Hammou Azouzou*
De prime abord, il convient de saluer les autorités médicales et administratives qui ont fait montre d’abnégation et de sagesse dès les premières heures évitant ainsi les scénarios catastrophes comme c’est le cas des pays de l’union européenne : notamment l’Italie, la France et l’Espagne, mais aussi les Etats Unis.
L’empire du milieu, la chine, a su maitriser la situation en dépit de la contrainte de l’effectif, une population de plus d’un milliard et demi d’âmes.
Le Maroc a opté pour la sagesse, confinement et observation des bonnes pratiques en l’absence drastique des conditions minima pour enrayer le virus (capacité litière, masques chirurgicaux, dépistage exhaustif,…).
Deux remarques à souligner quant à l’organisation:
La première concerne l’autorisation de circuler, l’attestation aurait dû être livrée par voie électronique en mobilisant les opérateurs marocains de télécommunication afin de limiter le risque d’infection : transmission mutuelle du virus par contact (agents d’autorité-populations), l’approche de porte à porte adoptée, à l’ère du numérique, laisse à désirer.
La seconde a trait à la sensibilisation, l’encadrement des populations est à confier normalement au corps enseignant, la capacité à convaincre (communication et rhétorique) relève de leur domaine.
Le COVID-19 a envoyé à l’humanité des signaux à méditer : baisse spectaculaire de la pollution (émissions de CO2), diminution des accidents de la route due à la baisse du trafic.
Sur un autre registre, le confinement de prévention a permis, par ailleurs, à la nature de reprendre ses droits, la baisse brutale de la présence humaine est remplacée par celle la faune qui a fait surface, pour occuper la voie publique, dans plusieurs métropoles au niveau mondial (renards, hérissons, oies,…).
Preuve que la nature a horreur du vide, mais elle sait trouver l’équilibre ! Une scène qui nous rappelle à l’ordre pour voir jusqu’à quel point l’activité humaine au quotidien agresse celles de la faune et de la flore. Les chants des oiseaux ont refait surface, chants étouffés pour longtemps par le bruit des véhicules ou tout simplement-pression du quotidien oblige- on ne prenait pas la peine de les écouter.
Ceci étant, au-delà de la pandémie, quels enseignements tirer ?
Ce papier s’interroge, d’abord, sur la genèse du néolibéralisme, expose, ensuite, ses impacts négatifs sur le social et l’environnemental avant de proposer quelques pistes pour un nouveau modèle de développement à visage humain, niveau mondial et sur le plan national.
1-Constat
En étalant sur la place publique les tares d’un modèle de développement antisocial et a écologique, le COVID-19 vient rappeler l’humanité à l’ordre.
1.1-au niveau mondial
Qu’est ce que l’ultra- libéralisme si ce n’est la version absolue du néolibéralisme, une compétition effrénée, attisée par des privatisations tous azimuts et une mondialisation débridée où seul le profit compte ?
Le néo-libéralisme enclenché, dès le début des années 80 du siècle dernier, prônant le moins d’Etat avec la mise en place des programmes d’ajustement structurel, initiés par le FMI et la BM. Tendance médiatisée par le Thatchérisme (parti conservateur, Royaume Uni) et le Reaganisme (parti républicain, USA).
L’agressivité de la tendance néolibérale ces deux décennies du XXI ème siècle (2000-2019) lui a valu le qualificatif d’ultralibéralisme, se traduisant par un modèle de croissance sans développement, négligence du social et de l’environnemental au profit de l’augmentation des PIB (Produit Intérieur Brut) et des équilibres budgétaire et financier.
1.1.1-Au plan social, les licenciements (DOWNSIZING) sont accueillis par les grandes places financières par des hausses de cours. Ainsi, l’économie virtuelle (performance financière) prend le dessus sur l’économie réelle. Le déphasage entre le virtuel et le réel est à l’origine de la crise financière de 2008, avec des effets négatifs et cumulatifs en cascade sur l’économique et le social dans le monde.
