75e anniversaire du Parti des Travailleurs de Corée du Nord
Nabil Bousaadi
Crise du coronavirus oblige; cette année, aucun média étranger n’a été invité à assister au défilé militaire célébrant le 75ème anniversaire de la fondation du Parti des Travailleurs de Corée du Nord et le nombre des observateurs étrangers présents y était très limité du fait même de la fermeture de nombreuses ambassades.
Mais si, sur les images passées en boucle par la télévision d’Etat KCTV, on a pu voir, comme lors des anniversaires précédents, plusieurs escadrons de soldats armés et autant de véhicules militaires, alignés dans les rues de Pyongyang, prêts à se mouvoir en direction de la célèbre place Kim Il Sung – du nom du fondateur du régime – on a remarqué, également, que cette fois-ci, il y avait beaucoup moins de monde que d’habitude et, surtout, que personne, dans le public, ne portait de masque.
Est-ce à dire que la pandémie du coronavirus qui a ébranlé le monde entier n’a pas pu franchir les frontières «hermétiques» de la République Démocratique Populaire de Corée, comme se plaît à le laisser entendre son leader ? Tout porterait à le croire surtout lorsque ce dernier a confirmé, dans le discours qu’il a prononcé à cette occasion, qu’il n’y avait «pas une seule personne» qui ait été affectée par le Covid-19 dans son pays et souhaité «une bonne santé à tous les gens qui combattent celui-ci à travers le monde»; une allusion directe à Donald Trump, récemment testé positif et contraint à l’hospitalisation.
S’étant déroulé très tôt ce samedi matin, le défilé commémoratif de ce 70ème anniversaire, «attentivement» suivi par les services de renseignements sud-coréens et américains dans la mesure où il révèle au monde entier l’état d’avancement et le développement du programme d’armement de Pyongyang, intervient, cette fois-ci, dans un contexte très particulier car, aux sanctions drastiques auxquelles fait face la Corée du Nord depuis plusieurs années, est venue s’ajouter la série de typhons qui, cette année, a durement touché le pays.
Si donc dans son discours, le leader nord-coréen qui a exalté l’idéologie ultranationaliste de son régime, a assuré qu’il continuerait à «renforcer son armée à des fins d’auto-défense et de dissuasion (…) afin de contenir toutes les dangereuses tentatives d’intimidation des forces hostiles, dont leur menace nucléaire toujours plus lourde» dans la mesure où les négociations avec les Etats-Unis sont dans l’impasse, le défilé militaire géant de ce samedi a confirmé les propos de Kim Jong-un.
On y a vu, ainsi, des missiles tractés sur des véhicules à onze essieux constituant de gigantesque rampes de lancement mobile dont notamment, ce missile balistique intercontinental (ICBM), ce nouveau projectile géant visiblement beaucoup plus long que l’ancien Hwasong 15 déjà capable de menacer le territoire américain et qui, à en croire Akit Panda, de l’ONG Federation of American Scientists, scrutant les risques liés au nucléaire, serait le «plus gros missile mobile à combustion liquide jamais vu à ce jour».
Or, si l’on en croit Shin Beom-chul, de l’Institut de recherche coréen pour la sécurité nationale, cette fois-ci Pyongyong aurait choisi de calmer le jeu et de ne pas «franchir la ligne rouge» en se contentant d’exhiber son missile plutôt qu’en procédant à son lancement à titre d’essai en attendant de connaître le nom de celui qui occupera la Maison Blanche le 20 Janvier prochain. En agissant de la sorte, King Jong-un semble avoir juste voulu faire savoir aux Etats-Unis qu’il enrichi son arsenal nucléaire et qu’à ce titre ils vont être obligés de ne point continuer à tourner le dos à des pourparlers avec la Corée du Nord.
Ce nouveau missile présenté par Pyongyang qui est la «pièce-maîtresse» de l’important déploiement de force de ce samedi et le résultat d’une grande prouesse en matière d’armements nucléaires – ces grandes prouesses dont raffole le leader nord-coréen – va-t-il dissuader les Etats-Unis et les contraindre à retourner à la table des négociations ? On connait la réponse de Donald Trump et surtout son «intransigeance» mais comme rien n’indique qu’il aura droit à un second mandat, attendons pour voir…