A la recherche d’écotypes et clones performants

Journée mondiale de l’arganier


Par Meryem HERRAG- MAP

La recherche des écotypes et des clones performants, soit par l’exploitation de la diversité génétique existante ou par l’amélioration génétique, est désormais un besoin nécessaire pour préserver et développer la filière arganier, révèle Abdelaziz Mimouni, chef du Centre régional de la recherche agronomique d’Agadir.
Dans un entretien accordé à la MAP à la veille de la commémoration du 2ème anniversaire de la reconnaissance, par l’Assemblée générale de l’Onu en 2021, de la journée mondiale de l’arganier qui coïncide avec le 10 mai, l’expert marocain affirme que les écotypes ou les clones performants constituent un point essentiel à respecter pour garantir une production durable et exemplaire de l’arganier.
M. Mimouni explicite également que la nouvelle stratégie de développement agricole « Génération Green », tracée par le ministère de l’Agriculture, prévoit des mesures pour améliorer la productivité, la rentabilité et la durabilité du système arganiculture face aux changements climatiques.

Cette stratégie incite aussi à accélérer la recherche et développement par la capitalisation sur les avancées techniques, notamment en termes de multiplication des nouvelles variétés sélectionnées et performantes, ajoute-t-il.  L’arganier, qui fait partie des espèces assez résilientes et de la famille des sapotacées tropicales, joue également un rôle distingué dans la préservation des équilibres environnementaux et de la biodiversité outre l’atténuation des effets du changement climatique, la résilience à la désertification et la contribution au triple développement durable économique, social et environnemental au niveau local.
Il est à rappeler que l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le 10 mai de chaque année journée mondiale de l’arganier. Une déclaration faite à l’initiative du Maroc avec l’appui de 113 États membres des Nations Unies qui ont adopté à l’unanimité, cette journée en date du 3 mars 2021, en guise de reconnaissance, par cette organisation internationale, des efforts du Maroc pour préserver cet arbre particulier et rare.
Il est également à signaler que le choix de cette date n’est pas fortuit ou un hasard, il est plutôt inspiré du pic de la maturité de l’arganier.
Aussi, la filière de l’arganier est un processus naturel destiné à réaliser un développement durable au profit de la population locale en général, notamment des femmes qui œuvrent en production traditionnelle de l’huile d’argan.
Cette plantation, considérée en tant que noyau dur du système pastoral et agricole, s’appuie sur les formes traditionnelles de la gestion des réservoirs d’eaux de pluie et la technique de graduation dans certaines zones semi-arides pour atténuer les impacts des changements climatiques.
L’arganier s’adapte, selon M. Mimouni, au climat humide de par l’impact de son environnement. Cependant, il est inexistant dans les montagnes avec les températures basses prolongées.
Si cet arbre protège l’équilibre écologique, il contribue, grâce à ses racines, à la préservation du sol et à la résilience à l’érosion hydrique et éolienne qui menace de désertification une grande partie des zones du sud-ouest conformément à des déclarations antérieures de Mme Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco.
Ainsi, l’arganier constitue, par excellence, une ceinture verte contre la désertification.
Au-delà de la réalisation d’une sécurité alimentaire et la lutte contre la précarité, le secteur de production durable de l’arganier contribue à la croissance de l’économie locale et la consolidation des opportunités d’emploi pour les habitants outre le partage des compétences traditionnelles, cognitives, culturelles et orales de la production de l’huile d’argan.

Quant à la superficie de l’arganier, classé par l’Unesco en tant que « réserve de biosphère », elle s’étale sur environ 800.000 hectares (ha) répartis aux trois régions de Souss-Massa, Marrakech-Safi et Guelmim-Oued Noun. Bien que les biologistes l’aient classé comme « arbre le plus ancien » au Maroc, cette ancienneté n’a pas contribué à sa propagation, elle est plutôt demeurée l’apanage du sud-ouest marocain.
La renommée de l’arganier a, de par sa « marque marocaine déposée », dépassé les frontières du Maroc pour avoir une réputation mondiale. De plus, il s’exporte désormais à plusieurs pays où il est utilisé en médecine, esthétique et alimentation.
Conscient de l’importance de l’investissement gagnant dans ce secteur, le Maroc tend à mettre à niveau 200.000 ha de l’arganier durant les dix prochaines années tout en augmentant la production de l’huile d’argan vu la demande croissante en cette matière précieuse au niveau national et international selon des déclarations de hauts responsables dans le secteur de l’agriculture dans des manifestations internationales.
Selon les mêmes sources, le Maroc envisage, dans le cadre de la stratégie « Génération Green », d’atteindre 400.000 ha pour mettre à niveau de l’arganier et poursuivre le développement de plantation de l’argan agricole.
Selon des données officielles du ministère de l’Agriculture, 26.000 personnes bénéficieront directement de ce programme prévu de garantir 800.000 jours de travail.
Pour rappel, plus de 500 coopératives ont été créées et environ 10.000 femmes ont adhéré au secteur. De plus, 450 Petites et moyennes entreprises (PME) opérant dans la valorisation et l’export ont été créées.
De même, le Maroc ambitionne d’adopter la commercialisation via une plate-forme numérique à l’avènement de l’année 2030.
Cela étant, l’arganier, en tant que l’une des composantes de l’écosystème marocain, demeure un pilier du renforcement du développement durable ainsi que la consolidation de la collaboration entre les différents intervenants pour préserver l’environnement biologique de cet arbre que la directrice générale de l’Unesco, Mme Azoulay, considère « Bien plus qu’un arbre…c’est aussi une civilisation et un modèle de la relation de l’Homme à la nature ».

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