En tentant à peine de se remettre difficilement des effets de la crise de 2008, l’économie mondiale est rattrapée par une autre crise qui sera plus virulente encore. Enclenchée par le COVID-19, se manifestant -comme pour 2008- au niveau de la bourse par l’effondrement drastique des cours des titres, elle affectera ipso facto et de façon amplifiée et universelle les sphères économique et sociale.
1.1.2-Au plan de l’environnement, la société carbone héritée du XIXème siècle- révolution industrielle (1760-1840) oblige- s’est étalée sur tout le XXème siècle et au-delà. L’hypothétique transition énergétique tarde à venir : les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) représentent encore, de nos jours, jusqu’à 80% de l’énergie totale, même dans les pays considérés comme pionniers dans le domaine des énergies propres (Allemagne, France,…).
Il a fallu attendre les années 90 du siècle dernier (sommet de Rio, 1992) pour tirer la sonnette d’alarme au sujet du dérèglement climatique. Mais, hélas, le réchauffement de la planète a déjà fait ses ravages : trou dans la couche d’ozone avec ses conséquences néfastes sur le climat et la bio diversité : montée des océans, fonte des glaciers, avance du désert, feux de forêts, inondations et sécheresses obligeant les populations touchées à migrer, d’où le terme de «réfugiés climatiques» adopté pour la première fois par l’ONU et autres instances dédiées au climat.
Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises, ennemies de l’environnement, brandissent la RSE (Responsabilité Sociale ou Sociétale des Entreprises) dans leurs déclarations sur l’environnement. Il s’agit, pour la plupart de pratiques de «greenwashing», le fait de présenter le produit-service comme «vert « ou «durable» alors qu’il ne l’est pas.
Il convient de travailler sur un nouveau modèle des énergies renouvelables pour une société sobre, abandonner progressivement les énergies fossiles et fermer les centrales nucléaires.
1.1.3-Croissance sans développement : le COVID- 19 est venu rappeler à l’ordre l’humanité pour une méditation sur l’utilité d’un modèle de croissance sans développement, un modèle dont le seul mobile est le profit, un modèle de croissance où contrastent concentration de richesses entre les mains d’une minorité de nantis et pauvreté de masse, marginalisation et acculturation pour la quasi-totalité des populations.
Un mode de vie imposé par les trusts de l’agro-business, un mode favorisant, vers l’aval (marché de consommation, publicité mensongère et marketing commercial) : l’obésité avec ses conséquences sur la santé des populations : maladies cardio-vasculaires, diabète, hypertension artérielle, donc d’énormes coûts pour la collectivité.
Vers l’amont : destruction des éco systèmes et réchauffement climatique : pollution des sols nappes phréatiques, eaux, airs…
1.2-Quels enseignements tirer ?
1.2.1-Retour à l’Etat providence : la logique du capital a confié le sort de l’humanité à l’ajustement par les marchés.
La main invisible de SMITH (1723-1790) ne semble pas réaliser l’équilibre, l’humanité a besoin d’une main visible, rôle qui incombe à la puissance publique, au nom de l’Etat, à méditer pour un retour à l’Etat providence.
Solidarité, les privatisations tous azimuts érodent la solidarité en aiguisant la compétition aveugle et l’égoïsme suicidaire. Exemple nous est donné par les pays de l’UE qui ont opté, tout au moins au début de la crise sanitaire, pour «le chacun pour soi».
Le secours est venu d’ailleurs, de pays hors union européenne : Chine, Russie, Corée du nord, Cuba de feu Castro… On le voit, l’aide est issue de contrées de l’ex bloc socialiste révélant les séquelles d’un modèle à visage humain.
L’approche qui consiste à tout privatiser pour répondre au diktat du capital (lobbying) est à notre sens contre productive, preuve nous est donnée par la France qui a sous traité à la chine la fabrication des médicaments mettant en otage la santé de ses populations.
Nécessité de nationaliser les secteurs stratégiques : l’éducation, la santé et la nourriture des populations.
