Le secteur des énergies renouvelables au Maroc n’en a pas fini avec son signe indien. Après les démêlées de Platinum Power dont les deux actionnaires ont abreuvé la presse (et l’opinion) des détails croustillants, c’est au tour du leader espagnol Endesa de définitivement clore son chapitre chérifien.
L’aventure aura duré 4 années au bout desquelles Bonnie (sans Clyde) a été rattrapée par les réalités du terrain. Le quotidien Les Inspirations Eco révélait il y a quelques jours le dépôt légal de l’opération de liquidation au Tribunal de commerce de Casablanca qui met un terme définitif au passage de Endesa au Maroc. Le dépôt a été fait, selon le confrère, le 28 février dernier, à la suite du Conseil d’Administration du groupe du 17 janvier actant le départ du Maroc, lui-même annoncé depuis Août dernier.
L’entreprise aura donc finalement renoncé à ses ambitions au Maroc, territoire qu’il considérait en 2016, à son arrivée, comme un prolongement naturel sur le continent africain de la péninsule ibérique où il tient les rênes de l’électricité.
Si cette conclusion était attendue depuis l’annonce du retrait l’année dernière, le groupe espagnol n’a jamais réellement avancé les raisons qui l’ont poussé à cette décision. Selon des indiscrétions parues dans la presse, notamment dans Challenge Hebdo, à cette annonce, on attribue ce renoncement au «cadre réglementaire qui régit la production privée de l’électricité à base d’énergies renouvelables, en dehors des projets concédés par l’ONEE».
À “cette tare“ s’ajoutent «l’échec de la loi 13-09 qui a concrétisé dès 2011 la libéralisation du secteur de l’électricité verte au Maroc et celle qui l’a complétée, en 2016, la loi 58-15». Outre ces deux éléments, les trop longs délais d’obtention des permis ainsi que l’impossibilité d’avoir une visibilité sur la rentabilisation des projets ont finalement poussé l’opérateur ibérique dehors.
Mais une question se pose : les projets d’énergies renouvelables sont-ils réellement rentables ? Et s’ils le sont, en théorie ou au départ, les nombreux obstacles auxquels doivent faire face les porteurs de ces projets finissent-ils par les rendre non rentables ? Car nombreux sont les acteurs qui se sont retrouvés “embourbés“ dans des projets qui tardent à prendre leur envol.
C’est le cas d’EDF Maroc qui met de longues années à concrétiser ses projets au Maroc. L’engouement des lendemains florissants d’Endesa, à son lancement en 2016, contraste beaucoup avec la sortie par la petite porte qu’elle vient d’opérer.
La saignée va-t-elle continuer ? On ne le sait encore. Endesa quant à lui garde encore un pied au Maroc à travers une participation de 32% dans le tour de table de la centrale thermique de Tahaddart, opérant à travers la branche énergies vertes de ENEL.
Le groupe espagnol, détenu par le groupe italien ENEL, continue ses activités dans d’autres pays. Le groupe a généré en 2018 un chiffre d’affaires de 4,585 milliards d’euros, en très légère hausse par rapport à 2017 (4,563 milliards d’euros).
Soumayya Douieb