La diplomatie parallèle, un moyen d’engranger plus de soutien à notre cause nationale

Par Abdeslam Seddiki

Le Discours adressé par le Roi au Parlement à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 4ème année législative de la 11ème Législature le vendredi 11 octobre constitue à n’en point douter un véritable tournant dans la gestion de notre question nationale en appelant à une mobilisation tous azimuts pour clore définitivement ce dossier qui n’a que trop duré. Après les  reconnaissances successives de la marocanité de notre Sahara par plus d’une centaine de pays dont  particulièrement des pays membres du Conseil de Sécurité (USA et France) et des pays influents comme l’Espagne en tant qu’ancienne puissance colonisatrice des provinces sahariennes ;  que plus d’une trentaine de pays ont ouvert des représentations  diplomatiques à Dakhla ou Laayoune et que le Maroc a transformé radicalement le tissu économique et social de nos provinces sahariennes grâce aux dizaines  de milliards de DH qui y sont injectés faisant de cette région  un  havre de paix et de prospérité, le moment est venu de « transformer l’essai »  pour utiliser  ce vocable sportif.

C’est dans ce sens que SM Le Roi a appelé les forces vives de la Nation à une mobilisation générale en déployant la diplomatie parallèle qui viendrait en complément au travail de fond, dont nous récoltons aujourd’hui les fruits, accompli par la diplomatie officielle sous l’égide du Souverain conformément aux dispositions de la Constitution de 2011.

 Pour parler toujours en termes sportifs, il s’agit dorénavant de passer d’une stratégie défensive à une stratégie offensive. Nous devrions défendre notre cause nationale « la tête haute », forts de nos arguments à la fois juridiques, politiques, historiques, voire spirituels …Dans ce sens, le parlement et les partis politiques, ainsi que les organisations de la société civile   sont vivement sollicités à intensifier leur action à l’international.

Ce n’est pas la première fois que Le Souverain soulève l’importance de la diplomatie parlementaire. Dans un message adressé   aux participants au Symposium commémorant le 60ème anniversaire de la constitution du 1er Parlement élu au Maroc (le 17 janvier 2024), Le Roi disant en substance :

« Par ailleurs, s’agissant de la diplomatie parlementaire et des relations extérieures, Nous nous réjouissons que le parlement marocain apporte son concours à la défense des intérêts et des Causes justes de notre pays, notamment la question de notre intégrité territoriale, et qu’il s’attache à faire connaitre les différents chantiers et réformes lancés dans le Royaume… »

En effet, la Constitution de 2011 a conféré de larges prérogatives à l’institution législative qui joue, désormais, un rôle important dans la vie politique, mais aussi en matière de diplomatie que ce soit avec les parlements des pays étrangers ou avec les organisations parlementaires dont le Maroc est membre : l’Union parlementaire internationale, l’Union parlementaire africaine, l’union parlementaire arabe…

Les groupes d’amitié parlementaires permettent de renforcer la coopération avec les pays partenaires et de déployer une stratégie d’influence complémentaire à celle du gouvernement. Cependant, leur efficacité est tributaire de l’engagement des membres du groupe d’amitié représentant l’ensemble des groupes parlementaires et surtout de la personnalité du Président du groupe et de sa capacité d’animateur et de débatteur. Ces groupes d’amitié doivent être mieux structurés et travailler avec professionnalisme et esprit d’équipe. Leurs initiatives doivent être prises en parfaite coordination à la fois avec les deux chambres du Parlement, pour ne pas éparpiller les efforts, et le Ministère des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.  Enfin, il faut inscrire l’activité de ces groupes dans un esprit de continuité et capitaliser sur les acquis. Pour ce faire, les groupes d’amitié   parlementaires doivent être dotés d’un secrétariat permanent qui s’occupe de la classification des dossiers, des comptes rendus des missions réalisées et des rencontres entre lesdits groupes et leurs homologues étrangers.  Il faut accompagner ces groupes, d’une expertise externe pour les alimenter en éléments de langage. Les fiches-pays élaborées par le Ministère des Affaires étrangères gagneraient à être toujours actualisées et étoffées davantage en intégrant tous les éléments utiles aux échanges.    Quand on est en mission, on ne doit pas parler que du Sahara, surtout entre parlementaires dont la vocation est de « parlementer ».

 Outre le parlement, les acteurs de la société civile exercent, aujourd’hui, une influence croissante sur les relations internationales. La plupart des Etats associent ces acteurs dans leurs actions diplomatiques pour faire valoir leurs intérêts stratégiques. Le Maroc dispose d’un tissu associatif dense et dynamique œuvrant dans plusieurs domaines embrassant les questions de l’environnement, du développement local, de la défense des droits de l’enfant, de l’égalité hommes-femmes, des personnes aux besoins spécifiques …

Conscient de l’importance de ces acteurs, le Maroc devrait encourager leur implication dans l’effort de promotion de l’image du Royaume à l’international et dans la défense de ses intérêts nationaux, particulièrement, la question nationale de l’intégrité territoriale. Pour ce faire, il importe :

• de favoriser une appropriation effective par la société civile des enjeux des grands dossiers nationaux ;

• de mettre en réseau des ONG pour optimiser leurs actions et mutualiser leurs moyens ;

• de renforcer leur capacité pour tisser des liens étroits avec leurs homologues étrangers et d’en faire un levier d’influence, mettant en exergue les avancées accomplies par le Maroc ;

• d’exploiter les espaces de communication offerts à l’international pour diffuser une image du Maroc plus proche de la réalité, tout en impliquant les Marocains du Monde afin de faciliter la réalisation d’un tel objectif ;

Par ailleurs, le Maroc a adopté dès son indépendance politique le système de multipartisme. Ce système a été consolidé davantage par la nouvelle constitution de 2011 en accordant un rôle important aux partis politiques et aux syndicats professionnels au niveau de l’encadrement de la population et de la participation aux consultations électorales. Ces organisations ont aussi un rôle à jouer au niveau de la diplomatie parallèle pour défendre notamment les intérêts du pays et la légitimité de notre question nationale.  Bien sûr, nos partis et nos syndicats sont appelés, à leur tour, à faire leur « perestroïka » en se restructurant au niveau interne et en s’ouvrant davantage aux jeunes compétences. Ce qui exige une démocratisation réelle de ces organisations pour gagner en crédibilité et en efficacité. L’Etat a la responsabilité politique et morale de les y aider dans cette perspective en revoyant de fond en comble le système de gouvernance dans le sens de barrer la route aux manipulateurs des élections qui vident le processus électoral de sa finalité.   Le changement est une affaire de tous et en premier lieu de l’Etat.

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