Attendons pour voir…
La Chine, qui, en sa qualité de « bon ami et frère des pays arabes et musulmans », a toujours été favorable aux Palestiniens et soutenu la solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien et qui, dès le début de la guerre entre le Hamas et Israël a appelé à un cessez-le-feu, a annoncé avoir reçu la visite, dimanche dernier et pour trois jours, d’une délégation comprenant les ministres des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, l’Indonésie, l’Égypte, l’Arabie saoudite et la Jordanie ainsi que Hissein Brahim Taha, le secrétaire général de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et ce, à l’effet de débattre de la « catastrophe humanitaire qui se déroule à Gaza », « promouvoir une désescalade, protéger les civils et résoudre équitablement la question palestinienne ».
Aussi, en considérant que « la situation à Gaza affecte tous les pays du monde et remet en question la notion du bien et du mal et les principes fondamentaux de l’humanité » et en rappelant que son pays qui a « toujours fermement défendu les droits et les intérêts légitimes des pays arabes et musulmans (et) fermement soutenu les efforts du peuple palestinien pour restaurer ses droits et ses intérêts nationaux légitimes » est « prêt à collaborer avec (ses) frères et soeurs des pays arabes et islamiques pour déployer des efforts acharnés afin de résoudre la guerre à Gaza le plus rapidement possible », le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, a appelé la communauté internationale à « agir, de toute urgence » et à «œuvrer ensemble pour calmer rapidement la situation à Gaza et rétablir la paix au Moyen-Orient dès que possible » en prenant « des mesures efficaces pour empêcher que cette tragédie ne s’étende ».
Le chef de la diplomatie chinoise a, également, tenu à préciser que, dès que la guerre de Gaza a éclaté, la Chine avait « non seulement contacté toutes les parties par des voies bilatérales pour promouvoir la paix et les pourparlers, mais (qu’elle) a également eu recours aux plateformes multilatérales pour trouver un consensus et restaurer la paix ».
Il y a lieu de rappeler, par ailleurs, que bien que les Etats-Unis avaient demandé à la Chine, lors de la visite effectuée à Washington par le chef de la diplomatie chinoise, d’user de son influence sur l’Iran, grand allié du Hamas, Pékin n’a jamais explicitement condamné l’attaque du 7 Octobre dernier et ne s’est pas empêché d’envoyer un émissaire dans la région afin de rappeler son soutien historique à la cause palestinienne.
Cette prise de position a fait dire à Jonathan Fulton, du cercle de réflexion Atlantic Council, que la Chine, dont l’intérêt principal au Moyen-Orient reste d’ordre économique dès lors qu’elle est fortement dépendante des importations de pétrole, voit dans la guerre qui fait rage à Gaza « une occasion de marquer des points sur les Etats-Unis » en espérant que ces derniers vont continuer à s’enliser aussi bien au Moyen-Orient que dans le Golfe et qu’elle va pouvoir, de son côté, gagner le soutien du monde arabe en dépit des allégations afférentes au génocide dont seraient victimes les musulmans ouïghours.
Est-il permis de croire que le conflit qui oppose Hamas à Israël pourrait donner, à la Chine, l’occasion de prendre pied au Moyen-Orient au risque de bousculer les Etats-Unis ?
Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI