Entretien de Jindō Morishita avec Al Bayane

Le porte drapeau du Football Japonais au Maroc !

« Je souhaite devenir un pionnier du football africain pour les joueurs asiatiques »

Oussama Zidouhia

Le football marocain connait un vent de fraîcheur avec l’arrivée de Jindō Morishita. Ce footballeur japonais est entré dans l’histoire en devenant le tout premier de son pays à fouler les pelouses du championnat marocain. Un événement qui souligne l’évolution constante du football national aux yeux du monde. Son transfert au Stade Marocain en Botola 2 cette saison suscite un vif intérêt tant au Royaume qu’au Japon, ouvrant de nouvelles perspectives pour les footballeurs asiatiques en Afrique du Nord.

Si le nom de Jindō Morishita (29 ans) n’est pas encore sur toutes les lèvres au Maroc, son histoire personnelle mérite d’être contée. Né le 25 août 1995 au Japon, le serial buteur nippon n’est pas un inconnu du monde du football, mais plutôt un explorateur des terrains, un véritable « conquistador » des temps modernes.

Son parcours l’a mené à porter les couleurs de clubs dans des contrées aussi diverses que son pays d’origine, le Japon, les Pays-Bas, l’Indonésie, la Zambie, le Ghana et aujourd’hui le Maroc. Imaginez la richesse d’une telle expérience : des cultures footballistiques variées, des climats différents, des coéquipiers venus de tous les recoins de la planète … Autant d’éléments qui ont forgé le caractère et le jeu de Morishita, le préparant, sans doute, aux défis du championnat marocain D2.

Cette trajectoire atypique laisse entrevoir un joueur doté d’une grande capacité d’adaptation et d’une soif d’apprendre, des qualités qui pourraient bien faire la différence sur les terrains marocains.

Son transfert au Stade Marocain témoigne d’une volonté d’explorer de nouveaux championnats et de se confronter à un style de jeu différent. Le football  marocain, réputé pour son intensité physique et son engagement tactique, représente un véritable défi pour l’attaquant Japonais.

Morishita a débuté sa carrière avec l’équipe zambienne Maestro United Zambia, avant de rejoindre le Ghana par la porte des nains d’Ebusua (2021-2022). Par la suite, il signe chez Accra Great Olympics en 2023, avant de poser ses valises au Maroc en 2024 en paraphant u contrat avec le Stade Marocain, club évoluant en Botola Pro D2.

Le serial buteur a marqué son premier but pour le Stade Marocain le 9 octobre contre le RAC en Coupe d’excellence.

L’arrivée de Morishita ne se limite pas à un simple transfert. Elle marque un tournant symbolique, reflétant une tendance à la mondialisation du football au Maroc et une diversification des parcours pour les footballeurs. Jusqu’à présent, les joueurs japonais ont majoritairement opté pour des championnats en Europe ou en Asie. L’expérience de Morishita au Maroc ouvre une perspective nouvelle, susceptible d’encourager d’autres talents japonais à explorer les possibilités offertes par le football nord-africain.

L’arrivée de Morishita ne se cantonne pas au seul aspect sportif. Elle joue un rôle significatif dans le renforcement des liens culturels entre le Maroc et le Japon. Le football permet de créer des liens au-delà des différences linguistiques et culturelles.

La présence de Morishita au Maroc est une opportunité unique pour les Marocains de découvrir la culture japonaise à travers le sport, et pour le joueur de s’immerger dans la culture marocaine. Cette interaction favorise une meilleure connaissance mutuelle et contribue à tisser des liens durables entre les deux nations.

Au-delà de ses contributions sur le terrain, l’arrivée de l’attaquant a également généré une valeur commerciale substantielle pour le club, qui a conclu un nouvel accord de parrainage avec Zalar, une entreprise spécialisée dans les produits à base de poulet, notamment la marque populaire Dindy. Il est à noter que Zalar bénéficie d’investissements importants de Mitsui & Co., un important conglomérat commercial japonais. Ce partenariat représente un développement potentiellement novateur, car il s’agirait du premier cas d’une entreprise liée au Japon parrainant un club de football marocain.

Dans le but de promouvoir les échanges entre le Japon et le Maroc, un tournoi de football pour les jeunes a été mis en place il y a deux semaines, fruit d’un partenariat entre la JICA (Agence Japonaise de Coopération Internationale), DINDY, le Stade Marocain et Jindō Morishita. Plus de 100 enfants marocains et une vingtaine de participants japonais ont ainsi pu se rencontrer et partager leurs cultures à travers une compétition sportive, couronnée de succès.

L’avenir de Jindō Morishita au Maroc est porteur d’espoir. Son parcours, observé de près par les médias des deux pays, pourrait bien laisser une empreinte durable. Plus qu’une simple présence, son succès pourrait ouvrir un nouveau chapitre dans les relations footballistiques entre le Maroc et le Japon, encourageant d’autres joueurs à suivre ses traces.

Il est un précurseur, un pionnier, et son histoire mérite d’être racontée et suivie avec intérêt. Il incarne l’esprit d’aventure et la passion du football, des valeurs universelles qui dépassent les frontières et les cultures.