Santé et nourriture, ainsi, l’Etat providence reste justifié encore une fois pour le secteur de la santé mais aussi concernant l’agriculture pour garantir la sécurité alimentaire des populations.
Nourriture et santé sont d’ailleurs liées, ce qui nous amène à repenser l’agriculture pour la libérer de la logique des chaines alimentaires de l’agro-business.
Les trusts de l’agro-business ont dévié l’agriculture de sa mission originelle, celle de nourrir les populations en préservant leur santé, vers une agriculture de la bouffe (fast-food) mettant en danger la vie des consommateurs.
Vers l’aval (marchés de consommation), outre la cherté des produits (conserves de toute sorte, charcuterie, biscuiterie, viandes rouges à base d’organismes génétiquement modifiés, …) c’est l’obésité avec ses maladies en cascade, sans parler du coût pour l’économie et la collectivité : hospitalisation, absentéisme (entreprises, administrations, …). Un paradoxe de perte de sens, des dysfonctionnements qui sapent les principes même de productivité et de rationalité sur lesquels est basée l’entreprise capitaliste.
Vers l’amont, la recherche du profit immédiat se traduit par des dégâts causés à l’environnement, emploi de pesticides et autres composants de fertilisation se traduisant par la pollution de l’air, eaux de surface et de sous sol (nappes phréatique), l’épuisement et/ou stérilisation des sols sans parler des risques sur la sécurité et la santé des ouvriers agricoles (manipulation des pesticides et produits phytosanitaires).
1.2.2-Bonnes pratiques : vers un nouveau modèle : produire moins mais mieux, produire ce qui est utile,
Axer sur la solidarité et l’entraide, sur plus de lien, revenir à la nature, pour une vie simple mais heureuse
Vers un nouveau modèle de développement qui préserve la dignité des hommes en assurant : éducation, santé, logement et transport,
Les théories du comportement (psychosociologie des organisations) doivent explorer les comportements des humains sur terre, nomment les dirigeants (finance mondiale, banques, trusts) pour une orientation vers plus de social et d’écologique avant d’aller explorer, très loin, l’espace (envoi de navettes spatiales à coûts exorbitants). On est en train de détruire la vie sur terre pour explorer une hypothétique vie ailleurs sur Mars!
1.2.3-Ecole et Université : Orienter la recherche dans les universités vers la thématique sur le développement durable.
Philosophes, sociologues et anthropologues, l’université et la recherche en général sont interpelés pour rendre à la pensée économique son essence éthique. Ethique née à l’antiquité (Aristote et l’administration de la cité) pour un abandon par les néoclassiques, mais encore plus par les néolibéraux, surtout les ultralibéraux.
L’économie politique de son statut classique intégrant l’éthique sociale a muté, au nom de la rationalité avec les néoclassiques, pour devenir néolibérale et enfin ultralibérale justifiant ainsi son caractère agressif, héroïque et égoïste où un seul acteur compte, en l’occurrence l’entrepreneur combinateur des facteurs de production.
Bannir la compétition pour tendre vers des disciplines insistant sur le bien commun, L’enseignement à tous les niveaux dans le monde doit axer sur les disciplines éthiques régulant le comportement des décideurs, vers un leadership éthique pour plus de justice sociale et spatiale.
1.2.4-Valoriser les intellectuels: nous assistons, un peu partout dans le monde, à une crise de charisme, arrivée au pouvoir de personnes corrompues et sans scrupule, absence d’hommes d’Etat plaçant l’intérêt général au dessus des égoïsmes : individuel, familial ou partisan (jeu électoral).
Acculturation des populations pour en faire de simples consommateurs dociles et irresponsables.
Résultats : les bons fuient un pouvoir de plus en plus corrompu ouvrant la voie au diktat de la finance mondiale, des trusts et des lobbyings de l’argent.
2-Quel modèle pour notre pays, le Maroc?
Le Maroc, peuple qui a toujours fait montre de solidarité et de bravoure à travers l’histoire, quand le contexte l’exige : lutte, armée (début du XXème siècle mais aussi années 30 et 50), manifestations contre : le dahir berbère (1930), la déportation du sultan Mohamed V(1953) et liesse de joie lors de son retour d’exil (1955), séisme d’Agadir (1961), encore près de nous la marche verte (1975).
