L’Université d’été d’Agadir, la constance!

La 14e édition de l’Université d’été d’Agadir vient d’entamer ses travaux, en présence d’une flopée d’intellectuels et de chercheurs, d’ici et d’ailleurs, tous acquis à la cause amazighe, sous ses diverses formes et dimensions. Pour cette nouvelle manche qui vient poser un jalon de cet imposant édifice, vieux de plus de trois décennies sans relâche, les initiateurs ont choisi comme thématique centrale pour ce nouveau rassemblement universel: «L’amazighité : valeurs sociétales et vivre ensemble». Cette tradition aux racines bien ancrées dans un parcours inusable, se veut un espace d’échange et de militance pour une expression identitaire dont les ramifications s’étendent au-delà des frontières.

Bien avant son évolution notoire en termes institutionnels, l’amazighité avait animé, depuis l’ère de plomb, des férus épris de cette expression nationale incontournable qui se sont attelés à l’épreuve ardue, avec audace et conviction. De toute évidence, l’Association de l’Université d’été d’Agadir, à travers ses rencontres de débats notamment, ses publications constantes et ses contributions civiques, faisait partie de cette vague d’activistes amazighs ayant marqué ce long itinéraire épineux.

Des générations de militants ont scellé de leurs empreintes toutes les phases transitoires qui ont émaillé son ardente existence. Sans jamais verser dans le dogmatisme ethnique démesuré, cette structure associative a toujours su s’adapter aux exigences étatiques, et partant, lever le slogan qui correspondait à l’actualité ambiante.

Au fil du temps, les organisateurs de l’Université d’été d’Agadir se donnaient la peine d’opter pour le mot d’ordre qui convenait au moment, avec beaucoup de dextérité. Ce qui donnait à ce projet la constance et surtout l’éclat de ses ambitions légitimes, sans crispation ni précipitation. Progressivement, ses doléances concertées passaient du stade de la revendication à caractère politique et civilisationnel à celui considéré comme un souci de traduire l’acquis amazigh en réalité palpable. À cet égard, on pourrait scinder cette participation effective en trois axes essentiels, durant cette période riche en partage et souvent en âpres réflexions. Le premier s’articule autour du droit de l’amazighité à se manifester, en tant que langue et culture faisant partie intégrante du vécu national séculaire. Le second se focalisait sur les modalités et les conditions de s’affirmer dans la durée. La suivante entamait le processus de la reconnaissance officielle en fonction de l’avancement mature des circonstances en présence.

Aujourd’hui, si l’amazighité a franchi des avancées non négligeables en matière de l’officialisation, la mise en pratique aussi bien au niveau institutionnel que sociétal est toujours au stade de tâtonnement. À ce propos, les lois organiques demeurent encore dans les tiroirs des différents décideurs dont les cordes ne sont pas harmonisées jusqu’à présent. La conjugaison des efforts et la cohésion des pensées sont à prendre en compte afin de réunir toutes les conditions de réussite de cette opération délicate de l’ébauche amazighe. Toujours au diapason de cette tournure, la présente édition de l’Université d’été prône, justement, l’idée de fouiner dans les vertus de la société et les bienfaits de la coexistence en vue de relever cet ultime défi, dans la synergie et la symbiose. Hommage donc à cette régularité insistante et surtout cette novation louable!

Hajar Benezha

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