Peut-être est-ce le dénouement heureux d’une des faillites les plus retentissantes du secteur textile. L’annonce en avait été faite il y a plus d’un par Moulay Hafid El Alamy, ministre de l’Industrie, sans pour autant que l’identité du repreneur ne soit révélée.
En effet, ce dernier avait affirmé que des négociations étaient en cours avec un opérateur turc pour le redémarrage des activités de ce fleuron de l’industrie textile. Selon Medias24, il s’agirait du groupe Karnawall.
Pour rappel, l’entreprise marocaine est en liquidation judiciaire depuis 2013.
La chute de cet empire du textile a été à l’image de son démarrage en grande pompe en 2004. Le Marocain Atlantic Group appartenant à la famille Senoussi s’était associé à l’Italien Legler pour la mise en place d’un complexe industriel intégré spécialisé dans la fabrication de denim (matière première pour la production de jeans).
Les ambitions étaient grandes.
L’unité, située à Skhirat, est implantée sur 15 ha a nécessité un investissement d’un peu plus d’un milliard de dirhams financé par une aide de l’Etat et un consortium composé de BMCE Bank et Attijariwafa bank en tant que chefs de file et comprenant la Banque centrale populaire et Crédit du Maroc.Son démarrage effectif se fera en 2006. Cependant, moins de deux ans après le démarrage du projet, le partenaire italien quitte le navire. Depuis c’est la descente aux enfers, malgré les nombreuses tentatives de sauvetage, notamment avec l’arrivée de nouveaux actionnaires. En 2011, le ministre de l’Industrie de l’époque Ahmed Réda Chami avait entamé des négociations avec un autre opérateur turc, Bossa, mais le deal n’avait pas été conclu.
Aujourd’hui, le deal est bel et bien conclu avec Karnawall depuis plus d’un an, mais dans le plus grand secret. Peut-être pour ne pas mettre à mal la réalisation du projet…En tout état de cause, l’industriel turc s’engage à investir 610 millions de dirhams, à créer 2160 emplois à horizon 2021 avec un chiffre d’affaires de 520 millions de dirhams. Évidemment, Des incitations et de l’accompagnement ont été promis par la tutelle (Industrie et Commerce) pour assurer un bon démarrage de l’usine; des incitations accordées dans le cadre du Plan d’Accélération Industrielle (PAI) à travers un appui assez important à l’investissement matériel et immatériel à travers le Fonds de Développement Industriel et d’Investissements (FDII).
Aujourd’hui, Karnawall est installé à Skhirat depuis début 2019. Le site de Legler s’étend sur une surface de 14 hectares dont surface couverte de 60.000 m2, avec une capacité totale de production annuelle dépassant les 80 millions de mètres et les 4,5 millions de pièces.
Karnawall opérera dans la filature, le tissage, la teinture, l’impression et la confection», nous répond Taha Ghazi.
Interrogé par Medias24, Taha Ghazi, directeur des Industries du textile et du cuir au ministère de l’industrie, l’activité filature a déjà démarré, le recrutement est entamé, et le groupe est en train de ramener les machines et les équipements nécessaires pour les autres segments dont le démarrage se fera au cours du premier semestre 2020.
«C’est un complexe industriel textile intégré d’A à Z. Il produira de l’habillement, du textile de maison et des vêtements d’image», indique-t-il dans la même déclaration.
Karnawall. Le Groupe Karnawall opère principalement dans le secteur de la construction,du textile et de l’industrie alimentaire. Avec une expertise de plus de 30 ans dans le tertiaire et le commerce international, Karnawall textile fabrique des uniformes pour la police et les militaires, des accessoires, du linge de maison, des vêtements féminins pour les marques comme Zara, George, Marks & Spencer, Walmart, JCPenny, etc…
Soumayya Douieb