Le Maroc, pays à tradition monarchique, jouissant d’un atout capital : la stabilité politique dans le cadre de la monarchie constitutionnelle, atout qui n’a pas été suffisamment investi jusqu’ici.
Vers un nouveau modèle de développement à visage humain, moins de profit, plus de justice sociale et spatiale.
Possible, si on sait puiser dans notre fonds culturel ancestral fait de traditions arabo- musulmane et amazighe, legs culturel nourri des affluents africain et andalou.
2.1–Limiter le gigantisme des villes
Le gigantisme des villes, au Maroc, est beaucoup plus le résultat de l’effet répulsif des campagnes (déliquescence, absence d’occasions d’emploi) plutôt que d’un quelconque effet attractif des villes. On assiste, alors à une ruralisation des villes, pression sur les services sociaux (éducation, santé), criminalité,…
2.1.1-Vers de petites villes relais, viables et vivables, s’inspirer, dans ce domaine, de la cité platonicienne, référence à Platon (427-348) Av J.C. Ce philosophe antique propose le chiffre 5040 comme taille optimale des cités à l’époque. Il est curieux de constater que le dit chiffre présente les vertus d’être divisible par tous les nombres de 1 à 10.
Peu importe la taille préconisée, l’idée est de tendre vers des villes gérables facilitant la tâche aux décideurs publics : répartition des cotisations en cas de catastrophe, mais aussi des aides et subventions, calcul des taxes et impôts …etc.
Vers des petites villes ou villages relais entre la campagne et les agglomérations.
Les scènes qu’offraient nos campagnes, avant qu’elles ne soient envahies par la mécanisation, jusqu’à la fin des années 80 du siècle dernier, à l’occasion des labours, moissons et abattages traditionnels, se font drastiquement rares sinon inexistantes ! Faire revivre ces scènes, du moins sur des espaces exigües ou à relief de montagne est recommandé. Il y va pour l’agriculture bio et de subsistance, revivre ces scènes est aussi intéressant pour l’attrait touristiques que cela produira sur les nostalgiques d’une époque révolue.
En été, les épis arrivés à maturité prennent une teinte dorée pour rejoindre la couleur des demeures sorties de la terre, une sorte de complicité entre le végétal et le pisé. Ce tableau nous renvoie à la notion de territoire, lieu chargé d’histoire, parier sur le charme de nos campagnes pour attirer de nouveaux habitants, une nouvelle dynamique s’installera progressivement, un retour même dans une dynamique d’exode inverse ville-campagne. Les retraités ou intellectuels nostalgiques de la vie en campagne pourront procéder à un va et vient entre ville et campagne (résidence secondaire), sorte de transhumance…Ainsi, le lien urbain- rural va se renforcer, une demande supplémentaire viendra stimuler les activités traditionnelles (agriculture et élevage bio) tout en allégeant trafic, congestion et pollution en ville.
Ces villes ou villages relais vont jouer le rôle de laboratoire d’essai, une sorte d’arbitrage entre les activités de campagne et celles de la ville. A long terme, le bon (le bio) va l’emporter sur le mal (bouffe et maladies). L’augmentation des exploitations dédiées à l’agriculture bio mènera à la baisse du coût par hectare (principe d’économies d’échelle).
On laisse le temps au temps pour faire l’équilibre, la balance penchera, il est bien évident, vers ces villes tampon mélangeant entre l’urbain et le rural : une décongestion des agglomérations pour une renaissance des campagnes.
A méditer dans le cadre de la régionalisation avancée, pour une élite territoriale (élus, agents d’autorité) à fibres sociale et écologique.
