Au milieu du siècle dernier, les deux grandes nations qui se disputaient le leadership du communisme avaient à leur tête – le culte de la personnalité aidant – des dirigeants inamovibles. Il s’agissait de la République Populaire de Chine dirigée par son fondateur Mao Tsé Toung dit «Le Grand Timonier» et de l’U.R.S.S. qui, après la mort de son fondateur Lénine en 1924, était tombée, trois décennies durant, sous la coupe de Staline, ce «petit père des peuples» et y était restée jusqu’à sa mort en 1953. Mais, près de soixante-dix années après ces faits, voilà que le week-end dernier nous avons assisté, dans ces deux pays, à la résurrection de ce système présidentiel sans limites.
Ainsi, en Chine, c’est Xi Jinping qui, ce samedi, a été réélu sans surprise pour un deuxième mandat de cinq années après qu’il ait procédé la semaine précédente à une réforme de la Constitution lui permettant, désormais, de se porter candidat à la présidence de la République autant de fois qu’il le souhaite. Le Président Xi Jinping, 64 ans, a donc été reconduit sans surprise à la tête de l’Etat pour cinq autres années par les 2970 députés présents à la session plénière annuelle de l’Assemblée Nationale Populaire et rien ne lui interdit, désormais, de se représenter en 2023 voire même en 2029 et au-delà si son état de santé ne l’en empêche pas.
Unique candidat à la magistrature suprême de la République Populaire de Chine, Xi Jinping a prêté serment ce samedi au Palais du Peuple à Pékin devant les 2970 députés qui l’ont reconduit, en posant sa main sur cette Constitution qu’il venait de modifier afin de pouvoir régner sans «aucune limite de temps».
Mais celui qui, à grands renforts de publicité s’est fait le héraut d’une «Nouvelle ère» et qui n’a eu de cesse de renforcer l’autorité du régime en invoquant cette « grande renaissance de la nation chinoise » qui permettra au pays d’accéder, à l’horizon 2050, au rang de superpuissance moderne et respectée devra aussi faire face à ces nombreux défis qui ont pour noms inégalités sociales, flambée de l’immobilier, des dépenses de santé et des frais de scolarité et qui, s’il n’y prend garde, pourraient tout de même déjouer tous ses pronostics et contrecarrer toutes ses attentes.
L’autre grande nation qui ce week-end a vécu au rythme des élections présidentielles est la Russie. En effet, ce dimanche ce sont 107 millions d’électeurs qui y ont été appelés aux urnes et Poutine, ce président «sortant» qui ne semble pas encore décidé à sortir, a décroché haut la main son quatrième mandat à la tête de la Russie alors même qu’il fait face à moult critiques. Il lui est reproché, notamment, d’être derrière la toute récente affaire dont la victime est Sergueï Skripal cet ancien espion russe retrouvé inconscient le 4 mars dernier à Salizbury dans le sud-ouest de l’Angleterre et toujours entre la vie et la mort après avoir été empoisonné à l’aide d’un gaz innervant. Le soutien apporté par la Russie à Bachar Al Assad est clairement dénoncé par l’O.N.U. tout comme l’annexion de la Crimée, l’aide accordée à des éléments séparatistes dans l’Est de l’Ukraine ou encore l’ingérence de la Russie dans l’élection de Donald Trump. Mais nonobstant tout cela, ce dimanche soir, au sortir des urnes, tous les sondages donnaient Poutine vainqueur avec plus de 75% des voix.
Mais, il y a lieu de rappeler, également, que si, lors de son premier mandat, ce dernier s’était acharné à remettre en selle l’Etat en chute libre dont il avait hérité, Poutine s’était attelé durant sa deuxième législature à consolider son pouvoir aussi bien sur les appareils de sécurité que sur l’ensemble du territoire – Tchétchénie comprise – avant de s’employer, pendant sa dernière présidence, à endosser l’uniforme du conquérant pour faire retrouver à la Russie sa grandeur passée en envahissant la Georgie, en reprenant la Crimée, en s’ingérant dans les affaires intérieures de l’Ukraine et même en «mettant son nez» dans les élections présidentielles américaines. A quel Poutine allons-nous assister durant ce quatrième mandat ? Difficile de répondre à cette question mais rien n’indique, pour l’heure et malgré ses propos, que le chef de l’Etat russe qui, lors de sa dernière campagne électorale s’était présenté en véritable chef de guerre, ne va pas continuer sa marche de «conquérant» et modifier la Constitution de manière à pouvoir se représenter encore une fois à sa propre succession en 2024 pour égaler le record de longévité de Staline puisqu’il semble avoir vraiment l’air de s’y complaire…
Nabil El Bousaadi