Benabdallah à l’ouverture de la réunion des Bureaux politiques de l’USFP et du PPS
Chers camarades du Bureau politique de l’Union Socialiste des Forces Populaires, chers camarades du Bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme ;
Mesdames et Messieurs les représentants des médias nationaux ;
Je voudrais tout d’abord exprimer ma joie personnelle et ma grande émotion que cette rencontre ait eu lieu entre nous, et que nous nous retrouvons après de longs efforts, démarches communes et patience. Peut-être que tout cela constitue une garantie pour l’avenir, afin d’assurer réellement le succès de cette initiative et d’assurer les conditions objectives et subjectives pour qu’elle évolue, mûrisse et grandisse, et qu’elle associe d’autres acteurs, énergies et forces de la société, de manière qui contribuera au développement de notre pays à tous les niveaux.
En préparant cette rencontre, nous étions censés évoquer et nous baser sur certains documents historiques. Heureusement, par pure coïncidence, ces derniers jours, j’étais en train de mener, avec le camarade Abderrahim Benser, un travail d’archivage des documents du parti.
Cette histoire commune a également été évoquée par le frère Driss Lachgar lors de sa récente visite au siège de notre parti et en a parlé aux médias. Lors de la visite du frère Driss, et comme les sièges de nos deux partis sont adjacents, j’ai dit (en plaisantant) au frère Mehdi Mezouari que « dans le cadre de facilitation des travaux de la commission mixte entre les deux partis, vous devriez réfléchir à un passage directe menant directement de ce siège à l’autre ».
Honorable assistance,
Je souhaite vous montrer quelques documents historiques remontant au début des années 60, lors de la création de l’Union Nationale des Forces Populaires, et à l’époque du Parti Communiste Marocain (montrant à l’assistance des documents historiques communs aux deux partis).
Il s’agit, comme vous pouvez le constater, de lettres adressées au Secrétariat général de l’Union Nationale des Forces Populaires à Casablanca : l’une datée de 1964 et l’autre de 1965, et toutes sont des documents frappés à la machine à écrire (dactylo) à cette époque. Comme vous pouvez le constater, ce sont tous des documents qui ne contiennent aucun slogan ni symbole des deux partis, compte tenu des conditions de la clandestinité à l’époque.
Ce sont des documents, et il y en a bien d’autres, qui montrent les efforts déployés historiquement pour l’unité entre les deux partis et l’effort commun visant à mettre en place une approche commune pour défendre les questions de la nation, défendre les questions de la démocratie, défendre les questions de la justice sociale et des libertés, et autres slogans, principes et questions qui préoccupaient essentiellement les forces progressistes.
L’Union Nationale des Forces Populaires à l’époque, puis l’Union Socialiste des Forces Populaires, et le Parti Communiste, puis le Parti du Progrès et du Socialisme, ont eu le mérite de porter ces principes jusqu’à aujourd’hui.
C’est pourquoi je voudrais vous dire que cette joie personnelle est en réalité une joie collective. Parce que je vois, à travers les personnes présentes, et à travers toutes les étapes qui ont précédé, la profondeur de cette espérance commune qui existe dans les rangs des deux partis, ce qui nous a conduit à parvenir à ce stade, au vu de plusieurs considérations historiques et des références historiques communes, mais aussi au regard de considérations liées à la réalité d’aujourd’hui.
Peut-être que la réalité d’aujourd’hui nous oblige effectivement à franchir ce pas, qui est un pas raisonnable et profond.
Je me dresse à ce sujet aux médias, en ce sens que depuis les premiers moments et avant même la tenue de cette rencontre, les questionnements ont commencé : cette alliance ? Cette unité ? Est-ce une unité de rang ? Ou quoi ?
Cette démarche, telle que nous l’avons discutée avec le frère Driss Lachgar, de coordination entre les deux partis dans tous les domaines, est une démarche ouverte sur le présent et l’avenir, une démarche ouverte à toutes les forces qui veulent participer avec nous, que ce soit sur le plan thématique, territorial, ou dans tout espace spécifique qui concerne la société marocaine, chacun selon ses préoccupations, ses tendances et ses énergies, étant entendu que l’Union Socialiste des Forces Populaires et le Parti du Progrès et du Socialisme auront un rôle fondamental dans la dynamisation de tous ces fronts, en espérant que cette démarche atteindra un niveau plus mature, à même de nous permettre d’élaborer alors d’autres initiatives appropriées et réfléchies, d’une manière qui nous permettra réellement d’avoir une plus grande influence et un impact plus grand au niveau décisionnel national dans divers domaines.
Comment cela peut-il être réalisé ? La discussion a commencé entre nos frères et camarades au sein de la commission mixte créée entre les deux partis.
Je pense que cette commission, sans aucun doute, et par décision de nous tous, poursuivra son travail, pour qu’elle soit un outil de réflexion, d’action et de propositions pour toutes les étapes futures.
Bien sûr, ce faisant, nous avons discuté de notre situation nationale, mais également de la situation internationale.