2.1.2- Ressusciter les métiers d’antan : ressusciter les métiers anciens pour favoriser l’emploi rural: artisanat (menuiserie, forge) pour des petits outils (faucilles, bandes de fer pour équidés, brouettes, carrosseries, métiers à tisser manuels …) en faveur de la campagne. Usages de matériaux iso thermiques (pisé) en construction
Rendre le visage humain à notre campagne ne signifie pas, pour autant, de l’isoler (déni et repli sur soi), mais, au contraire, de l’accompagner dans les domaines stratégiques : éducation, santé, formation aux métiers, logement et transport pour une vie décente. Autrement, entretenir un lien sain entre ville et campagne.
La mécanisation permet d’augmenter la production, certes, mais au détriment de la foi, du moral, … Elle sape la solidarité, détruit les mœurs, isole et stresse…
L’idée qui consiste à ressusciter les savoirs anciens, le local, n’est pas fortuite. Il ne s’agit pas d’un repli sur soi ou d’un conservatisme béat, mais d’une démarche pour repartir sur des bases solides, nécessaires pour se développer et innover. Preuve nous est fournie par le pays du soleil levant, le Japon, même si les entreprises évoluent dans un contexte mondial, elles restent localisées spatialement, c’est-à-dire qu’elles tirent le secret de leur réussite des spécificités locales.
Partir d’outils simples qu’on maitrise, quitte à les améliorer, à innover avec le temps au lieu de se contenter de la solution facile qui consiste à importer des technologies qu’on ne maitrise pas et qui nous mettent dans une situation de dépendance éternelle (réparation, pièces de rechange) vis-à-vis du fournisseur maitre d’œuvre.
Cette idée de dépendance technologique nous mène à l’origine du sous développement des sociétés précapitalistes dont le Maroc.
L’idée des savoirs ancestraux en lien avec l’innovation et le développement soulève, par ailleurs, deux questions à méditer :
- Impérialisme et sous développement
Au Maroc précolonial, la société qui a connu la charrue, le moulin à bras, puis le moulin à eau est capable de passer (sous pression des besoins d’une population plus importante) à un autre outil plus performant mais le contact avec le capital étranger a brisé le processus.
Rupture avec le mode de production ancien sans pouvoir maitriser la technologie importée car imposée. Ainsi est né le sous développement produit de l’impérialisme, on révèle ici l’enseignement de la matière PSD (problèmes structurels du développement), matière que les générations actuelles ignorent, pourtant elle explique les raisons de la vulnérabilité de notre modèle de développement.
- Compétitivité et notions de ressources latentes ou d’ambigüité causale
Les ressources latentes (nous dirons capital immatériel) consacrent l’opacité de l’entreprise vis-à-vis la concurrence, Il y a ambigüité causale quand l’entreprise met la concurrence dans l’embarras, on ne sait pas quels actifs ont été mobilisés pour sortir un produit nouveau (lire avec intérêt Jean Favry, in «l’entreprise de la valeur», édition d’organisation, 2001).
En transposant aux nations, on peut dire que ces savoirs ancestraux, sont d’abord maitrisés par les populations donc susceptibles d’amélioration, ensuite difficilement imitables, donc participent à la compétitivité durable.
2.1.3-Bonnes pratiques (gestes écologiques
En ville, opter pour des gestes écologiques pour ramener la nature à la ville (nids pour oiseaux, ruches à abeilles,…).
Tempérer la température ambiante par la végétation des façades et des toits.
Equiper les toitures par les réceptacles pour récupérer les eaux de pluie, à utiliser dans l’arrosage et le lavage des véhicules. Sous d’autres cieux, pourtant cléments en matière des pluies, au Danemark par exemple, le lavage des véhicules et l’arrosage des jardins à l’eau potable est passible d’amende. Il est temps de s’inspirer de cette pratique, d’autant plus que le Maroc fait partie de la zone sud méditerranéenne connue par son stress hydrique.
Vivre la ville mais autrement, tempérer le stress urbain, basculer progressivement vers un nouveau modèle à visage humain axant sur le social et l’environnemental.
2.2- Ecologie, Santé et Education
Nous ne saurons passer sans proposer quelques pistes de solution à méditer concernant l’écologie, la santé et l’éducation.
