Un rapport du CNP
Le secteur de la presse marocaine a accusé, en l’espace de trois mois, une perte sèche de 240 millions DH, à cause de la suspension de l’impression des journaux, en liaison avec la pandémie du coronavirus.
Un rapport, élaboré par le Conseil national de la presse (CNP) durant la période allant du 25 mai au 4 juin 2020, s’est basé sur un échantillon aléatoire et représentatif constitué de 30 titres et sur l’audition de tous les acteurs du secteur, dont la FMEJ, l’Union des annonceurs marocains et l’Union des agences de conseil en communication et la société de distribution Sapress ainsi que les deux grandes imprimeries de journaux au Maroc, à côté de l’extrapolation des dernières études sur la lisibilité et la situation des entreprises de presse et du marché de la publicité.
Le rapport, réalisé par la commission de l’Entreprise de presse et la mise à niveau du secteur au sein du CNP évoque la perte annuelle, par la presse papier, de356 millions DH, en raison dela lecture gratuite des journaux dans les espaces publics. De ce fait, le rapport estime que la crise de la presse n’est pas une crise de lecture mais celle d’un produit qui nécessite un investissement matériel et humain mais qui est consommé gracieusement.
Le soutien public ne couvre que 17% de la lecture gratuite
Cela traduit le fait que le soutien public annuel à la presse marocaine, d’un montant d’environ 60 millions DH, ne couvre, en fait, que 17% des coûts de la lecture gratuite des journaux marocains.
Le rapport du CNP dévoile aussi que la presse digitale n’est pas plus chanceuse que le support papier, avec une part de marché publicitaire de 11% avec un montant global de 600 millions de dirhams. Il ne s’agit que d’une part «trompeuse», car 80 % des investissements publicitaires bénéficient aux géants de l’Internet notamment Facebook et Google. Ce qui ne laisse à toute la presse électronique marocaine regroupée que 120 millions DH dont la grande partie bénéficie à un petit nombre de journaux à grand tirage.
Les ventes en baisse…
Le CNP souligne, également, que la crise de la presse marocaine s’est aggravée au cours des trois dernières années avant la pandémie, puisque les ventes quotidiennes des journaux sont passées sous la barre de 200.000 exemplaires avec une baisse de 33 % pour les quotidiens, de 65 % pour les hebdomadaires et de 58 % pour les magazines.
Sur le même trend baissier, la part de la publicité dans la presse papier et électronique a également connu une baisse de 50 % entre 2010 et 2018. Cette chute s’est accentuée et a atteint 72,4 % durant les cinq premiers mois des trois dernières années.
C’est dans ce contexte de crise que la pandémie du coronavirus est venue frapper, de plein fouet, la presse nationale.
Une batterie de 30 mesures
Le rapport énumère les impacts de la suppression de l’impression des journaux, avec les conséquences «douloureuses» ayant affecté les employés de plusieurs établissements médiatiques, l’effondrement
des recettes publicitaires de 110 pc entre le 18 mars et 18 mai 2020, en comparaison avec la même période de 2019.
Ce qui a abouti, en fin de compte, à une perte, par le secteur de la presse, de 243 millions DH, durant les trois premiers mois de la pandémie.
Et le rapport de conclure par le fait que la crise causée par la pandémie, même si elle est conjoncturelle, aura de dures répercussions et exacerbera la crise structurelle de la presse marocaine.
Et, pour faire face à cette grave crise, le rapport du CNP conclut par la présentation d’une batterie de mesures réalistes et réalisables, une trentaine en fait, destinées à
sauver le rôle sociétal de la presse marocaine à travers cinq axes se rapportant au soutien de la lecture des journaux, au renforcement de la subvention publique, à l’organisation du marché publicitaire et à la révision de la formation et de la qualification des ressources humaines, outre les incitations pour la création d’une industrie médiatique compétitive.