Les femmes et hommes des planches fêtent le 14 mai la Journée nationale du théâtre. L’occasion idoine pour faire le point sur les avancées et les efforts à réaliser.
Depuis quelques années, le théâtre marocain connait des mutations, un essor et de nouvelles expériences et sensibilités ont versé un sang nouveau dans cet art du spectacle. Aujourd’hui comme hier d’ailleurs, le théâtre a défendu certaines causes et s’est engagé dans certains sujets d’actualité, à travers des bailleurs de fonds ou en travaillant sur «commande». «Une chose qui m’est essentielle c’est que quand je vais au théâtre, je veux de l’excellence. Je veux être ému par un spectacle de théâtre bien écrit», a déclaré Ahmed Massaia, critique de théâtre. Pour lui, un théâtre intéressant combine un beau texte, du bon jeu, une mise en scène fabuleuse, de la lumière et un spectacle. «Le théâtre pour moi c’est la beauté du spectacle et le propos bien entendu. C’est l’idée du spectaculaire qui m’intéresse. Qu’il y ait un bailleur de fonds, une «commande» ou non, là n’est pas mon problème».
Pour le réalisateur et metteur en scène, Messaoud Bouhcine, la création «pure» doit rester autonome et indépendante de toute influence dictée de l’extérieur ou par un organisme ou quelqu’un d’autre. Il estime que le terme «commande» dans le théâtre reste péjoratif. « Le théâtre peut jouer un rôle didactique. Son objectif ne se limite pas uniquement à la création artistique», estime Bouhcine.
Le dramaturge et metteur en scène Abdelhak Zerouali insiste, quant à lui, sur le fait de distinguer entre ceux qui travaillent dans le théâtre, avec le théâtre et pour le théâtre. «Il y a peu de gens qui travaillent pour le théâtre. Ceux qui travaillent avec le théâtre ont d’autres fonctions. Ils font ce que nous pourrons appeler «tourisme gratuit» au nom du théâtre», ajoute t-il. D’après lui, ceux qui travaillent dans le théâtre et pour le théâtre sont les grands perdants de cette situation. Abdelhak Zerouali plaide pour l’idée du théâtre pour le théâtre, en d’autres termes, un théâtre indépendant et autonome selon les convictions et les visions des créateurs et des hommes de cet art. «Le théâtre doit être au service de théâtre», affirme-t-il.
Mohamed Nait Youssef