Al Bayane : Quel est le sujet de la semaine?
Farid Mezouar : Je pense à la réalisation, lors du vendredi 5 octobre dernier, de la première émission de certificats de Sukuk souverains au Maroc. Les certificats de Sukuk, objet de cette émission inaugurale, sont de type Ijara et portent sur un montant de 1 Milliard de DH amortissable sur une durée de 5 ans pour un rendement annuel de 2,66% ainsi qu’un taux de sur-souscription de 3,6 fois. L’émission sera réalisée via un fonds FT Imperium Sukuk CI qui va prendre auprès de l’Etat, des actifs immobiliers selon une forme d’usufruit. Par la suite, ces actifs seront loués pour pouvoir financer la rémunération annuelle des détenteurs des Sukuk. Notons que la forme d’usufruit ne se traduit pas par un transfert de propriété ce qui fluidifie le montage juridique.
Quel est l’intérêt de cette émission de Sukuk?
Tout d’abord, ce Sukuk souverain est une nouvelle contribution à l’écosystème de la finance islamique au Maroc car il offre une alternative de placement pour les banques participatives ainsi que pour les compagnies de Takaful. En effet, ces institutions peuvent désormais placer leurs excédents dans les Sukuk. Ce développement de la finance islamique peut potentiellement donner un nouveau souffle au marché financier marocain, de manière identique à celui des années 90 après la réforme du marché des capitaux.
Est-ce que l’émission des Sukuk est une bonne nouvelle pour la Bourse?
Oui car toutes les banques cotées ont des filiales ou des fenêtres de finance islamique. Ainsi, elles vont bénéficier à moyen terme d’une nouvelle source de revenus. Aussi, de manière générale, avec le benchmark du Sukuk souverain, les émetteurs disposent désormais d’une nouvelle source de financement. Celle-ci est certes proche des obligations sécurisées ou de la titrisation mais son insertion dans l’écosystème de la finance participative, peut toucher de nouveaux investisseurs.
Farid Mezouar
(directeur exécutif de flm.ma)