même se permettre l’achat du produit déjà transformé en pierres pour 200 dhs le sachet, ce qui est l’équivalent d’environs 2 petites doses… 

Il est important de noter que la consommation de ce crack est associée à des risques accrus pour la santé physique et mentale, ainsi qu’à des problèmes sociaux tels qu’une extrême dépendance, une propension pour la violence et la criminalité et pousse ainsi le « junkie », -toxicomane- , en marge de la communauté.

Comment le crack est généralement fabriqué ?

Il y a un processus de plusieurs étapes dans la fabrication de cette drogue, à savoir l’extraction de la base de cocaïne, la préparation de la mixture, la formation du cristal, la filtration, le séchage, la transformation en crack, le refroidissement et séparation ainsi que le conditionnement…

Afrique du Nord, voie de transit importante pour le trafic de drogue !

La présence de la cocaïne en Afrique du Nord est un sujet préoccupant, car elle est devenue une voie de transit importante pour le trafic de cette drogue vers l’Europe et d’autres destinations. Les pays d’Afrique du Nord, tels que le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et la Libye, sont devenus des points de passage pour les réseaux internationaux de trafiquants de drogue.

La cocaïne, une drogue stimulante puissante, est généralement produite en Amérique du Sud, principalement en Colombie et au Pérou. Elle est ensuite acheminée vers l’Afrique du Nord via divers moyens, y compris par bateau et par voie aérienne. Les trafiquants profitent des frontières poreuses, des faiblesses dans les systèmes de sécurité et de l’instabilité politique dans certains pays d’Afrique du Nord pour faciliter leur activité illégale.

Une fois en Afrique du Nord, la cocaïne est souvent stockée dans des entrepôts clandestins avant d’être transférée vers l’Europe, où la demande de cette drogue est élevée. Les trafiquants utilisent des itinéraires terrestres, maritimes et aériens pour faire passer la cocaïne hors de la région, ce qui complique la tâche des autorités chargées de l’application des lois.

Les gouvernements d’Afrique du Nord prennent diverses mesures pour faire face au problème du trafic de cocaïne et à son impact sur la région. Ces efforts impliquent généralement une combinaison de forces de l’ordre, de coopération internationale et de programmes sociaux visant à s’attaquer aux causes profondes du trafic de drogue.

Comment cette drogue rentre au Royaume ?

Voies Maritimes : Les trafiquants utilisent souvent des bateaux  pour transporter la cocaïne depuis les régions productrices en Amérique du Sud, comme la Colombie, jusqu’aux côtes du Maroc. Les cargaisons peuvent être cachées dans des conteneurs légaux ou dissimulées à l’intérieur de navires. Les ports marocains, en raison de leur position géographique stratégique, sont des points d’entrée potentiels pour la cocaïne.

Cachettes et Camouflages : Les trafiquants utilisent des méthodes sophistiquées pour dissimuler la cocaïne dans des cargaisons légitimes. Cela peut inclure le camouflage au sein de conteneurs de marchandises légales, comme des fruits, des produits industriels ou d’autres produits légitimes. Ils cherchent également à déjouer les contrôles en utilisant des compartiments secrets ou des techniques de dissimulation sophistiquées.

Acheminement Terrestre : Une fois arrivée au Maroc, la cocaïne peut être acheminée à l’intérieur du pays par voie terrestre. Les trafiquants utilisent souvent des itinéraires complexes à travers les régions désertiques ou montagneuses pour échapper à la détection. Les frontières terrestres poreuses ajoutent à la complexité du trafic.

Aéroports : Les aéroports marocains peuvent également être utilisés pour faire entrer de la cocaïne dans le pays. La drogue peut être dissimulée par ingestion, dans les bagages des passagers, les cargaisons de fret ou même dans les avions eux-mêmes. Les trafiquants cherchent à exploiter les failles de sécurité ou à corrompre des employés des aéroports pour faciliter leur activité illégale.

Réseaux de Trafiquants : Le trafic de cocaïne implique souvent des réseaux criminels organisés avec des connexions internationales. Ces réseaux utilisent des personnes locales et des intermédiaires pour coordonner la logistique, la distribution et la vente de la cocaïne une fois qu’elle est entrée au Maroc.

Il est important de noter que le Maroc n’est pas un producteur majeur de cocaïne et que la plupart de la cocaïne qui entre dans le pays est destinée au transit vers l’Europe, où la demande est plus élevée. Le gouvernement marocain travaille en étroite collaboration avec d’autres pays et organisations internationales pour lutter contre le trafic de drogue et améliorer les mesures de sécurité et de contrôle aux frontières afin de réduire le flux de cocaïne à travers le pays.

Comment les gouvernements abordent la question de la cocaïne :

Forces de l’ordre et contrôle aux frontières : Les gouvernements renforcent leurs agences de forces de l’ordre et les mesures de contrôle aux frontières pour détecter et intercepter les cargaisons de cocaïne. Cela comprend l’amélioration des technologies de surveillance, l’augmentation des patrouilles dans les principales routes de transit et l’investissement dans la formation du personnel des forces de l’ordre pour mieux identifier les activités suspectes.

Coopération internationale : Étant donné que le trafic de cocaïne est un problème transnational, les gouvernements collaborent avec les pays voisins et les organisations internationales pour partager des renseignements, coordonner les efforts et perturber les réseaux de trafiquants de drogue qui opèrent à travers les frontières. Cela implique le partage d’informations, les opérations conjointes et les accords d’extradition.

Législation et sanctions : Les gouvernements édictent et appliquent des lois strictes contre le trafic de drogue et les activités connexes. Les sanctions pour les infractions liées aux drogues, y compris le trafic de cocaïne, sont renforcées pour dissuader les trafiquants et ceux impliqués dans le commerce.

Sensibilisation et prévention : Les gouvernements s’efforcent de sensibiliser aux dangers de la cocaïne et de l’abus de drogues par le biais de campagnes de sensibilisation du public et de programmes éducatifs dans les écoles et les communautés. Ces efforts visent à réduire la demande et à dissuader les individus de s’impliquer dans des activités liées aux drogues.

Initiatives régionales et internationales : Les pays d’Afrique du Nord participent souvent à des initiatives régionales et internationales visant à lutter contre le trafic de drogue. Ces initiatives impliquent une coopération avec des organisations telles que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et INTERPOL pour renforcer le partage d’informations, le renforcement des capacités et l’assistance technique.

Saisies et confiscation des biens : Les gouvernements s’efforcent de confisquer les biens des trafiquants de drogue, de perturber leurs réseaux financiers et de couper leurs sources de revenus. Les lois sur la confiscation des biens permettent aux gouvernements de saisir les profits du trafic de drogue, ce qui peut avoir un impact significatif sur la rentabilité de ces activités criminelles.

Bien que ces efforts représentent des étapes importantes, la lutte contre le trafic de cocaïne est un défi complexe et continu qui nécessite une coopération soutenue, une adaptation et une approche multidimensionnelle.

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