Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi
En Islande qui, au dernier recensement de Janvier dernier comptait 387.758 habitants dont plus de 50% vivent à Reykjavik, la capitale, et dans ses environs, les candidats au scrutin présidentiel se présentent traditionnellement en indépendants, c’est-à-dire sans qu’ils soient affiliés à une formation politique et dès qu’ils parviennent à réunir 1.500 signatures.
Mais si, en Islande, les élections présidentielles ont lieu tous les quatre ans, dès lors qu’il y a au moins un candidat, il convient de noter que cette année 2024 a été une année particulière puisque c’est la première fois qu’il y a eu 12 candidats. Autant dire, un record…
Aussi, en recueillant, à l’issue du scrutin de ce dimanche, 34,3% des suffrages exprimés alors que sa rivale, Katrin Jakobsdottir, 48 ans, qui avait démissionné, en Avril dernier, de son poste de Première ministre de l’ancien gouvernement gauche-droite pour se présenter à cette élection présidentielle, n’en a obtenu que 25,5%, Halla Tomasdottir, qui était arrivée à la deuxième place lors de l’élection de 2016, devient donc la nouvelle présidente de l’Islande après que les sondages l’aient donnée au coude-à-coude avec sa concurrente.
En entrant en fonction le 1er août prochain, Halla Tomasdottir succèdera, ainsi, au très populaire Gudni Thorlacius Johannesson, en poste depuis 2016 mais qui n’a pas voulu briguer un troisième mandat.
Halla Tomasdottir est une femme d’affaires qui dirige « The B Team », une organisation à but non lucratif fondée par le milliardaire britannique Richard Branson et visant à promouvoir des pratiques respectueuses des valeurs humanitaires et du climat dans les affaires.
Comme indiqué sur le site de l’organisation, B Team « plaide en faveur d’un changement des systèmes économiques et de nouvelles normes pour les entreprises, afin de protéger l’environnement naturel et d’assurer un avenir sûr, durable et équitable pour tous » ; autant d’idées sur lesquelles la candidate victorieuse avait axé une bonne partie de sa campagne.
Fondatrice, par ailleurs, en 2007, de la société d’investissement Audur Capital qui promeut les valeurs féminines dans le secteur financier, Halla Tomasdottir qui, durant sa campagne électorale, s’était engagée à promouvoir des discussions « ouvertes et constructives » en écoutant le public, mais aussi à faire de l’Islande « une destination attrayante sur la carte touristique régionale et mondiale », deviendra donc, à l’âge de 55 ans et après avoir triomphé de l’ex-Première ministre, la deuxième femme à occuper le fauteuil présidentiel en Islande et son 7ème président depuis la fondation de la république en 1944.
Pour rappel, en 1980, Vigdis Finnbogadottir, avait été la première femme au monde à avoir été élue démocratiquement au poste de cheffe d’Etat même si, en Islande, qui est une république parlementaire, cette fonction reste largement honorifique.
Garant du respect de la Constitution islandaise et de l’unité nationale, le chef de l’Etat y a un droit de véto sur les textes parlementaires et peut, en cas de besoin, les soumettre à un référendum.
Katrin Jakibsdottir, qui a été la cheffe du Mouvement Vert de Gauche et qui avait été perçue, au début, comme étant la favorite parmi les 13 candidats à cette dernière consultation électorale, a dû « payer », en cours de route, pour sa gestion particulièrement « cahotique » de la situation pendant les éruptions volcaniques qui s’étaient succédées sur la péninsule de Reykjanes depuis décembre dernier et avaient donné lieu à l’évacuation de milliers d’habitants.
Acceptant sa défaite, Katrin Jakobsdottir a, dès l’annonce des premiers résultats, félicité sa concurrente sur les ondes de la télévision nationale RUV et déclaré qu’elle est convaincue que cette dernière « sera une bonne présidente ».
L’avenir lui donnera-t-il raison ?
Attendons pour voir…