Joseph Aoun, nouveau président du Liban

Attendons pour voir…

 Nabil El Bousaadi

A l’issue du scrutin de ce jeudi 9 Janvier 2025 et d’une séance parlementaire particulièrement mouvementée, l’ancien chef de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, 60 ans, a été élu président de la République Libanaise après une vacance du pouvoir qui aura duré plus de deux années.

Mais, en héritant d’un pays profondément divisé politiquement qui, avec une économie en ruines et un système politique miné par la corruption, le clientélisme et le népotisme, éprouve de grandes difficultés à se relever de la guerre qui l’oppose à l’Etat hébreu et à panser les plaies de la terrible explosion du port de Beyrouth, d’août 2020, le nouveau président du Liban aura de nombreux défis à relever et ce, d’autant plus que bien qu’une partie de son territoire soit occupée, depuis Octobre dernier, par l’armée sioniste, le Liban abrite près de 2 millions de réfugiés et de déplacés syriens.

Aussi, en affirmant, dans son discours d’investiture, qu’il est conscient de l’immensité de la tâche qui l’attend, cet officier de terrain qui a été décoré 13 fois et qui a été blessé au combat à deux reprises, a affiché de grandes ambitions et signalé son entière disposition à « changer de vision politique » sur la « conception de l’Etat », la « protection des frontières » mais aussi sur le plan du « développement » et des politiques « économique » et « environnementale ».  

Sur le plan de la politique intérieure, le général Joseph Aoun, qui prévoit de lancer de « vastes réformes » et promet qu’ « aucune communauté » et qu’aucun libanais « ne sera privilégiée » par rapport à l’autre, entend investir dans l’éducation publique et travailler « avec tous pour protéger les droits de tous les Libanais ».

En évoquant, par ailleurs, la question clivante de la place du Hezbollah et de ses armes, le président Joseph Aoun a tenu à préciser que l’Etat libanais, qui aura « le monopole des armes » et qui compte investir « dans son armée pour être capable de protéger ses frontières, lutter contre la contrebande et le terrorisme et empêcher les agressions israéliennes » va, néanmoins, discuter avec le Hezbollah « d’une stratégie de défense sur les plans diplomatique, économique et militaire » afin de pouvoir lutter efficacement « contre l’occupation israélienne ».

En matière de politique étrangère, le nouveau président du Liban préconise une « ouverture » sur l’ensemble de la communauté internationale qui soit « basée sur le respect mutuel, la souveraineté du Liban et sa liberté de décision » et s’engage à adopter « une neutralité positive » vis-à-vis du monde arabe et des questions régionales.

Aussi, en saluant l’arrivée des nouveaux dirigeants syriens, le président Joseph Aoun y voit « une chance historique de discuter avec la Syrie pour régler tous les problèmes, notamment le respect de la souveraineté des deux pays et le dossier des réfugiés de manière rationnelle ».

S’il reste évident que le régime d’al-Assad s’était attelé à déstabiliser le Liban, il n’y a plus qu’à espérer que le rapprochement avec les nouvelles autorités de Damas et la mise en œuvre du programme dont les grandes lignes ont été énoncées par le nouveau président libanais, Joseph Aoun, dans son discours d’investiture, permettront au Pays du Cèdre de retrouver la concorde et la paix qu’il connaissait avant la guerre civile.

Alors, attendons pour voir…

Étiquettes , ,

Related posts

Top