Pour des hôtels aux meilleurs standards de qualité

au Maroc, qui ne sera bouclé que dans les 5 ou 6 prochaines années.

Le département de tutelle, qui compte beaucoup sur l’implication réelle des professionnels et des collectivités locales, prévoit, dans un premier temps, un test à blanc d’une durée de deux ans. Le temps qu’il faut pour sensibiliser les hôteliers, élaborer le système d’information, former les auditeurs spécialisées et finaliser les mécanismes d’appui techniques et financiers à même d’assurer le succès de la réforme. Tout un programme donc  pour lequel le ministère a fait appel à l’assistance des experts de l’Organisation mondiale du Tourisme -OMT- et au soutien du PNUD.   
Le séminaire «Enjeux et leviers d’amélioration de l’hébergement touristique au Maroc», tenu à Casablanca, en présence des représentants de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière et des élus locaux, fut une occasion pour le nouveau wali de la Région Khalid Safir d’annoncer la signature prochaine du contrat programme de développement touristique régional. Une bonne nouvelle, sans doute, qui traduit, si besoin est, l’engagement franc des collectivités locales et leur implication dans la structuration de la destination touristique du Grand Casablanca autour d’un plan d’action partagé.  
Car, cette « belle endormie » qu’est la ville blanche, capitale du tourisme d’affaires, semble perdre, au fil du temps, de son attrait. Face à la concurrence d’autres villes émergentes (Mazagan, Mogador…), Dar El Beida, en dépit de son riche potentiel (mer, patrimoine culturel et architectural, sport, réseaux d’affaires, université et centres de recherches, pole industriel, place financière…) est devenue moins visible et moins attractive par rapport à d’autres destinations. Tellement elle avance dans le vrac que sa réputation de «vitrine» et de «porte d’entrée du Maroc» s’est évanouie, réduite désormais à «Médina musée». Une ville «médusée», embourbée, faute d’innovation et d’adaptation. Anosognosique, embouteillée, désemparée, la ville a, depuis longtemps, montré les signes de son incapacité à se remettre en cause. C’est dire que le classement des hôtels, quelque soit la pertinence de la démarche, n’est pas, à lui seul, suffisant pour rendre à la ville sa réputation de «plus belle ville du continent».

Corriger les fragilités

Si aujourd’hui, on parle des «enjeux du développement durable», le secteur de l’hébergement touristique ne peut, lui, échapper à cette nécessité de prendre pleinement conscience des normes, codes, et chartes de labellisations, système de management environnemental… D’autant que le poids économique du secteur du tourisme est considérable dans notre pays. Les pouvoirs publics en ont fait un levier de développement. La Vision 2020 table, tant au niveau national  que dans les 16 régions du royaume, sur plusieurs dizaines de milliards DH d’investissements, un renforcement du parc hôtelier pour augmenter les capacités litières et un doublement des flux de clientèles, au-delà de la barre des 10 millions de touristes. Un pari sur l’avenir, dont l’issue dépend, de toute évidence, de la capacité des opérateurs, institutionnels et privés, à comprendre les évolutions du marché, les attentes des clients, à proposer les services qui vont attirer de nouveaux flux de clientèles.  Cette captation des flux touristiques va de pair -il faut le répéter- avec la capacité de tous les intervenants (hôteliers, voyagistes, restaurateurs, guides, médias, société civile…) à corriger leurs fragilités, à faire preuve d’innovation, mais aussi avec la volonté et l’engagement ferme des autorités à veiller sur le respect des normes et les prescriptions techniques des cahiers des charges.

Enjeu d’image

La filière ne saurait se contenter de vivre sur les acquis et quelques atouts devenus fragiles voire incertains dans un monde en constante mutation. La destination Maroc ne pourrait être, non plus, réduite à cette carte postale de «charmeurs de serpents», ou de «dresseurs de singes» dans un pays pittoresque.
Vu donc son poids et ses effets d’entrainements sur les différents secteurs d’activités, le tourisme est une industrie à part entière, confrontée aux mêmes enjeux et aux mêmes défis que les autres industries : enjeu d’image et de rayonnement et défis d’attractivité et de compétitivité.  
Du coup, l’industrie touristique, compte tenu de son rôle désormais capital dans la balance des paiements, présente aussi un intérêt fondamental du point de vue de l’aménagement du territoire et de la création d’emplois. D’où l’impératif de multiplier les efforts et les initiatives pour innover, construire ce label Maroc, ce beau parfum de l’art de vivre marocain: une destination ensoleillée qui offre l’exception aux bords de ses longues côtes méditerranéenne et atlantique, et l’authenticité d’un pays enchanteur, doté par la nature d’une rare variété de paysages (mer, montagnes, forêts, Sahara…) et d’un patrimoine culturel original, fruit du brassage des civilisations arabo-africaine et européenne.  
Il est vrai que la démarche partenariale proposée par le ministère du Tourisme (Etat et collectivités territoriales ainsi que les professionnels du tourisme et les grands secteurs) a ce mérite de bousculer la «bienséance» ambiante et d’offrir, en même temps, cette opportunité rare de se mesurer avec nos challengers (Grèce, Espagne, Egypte, Turquie…). Figurer dans le peloton de tête des destinations les plus appréciées au monde, impose d’accélérer la cadence, de «bosser dur» pour rattraper le temps perdu.

Le partage

Le séminaire «Enjeux et leviers d’amélioration de l’hébergement touristique au Maroc», initié par le ministère du Tourisme et dont les travaux se sont déroulés à la salle de conférence de Kenzi Tower, a eu le mérite de révéler les insuffisances matérielles et techniques de certains palaces de la ville qui se sont arrogé ce label. La salle, située au sous-sol, conçue sans doute pour tailler dans le noir un «night club» fut aménagée à l’occasion pour accueillir, sens dessus-dessous, plus d’une centaine de personnes venus partager les résultats d’une étude sérieuse menée par un cabinet international sur les déficits d’image de nos hôtels. Au premier des paradoxes, l’hôtel en question est tenu par le président de la fédération nationale de l’industrie hôtelière. La question de la sécurité, primordiale dans ces lieux, est, semble-t-il, restée un accessoire superflu. Etranger manière chez nos décideurs économiques de parer au plus pressé. En l’ignorant tout simplement. N’est ce pas là l’exemple type de l’adage arabe ?

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