Alors que nous tenons cette rencontre, nous tenons à adresser un geste commun du plus profond de notre cœur, sincère et humain, à nos frères de Palestine à Gaza, pour leur exprimer une nouvelle fois notre ferme condamnation des crimes de guerre commis par l’occupation sioniste, d’appeler à un cessez-le-feu immédiat, et d’exprimer également notre soutien au peuple palestinien dans sa lutte pour ses droits nationaux légitimes.
Il s’agit d’un espace essentiel parmi les espaces autour duquel nous comptons travailler.
Au moment où nous nous rencontrons, il y a des défis liés à la question de notre intégrité territoriale, en ce sens que le Maroc a réalisé de nombreux acquis, mais le dossier reste toujours posé à plusieurs niveaux, et partant il nécessite l’élaboration d’un slogan fondamental, sur lequel nous avons souvent mis l’accent dans nos deux partis, à savoir le renforcement du front intérieur à tous les niveaux, démocratiquement, politiquement, économiquement et socialement. Nous allons œuvrer, bien entendu, à y parvenir à travers nos différentes initiatives.
Concernant les autres questions, nous partons du fait que les défis qui se présentent aujourd’hui à notre pays rencontrent de réelles difficultés à trouver celui qui pourra concrètement les relever et leur trouver des solutions.
Objectivement, nous avons souligné et nous soulignons devant vous la faiblesse de ce gouvernement actuel dans sa capacité à supporter les fardeaux de cette étape et à être au niveau politique exigé. C’est un gouvernement politiquement absent, muet sur le plan de la communication et incapable socialement de parler aux différentes catégories du peuple pour les rassurer, comme nous l’avons vu récemment à propos du problème de l’enseignement.
Heureusement, comme c’est le cas sur de nombreuses questions, il existe une convergence et une similitude dans les positions que nous avons exprimées. Ce sont des positions responsables qui prouvent que l’Union Socialiste des Forces Populaires est un parti militant, mais un parti responsable. Lorsqu’il s’agit de défendre la nation et ses questions, nous avons appris à être exigeants et combatifs, mais responsables à la fois. C’est ce qui s’applique au Parti du Progrès et du Socialisme.
Lors de cette crise, nous avons soutenu les revendications légitimes des femmes et des hommes de l’enseignement. Et au même moment, et au fur et à mesure de l’évolution des choses, nous avons également estimé qu’il y a intérêt suprême pour les enfants et les élèves de notre peuple à reprendre les cours.
C’est l’un des dossiers qui montre clairement à quel point ce gouvernement est politiquement faible dans sa capacité à faire face à de telles crises.
Face à la grande faiblesse de ce gouvernement, à commencer par le niveau de mise en œuvre des questions politiques fondamentales de réforme démocratique auxquelles notre pays doit faire face aujourd’hui, notamment à l’horizon de l’organisation des élections de 2026, il devient clair que nous avons besoin d’une voix responsable, patriotique, et démocratique progressiste, capable de dire que le Maroc ne peut pas continuer à vivre les déviations qu’il connaît aujourd’hui, comme panne démocratique et infiltration dans l’espace politique de pratiques dangereuses, intéressées et opportunistes, qui garnissent aujourd’hui nombre d’institutions élues.
En tant que partis progressistes, nous ne pourrons jamais nous contenter d’assister en spectateurs à une répétition de ce même feuilleton à l’horizon 2026, car cela constituerait un risque pour les institutions de notre pays et pour la capacité de ces institutions à véritablement représenter réellement les aspirations de notre peuple et à réaliser la nécessaire réconciliation entre le peuple et la pratique démocratique, la pratique politique et la pratique électorale.
Nous avons la responsabilité commune d’élever haut cette voix et de dire que nous avons besoin d’un nouveau souffle politique.
De même que notre pays a besoin également d’aborder des questions économiques fondamentales présentes dans un document, qui est aujourd’hui considéré comme un document commun, auquel nous avons contribué à l’instar d’autres partis, à savoir le document du nouveau modèle de développement que, comme vous le remarquez avec moi, a été soustrait aujourd’hui du débat public et ne fait plus partie des références fondamentales de ce gouvernement alors qu’il en faisait, dans sa déclaration gouvernementale devant le Parlement, une référence fondamentale parmi les deux références sur lesquelles il a prétendu vouloir baser son travail, c’est-à-dire le nouveau modèle de développement, désormais mis de côté, et aussi ce qu’ils appellent, par plagiat, « l’État social », qui est un slogan qui n’a rien à voir avec ce gouvernement ni avec ses fondements.
Le concept de l’État social est ce que nous avons toujours défendu, dans nos partis progressistes, c’est une question qui est fondamentalement liée à nous et à notre capacité d’influence.
C’est bien que le gouvernement actuel s’appuie sur ce concept, car cela signifie, en fin de compte, que ce que nous avons entrepris et réclamé depuis des décennies est aujourd’hui au premier plan, du moins au niveau des déclarations liées aux politiques publiques.
