Les autorités sanitaires marocaines veillent au grain. Les responsables se succèdent dans les médias pour informer la population sur l’état épidémiologique et rassurer sur l’évolution des cas d’atteinte au virus H1N1. Le ministre de la Santé monte au créneau pour actualiser le nombre de décès causés par le virus. Le chiffre passe de 5 à 9, l’espace d’un week-end.
Anass Doukkali a assuré que la situation épidémiologique reste normale par rapport aux années précédentes.
Rien d’alarmant, surtout lorsque l’on sait que la grippe ovine tue 250 000 personnes au niveau mondial et ce depuis la découverte de ce virus.
Autre chiffre, la grippe saisonnière a provoqué, en 2018, plus de 13000 morts en France, chaque hiver.
Citons d’autres puissances mondiales… Tenez, les Etats Unis d’Amérique connaissent bien le phénomène et l’on a déploré le décès de 80 000 personnes, selon le New York Times.
Passons au Japon. Officiellement, ce pays connait la plus forte moyenne d’atteintes aux différents types de virus A et B, avec plus de 7 (sept) millions de personnes atteintes, valeur d’aujourd’hui.
Et l’on peut multiplier les exemples pour dire que, au Maroc, l’on est loin d’une épidémie à grande échelle et que rien ne justifie la panique que d’aucuns veulent instaurer.
Cependant, la vigilance, le suivi et l’alerte sont impératifs et le ministère de la Santé poursuit la mobilisation avec des cellules de suivi, au niveau central et des délégations médicales à travers le pays.
Certes, avec un hiver austère cette année, il est normal que le nombre des personnes atteintes de rhume ou de grippe saisonnière augmente.
Aussi, il a fallu mort d’homme, une femme enceinte dans un hôpital privé casablancais, et la vive réaction de sa famille sur les réseaux sociaux, pour que la panique s’empare des citoyennes et citoyens.
Hélas, quelques journaux et sites exagèrent les choses et poussent dans le sens de la panique. Et s’il s’agit d’avancer des informations vérifiées, il n’y aurait aucun souci. Car, ici et là, l’on avance des certitudes, sans connaissance de la réalité virale.
Et pourtant, en pareil cas, les médias ont l’obligation de faire appel à des sources fiables, qui sont représentées par le Ministère de tutelle et les experts médicaux, notamment en matière d’épidémiologie.
C’est l’attitude adoptée, en autres, par le site «HuffPost Maroc» qui a posé trois questions au docteur Jaafar Heikel, épidémiologiste, spécialiste en maladies infectieuses et président du comité scientifique du groupe international de management en santé INISAN au Maroc, sur la grippe H1N1 au Maroc.
Le dr Jaafar Heikel est catégorique. Il ne craint pas «une nouvelle épidémie H1N1 au Maroc». pour lui, «le ministère a pris des mesure adéquates».
Certes, l’on est «face à ce que l’on appelle des cycles épidémiques», «Il y a un appel à la vigilance, ce qui est une bonne chose».
A l’heure actuelle, ce n’est pas «la disponibilité des médicaments mais une bonne surveillance épidémiologique» qui est de mise.
Aussi, insiste-t-il, «il n’y a pas de risque d’épidémie dans le sens classique du terme».
L’augmentation de cas de décès doit « nous amener à être dans une démarche de vigilance et de surveillance, beaucoup plus que dans une inquiétude globale», a-t-il ajouté.
Il prône aussi l’implication du «secteur public et privé» et «la disponibilité du secteur privé et des épidémiologistes marocains à participer à l’effort».
Et même si pour lui, «les mesures actuelles sont raisonnables et pragmatiques», il préconise, comme le Ministère, une extrême vigilance.
Mohamed Khalil