2.2.1- l’écologie : Fouiller dans notre passé lointain pour y déceler les ingrédients d’un développement simple mais durable évitant, ainsi, l’imitation hâtive de modèles testés ailleurs.
Les habitudes alimentaires dans nos campagnes, avant d’être envahies, elles aussi, par le fast-food, ont fait leurs preuves sur les plans diététique et de la santé.
Il convient de relocaliser la production industrielle pour une réindustrialisassion verte.
2.2.2-La santé : au plan de la santé, nous pensons au fameux sanatorium antituberculeux de Bensmim, institution construite en 1945, mise en service en 1954 pour, hélas, cesser ses activités en 1975.
Cet hôpital fantôme situé au cœur de l’Atlas, au pays des cèdres, entre Azrou et Ifrane, une zone à climat idéal et aux vertus thérapeutiques (améliore la respiration et lutte contre les états dépressifs).
Il convient de réhabiliter ce sanatorium pour en faire un hôpital régional au profit des couches sociales qui ne peuvent pas supporter les prix onéreux des soins demandés par les cliniques privées.
2.2.3-L’éducation : repenser ces privatisations tous azimuts dans le secteur de l’Education, c’est à ce niveau qu’il convient d’exiger un cahier des charges stricte et rigoureux. L’autorisation d’exercer doit privilégier les professionnels du secteur de l’éducation tous niveaux confondus (de la maternelle au supérieur), notamment les retraités ayant cumulé suffisamment d’expérience dans le domaine pédagogique. Actuellement, nombreux sont ces marchands de l’alphabet qui recourent au personnel pédagogique public, un personnel qu’ils n’ont pas formé et qu’ils épuisent pour en éroder le rendement au détriment de l’école publique.
Il est maintenant temps d’inverser le raisonnement, en matière d’emploi et d’insertion des jeunes diplômés.
On ne cesse de ressasser l’idée d’adapter l’université au monde des entreprises.
Le nouveau modèle à visage humain suppose d’inverser le raisonnement, il est temps d’exiger de ces entrepreneurs avides de profit de s’adapter aux enseignements des universités pour plus d’éthique et plus de social au détriment du profit et du financier.
Conclusion
- En guise de conclusion, voici quelques pistes en vrac à méditer :
Prendre la mesure des périls à venir. Si rien n’est fait pour basculer vers un nouveau modèle à visage humain, d’autres pandémies seront créées, dans le futur, par le réchauffement climatique.
- Avec le néo-libéralisme, l’économique a pris le pas sur le social et l’écologique. Encore pire, avec l’ultralibéralisme des deux dernières décennies, le diktat de la finance (marché boursier) et le virtuel ont pris le pas sur l’économique et le réel.
- Repenser la production pour des chaines à valeur ajoutée humaine pour remplacer progressivement les chaines actuels de nature a écologique et à flux tendus.
- Modérer le quantitatif pour une croissance qualitative qui permet de gagner en efficience. L’augmentation des PIB et la recherche des équilibres budgétaire et financier sont largement annulés par la contre performance sociale (licenciements) et écologique (réchauffement climatique).
- Vers une croissance qualitative, un business-modèle, qui protège l’environnement tout en assurant le développant.
- Rendre le pouvoir aux intellectuels : Universitaires, Philosophes, Sociologues, Historiens et Anthropologues sont interpelés pour réguler les comportements d’une société qui n’a que trop dévié par excès d’égoïsme. Une société qui a mondialisé le mal (réchauffement climatique, terrorisme, maladies VIH-Sida, pauvreté,…).
Il est temps de basculer vers le bon (culture et savoirs, justice sociale et spatiale, pouvoir aux intellectuels et aux élites intègres).
Sur un plan national, il est temps de mettre à profit la stabilité politique garantie par la monarchie constitutionnelle, se mettre à l’œuvre pour un Maroc viable et vivable est possible.
Au-delà des polémiques, le rôle des partis politiques aujourd’hui est de révéler les compétences à l’Etat pour un Maroc nouveau…
*Professeur de l’Enseignement Supérieur