Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Il ressort d’une longue enquête réalisée par le New-York Times et s’appuyant sur de nombreux témoignages émanant de civils palestiniens mais aussi de soldats israéliens, qu’en étant soucieuse de protéger ses soldats, Tsahal, qui non seulement se présente comme étant une « armée morale » mais que certains vont même jusqu’à qualifier, sans crainte, d’armée « la plus morale au monde », utilise, depuis le 8 Octobre 2023, les palestiniens qu’elle capture, comme boucliers humains, en les envoyant dans des zones qu’elle considère comme étant dangereuses car potentiellement piégées à l’explosif par les combattants du Hamas.
Or, même s’il n’a pas été en mesure de préciser l’ampleur de cette pratique, qui contrevient à ce Droit international que l’Etat hébreu a coutume de bafouer, après s’être entretenu avec des soldats israéliens et des détenus palestiniens qui ont observé ce genre de situation ou qui y ont participé, le New-York Times a pu tout de même, certifier que cette conduite est monnaie courante dans les rangs de Tsahal dès lors qu’elle a été utilisée par au moins 11 escadrons de l’armée israélienne dans cinq villes de l’enclave palestinienne de Gaza.
Aussi, en considérant que « rien ne peut justifier l’utilisation de civils comme boucliers humains » et qu’il s’agirait, en conséquence, d’ « une violation, non seulement du droit humanitaire international, mais du propre code de conduite de l’armée israélienne », le porte-parole du Département d’Etat américain, Matthew Miller, qui estime que si les faits évoqués par le New-York Times s’avèrent exacts, « ils sont tout à fait inacceptables », a qualifié « d’extrêmement troublant » le rapport présenté par le journal new-yorkais.
En évoquant, par ailleurs, une enquête en cours au sein de l’armée israélienne, Matthew Miller a tenu à préciser que si ces « violations » sont avérées, Tsahal se doit de sanctionner les responsables et de prendre, à leur encontre, toutes les mesures requises « pour s’assurer que ces pratiques ne se répètent pas ».
Mais, il convient de noter que bien que Washington ait, à plusieurs reprises, exprimé, du bout des lèvres, son inquiétude quant à la conduite des opérations à Gaza et au traitement réservé, par l’armée israélienne, aux civils palestiniens, de telles déclarations n’ont jamais été suivies d’effet surtout après que les Etats-Unis et Israël aient accusé le Hamas d’avoir utilisé des civils à Gaza comme boucliers humains.
Pour rappel, si le 30 Juin dernier, le média international « Al Jazeerah », qui s’était basé sur des témoignages de soldats israéliens, avait évoqué l’existence de cette pratique « illégale » et inhumaine » et que Tsahal avait immédiatement nié les faits, l’enquête publiée, le 13 Août dernier, par le quotidien israélien « Ha’Aretz », avait révélé que des palestiniens, que les soldats israéliens appellent « shawishim » – du turc « shawich » qui veut dire « sergent », autrement dit « homme de main » – « sont capturés et envoyés comme boucliers humains lors d’opérations de fouilles israéliennes dans les tunnels et les immeubles abandonnés avant l’entrée des soldats de Tsahal, et ce, au vu et au su de leurs officiers supérieurs ».
Un soldat de Tsahal, dont l’identité n’a pas été révélé par le journal israélien, ayant rapporté que ses supérieurs lui rappellent toujours que sa vie « vaut plus que celles des Palestiniens », c’est donc ainsi que l’Etat hébreu justifie la politique d’apartheid qu’il a mise en place depuis 1948 mais attendons pour voir…