Son passage au Maroc pourrait inspirer une nouvelle génération de footballeurs, tant au Japon qu’au Maroc.

Questions pour un Champion !

Albayane. Vous avez joué au Japon, aux Pays-Bas, en Zambie, en Indonésie, au Ghana et maintenant au Maroc. Comment compareriez-vous les cultures footballistiques et les styles de jeu dans ces différents pays ? Quels ont été les plus grands ajustements que vous avez dû faire à chaque étape ?

Jindō Morishita «Chaque pays possède une culture footballistique différente, reflet de sa propre richesse culturelle. Par exemple, le football subsaharien est très axé sur le physique, contrairement au football japonais. Le football marocain, quant à lui, est en quelque sorte un mélange des deux styles. Le jeu est intense physiquement, mais les aspects techniques sont également présents. Selon moi, l’une des choses les plus importantes lorsque l’on s’adapte à un nouvel environnement est de « faire comme les Romains à Rome ». La première étape consiste toujours à apprendre des locaux. Non seulement la langue qu’ils parlent et la nourriture qu’ils mangent, mais aussi de comprendre leur comportement et leur façon de penser, y compris dans le football. Il existe des usages et des règles locales dans chaque culture. Si vous ne les respectez pas, ils ne vous respecteront jamais en retour. En ce sens, ma difficulté actuelle est la langue. Je suis actuellement en train d’apprendre le darija et le français afin de pouvoir communiquer plus couramment avec mes coéquipiers et mes entraîneurs.»

Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir le Maroc comme prochaine étape de votre carrière, surtout si l’on considère qu’aucun autre joueur japonais n’a joué dans le championnat marocain auparavant ? Quels sont vos objectifs personnels pour votre passage au Stade Marocain ?

« Depuis que j’ai décidé de bâtir ma carrière de footballeur en Afrique, je me suis fixé pour objectif de jouer au plus haut niveau du continent, et ce fut le Maroc. Non seulement l’équipe nationale, mais aussi des équipes comme le Raja et le Wydad sont connues jusqu’en Asie. Outre le football, après avoir visité le pays pour la première fois, je suis tombé amoureux de la richesse de sa culture et de son hospitalité, ce qui a renforcé mon désir de jouer au Maroc. Je souhaite devenir un pionnier du football africain pour les joueurs asiatiques, afin d’ouvrir de nouvelles portes à la prochaine génération. Mon objectif personnel pour cette saison est de marquer des buts et de contribuer à la promotion de l’équipe en Botola Pro. »

Au-delà du terrain de football, comment s’est passée votre adaptation à la culture et à la société marocaines ? Y a-t-il eu des moments surprenants ou mémorables pendant votre séjour ici jusqu’à présent ?

« Bien que j’aie encore des difficultés avec la communication, la vie ici au Maroc a été magnifique jusqu’à présent. J’aime la nourriture, le climat, les gens, l’histoire… absolument tout. Je ne me suis jamais senti aussi en sécurité durant mon séjour en Afrique. Parmi les innombrables moments mémorables que j’ai déjà vécus ici, mon préféré jusqu’à présent est sans aucun doute lorsque j’ai été invité à dîner en famille chez un de mes coéquipiers. Mon cher coéquipier, Zakaria Salhi, m’a invité chez lui pour déguster une délicieuse pastilla avec d’autres personnes. C’était une période où j’étais anxieux face à ma nouvelle vie, et son hospitalité m’a fait me sentir chez moi, ce dont je lui suis très reconnaissant. »

Vous êtes maintenant un pionnier pour les footballeurs japonais au Maroc. Quel message avez-vous pour les autres jeunes joueurs japonais qui pourraient envisager de jouer à l’étranger, en particulier dans des destinations moins traditionnelles comme l’Afrique du Nord ?

« Mon conseil à leur donner est de ne jamais se contenter de peu. Nous, les Japonais en général, avons, je crois, un état d’esprit très conservateur. On ne sait jamais quel type de rencontre on fera et quel type de carrière nous attend tant que l’on ne fait pas le premier pas. En construisant une carrière au plus haut niveau en Afrique, j’espère pouvoir ouvrir une nouvelle voie et élargir leurs perspectives. »

Pour l’avenir, quel héritage espérez-vous laisser dans le football marocain ?

« Je ne suis pas seulement footballeur, mais aussi entrepreneur. Bien sûr, mon premier objectif est d’avoir une carrière de footballeur réussie. De plus, j’ai l’ambition de créer des liens entre le Japon et le Maroc par le biais du football et des affaires. J’aimerais créer des entreprises afin de partager la beauté de la culture de mon pays à l’avenir.»

Un dernier message pour vos fans au Maroc et au Japon ?

« Un nouveau chapitre de ma vie a commencé au Maroc. J’adresse ma plus profonde gratitude à ceux qui n’ont cessé de me soutenir pour que ce moment puisse se concrétiser. Je sais que ce n’est pas un défi facile, mais je continuerai à faire de mon mieux pour atteindre mes objectifs. Continuez à me soutenir, s’il vous plaît ! »

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