Abdelaziz Belal n’est plus!
On a à peine à le croire!
Hier encore dans les amphithéâtres des facultés, dans les salles de conférences, retissait sa voix, calme, sereine mais combien profonde, l’empreinte qu’elle laisse.
Aziz Belal n’est plus ! La douleur et l’affliction sont à la mesure du choc causé par l’atroce nouvelle. Quels mots trouver pour rendre hommage à la mémoire de notre maître!
Il ne ménageait ni son temps, ni ses sentiments pour persuader, convaincre, encourager, rendre l’éspoir et l’énergie à ceux qui viennent s’adresser à lui.
En véritable chercheur, les étudiants qui travaillaient sous sa direction, trouvaient en lui toujours l’homme présent, disponible en dépit de nombreuses tâches qui l’appelaient quotidiennement.
Sa porte était ouverte à tous ceux qui viennent y frapper. Sa modestie, le faisait s’abaisser au niveau de son interlocuteur, pour l’élever ensuite, par ce fait, ce dernier ne ressent jamais son infériorité intellectuelle auprès de lui.
C’est grâce au regretté Abdelaziz Belal que j’ai pu personnellement reprendre mes études, alors que toutes les issues m’étaient fermées.
Rentrée de l’Algérie en 1975, juste au moment où allait éciater le conflit algéro-marocain, mon ambition était de continuer mes études entreprises en Algérie (j’étais en 2e année de sociologie).
Mais non seulement cette discipline n’existait pas au Maroc, mais aucune faculté n’acceptait mon inscription, ne reconnaissant pas les diplômes algériens.
Abdelaziz Belal fut la première personne à qui je m’étais adressée, le connaissant uniquement à travers ses écrits et ses conférences à travers le monde.
S’il n’a pas pu m’inscrire à la faculté du fait de la rigidité des textes, ses encouragements m’étaient salutaires. La phrase qu’il m’avais dite il y a 7 ans est demeurée gravée dans mon esprit, et j’en ai fait ma devise: «La vie, me disait-il, est un immense champs de bataille, dans lequel il faut savoir lutter avec intelligence et perspicacité».
J’ai pu en tirer un enseignement, j’ai su lutter en repassant un autre bac qui m’a permis à l’heure actuelle de préparer un mémoire de Diplôme des études supérieures. Quelle était sa joie profonde en me voyant parmi ses étudiants de première année de licence en droit 1975-1976, et surtout de voir ses conseils trouver un écho en moi.
En homme juste et impartial, il a su faire la part des choses et donner aux événements leur interprétation propre, à propos de certaines difficultés que j’ai rencontrées au cours de mes études universitaires.
Comment ne pas être affligée par la disparition de ce grand homme mais combien modeste qui fut mon maître.
La famille d’Aziz Belal n’est pas seule à l’avoir perdu. Ses anciens et actuels étudiants, les cadres qu’il a formés, ses collègues, ses camarades militants, le peuple entier, tous pleurent leur regretté et cher maître, ami, frère et compagnon de lutte.
Le Maroc n’est pas le seul à être frappé de cette disparition. Son «patriotisme inébranlable», doublé «d’un solide internationalisme» a fait d’Aziz Belal, une voix du tiers-monde. Sa disparition marque une faille dans les rangs de ceux qui militent pour un lutte anti-impérialiste, une cause juste, une paix sociale et équitable.
Mais si la disparition physique est évidente, l’ésprit de notre maître Abdelaziz Belal demeure vivant en chacun de ceux qu’il a formés. Le terrain qu’il avait défriché pour eux doit trouver sa continuité et c’est là l’œuvre de tous ses disciples.
C’est là le plus grand hommage qu’on puisse rendre à la mémoire de notre cher et regretté maître.
Les grands hommes meurent, mais leurs œuvres demeurent.