Cela signifie qu’il n’y a pas d’alignement réel sur la référence de ces partis qui constituent le fondement de ce gouvernement, mais plutôt une couverture de ce qu’ils entreprennent sous un slogan qui est, en substance, notre propre slogan.
L’importance de la question sociale
Notre coordination est tenue, bien sûr, d’accorder une importance à la question sociale, compte tenu des drames nombreux et multiples qu’elle connaît dont je ne parlerai pas plus longtemps.
Je voudrais juste souligner qu’il y a aujourd’hui de grands chantiers dans ce domaine, et ce sont des chantiers que nous ne pouvons que soutenir, qu’ils concernent la couverture sanitaire et la protection sociale, l’aide directe, l’aide au logement ou autre.
C’est une question sociale fondamentale dans laquelle nous sommes engagés. Mais je voudrais lancer un appel et attirer l’attention sur quelque chose d’essentielle : veillez à ne pas créer de grandes attentes et espoirs à travers ces programmes, évitez, lors de la mise en œuvre réelle, de laisser de côté des centaines de milliers de familles en s’appuyant sur certaines approches techniques, technicistes ou étroites, de nature à exclure certaines familles d’en bénéficier. Il s’agit de véritables dangers concernant ces attentes pour de nombreux milieux de notre peuple.
Nous le constatons à travers ce qui se passe au cours de la mise en œuvre effective, qu’il s’agisse des enregistrements pour la couverture sociale dans ses différents aspects, ou de ce qui se passe aujourd’hui en matière d’aide directe, ou encore d’aide au logement, dont l’activation produira sans aucun doute des choses étranges.
Pour toutes ces raisons, nous attirons l’attention sur toutes ces questions, ainsi que sur des questions fondamentales que je ne pourrais que mentionner. Un grand nombre de nos militantes et militants, dans les deux partis, portent un intérêt à la question fondamentale, qui est la question de l’égalité, et nous discutons de la réforme du code de la famille, ainsi que d’autres questions à venir, comme le code pénal et autres.
L’égalité au centre des préoccupations des forces de gauche
La question de l’égalité est profondément liée à notre identité. Nous devons travailler ensemble pour obtenir des acquis fondamentaux et des progrès notables qui amélioreront les caractéristiques actuelles de la société.
A cet égard, je voudrais vous assurer, Driss Lachgar et les membres de l’USFP, de notre volonté sincère, forte, profonde, qui relève d’une ferme conviction remontant à plusieurs décennies, d’œuvrer ensemble et de garantir les conditions de réussite à cette initiative relative à la révision du Code de la famille.
Lors d’une conversation téléphonique entre nous hier, j’ai dit au frère Driss Lachgar, et vous l’avez sans doute remarqué que : nous avons créé des espoirs avec cette initiative (la coordination), et de nombreux milieux commencent à parler de cette initiative, et il y a un vide, et différentes catégories attendent beaucoup, peut-être plus que ce que nous pouvons offrir, mais nous devons être au rendez-vous.
Comment ? Et de quelle manière ?
Nous n’allons pas nous précipiter, nous allons coordonner et trouver les formules communes qui nous permettront d’avancer progressivement à tous les niveaux.
Nous saluons nos représentantes et représentants à la Chambre des députés, en particulier, pour leur action commune, surtout lors de la dernière phase où il y a eu des progrès. Ce travail va se poursuivre, en s’ouvrant au reste des parties parlementaires, comme nous allons également nous ouvrir au reste des parties à différents niveaux, chacun selon ce qu’il peut entreprendre avec nous. C’est ce dont nous avons convenu avec Driss Lachgar.
Agir pour réussir cette initiative
J’espère que nos différentes instances parallèles, les organisations de nos deux partis, ainsi que leurs sections et secteurs, agissent pour que cette initiative réussisse et qu’il y ait de nombreuses initiatives différentes dans les différents milieux. Nous devons encourager cela, afin de renforcer cette approche, et j’espère que nous y parviendrons.
Bien sûr, nous déclarons notre ouverture au reste de la gauche et aux autres parties progressistes qui veulent travailler avec nous dans cet horizon, un horizon responsable, audacieux, mais en même temps raisonnable, l’horizon qui prend en compte les conditions dans lesquelles nous vivons et qui regarde vers l’avenir.
Nous serons également ouverts à toutes les parties civiles, associatives, syndicales et autres, avec ce que nous appelons dans la déclaration politique, qui vous sera présentée, le « mouvement social » dans ses différentes acceptions.
Nous nous efforcerons, dans tout cela, d’avoir une présence commune et de ne pas décevoir les nombreux espoirs que nous avons créés dans la société.
J’espère sincèrement que nous y parviendrons, et je tiens à vous assurer de la détermination du Parti du Progrès et du Socialisme, de son Bureau politique, et de tous ses dirigeants et de tous ses militantes et militants, à avancer ensemble sur la voie de la réforme, de la démocratie, de la liberté, de l’égalité, du progrès et de la justice sociale.
Merci.