Il y a cinq ans, une onde de choc «révolutionnaire» secoue le monde arabe. Or, le pays servant d’épicentre de ce séisme subira le moins de dégâts, alors que ses répliques seront dévastatrices dans les pays arabes situés à l’Est de la Tunisie.
En Lybie, Yémen et Syrie le chaos est total. A tel point que ces pays sont quasiment tombés en faillite, car seules les armes y ont le droit de parole. En Egypte, le pouvoir de Hosni Moubarak sera certes balayé, mais le changement démocratique céda rapidement la place à un pouvoir putschiste. Avec à la clé des milliers de morts, de prisonniers et l’émergence d’une guérilla terroriste… Même les riches pays du Golfe connurent certains remous, sauf que les revendications démocratiques s’y feront sur fond de scission confessionnelle (sunnisme/chiisme)…
Cinq après, quelles leçons tirer du Printemps arabe ? La Tunisie, mère patrie de ce mouvement est en train d’aller sur la bonne voie démocratique, malgré certains écueils dus au terrorisme et aux vestiges de l’ancien régime. Pour le reste du monde arabe, tous les régimes plus que trentenaires ont été balayés, à l’exception de la Syrie et de l’Algérie. Ce dernier pays ayant été «immunisé» par le trop-plein de violences et de sang à partir du débat des années 90 du siècle dernier.
L’exception marocaine, elle, réside dans la dynamique de changement qu’a connue le pays dès la fin des années 90, dynamique qui a anticipé le choc du printemps arabe. L’adoption référendaire de la nouvelle Constitution de 2011 a été salutaire puisqu’elle rapidement tiré le tapis sous les pieds du Mouvement du 20 février. Un mouvement qui s’est rapidement éteint après avoir dénoncé l’hégémonisme politique d’un parti naissant à l’époque, et afin d’éviter que ce mouvement ne devienne une boîte de résonnance pour des mouvements extrémistes en rupture de ban avec le microcosme politique marocain.
Mohamed Ould Boah