Abdelmajid Dolmy, un grand maestro nous quitte

C’est avec grande tristesse que le monde du football au Maroc a appris le décès d’Abdelmajid Dolmy, survenue le jeudi 27 juillet courant en fin d’après midi, suite à une crise cardiaque.

Dolmy a rendu l’âme subitement, lui qui pensait au pèlerinage (faire le Hajj) et qui se préparait pour se rendre en Arabie Saoudite afin d’accomplir sa religion en faisant le Hajj lors de cet été. Ses amis et anciens coéquipiers au Raja, ses proches et tous ceux qui l’ont récemment vu, ne croyaient pas leurs yeux en affirmant que le regretté ne souffrait d’aucune maladie. Au contraire, il faisait bonne mine,se portait bien, était calme et silencieux.Il fréquentait le centre de la ville de Casablanca, surtout la rue d’Agadir jouxtant le round point Mers sultan et ses lieux préférés pour prendre un café avec les copains et partager des discussions sur l’actualité de la vie quotidienne sans pour autant piper mot sur le foot comme il a toujours vécu en s’exprimant par ses pieds sur la pelouseet non pas par sa bouche.

Ancien international des Lions de l’Atlas, Dolmy l’artiste et le maestro a donc préféré nous quitter dans le silence à l’âge de 64 ans, laissant derrière lui un parcours, long et riche de succès dans la belle époque du football national.

Né en avril 1953 à Casablanca, Feu Abdelmajid Dolmya commencé  sa carrière de footballeur en 1971, pour l’achever en 1991. Ce parcours d’une vingtaine d’année, le maestro l’a passé dans son club préféré, le Raja de Casablanca, avec un passage de 2 à 3 saisons dans l’équipe de la Centrale Laitière (CLAS), ex Olympic Casablancais (OC) de 1987 et 1989 avant le retour au bercail en 1990 et la fin de carrière en 1991, toujours chez la boite des Verts.

Feu Dolmy, qui avait plusieurs surnoms le «Maâllem» (le Maestro), «Al Fannane» (l’artiste), «l’Oustade» (le professeur), «Al Moudir» (le Directeur) ou encore «Al Mitale» (l’Exemple) avait été déniché dans les terrains et espaces vagues de DerbSoltan, fief du Raja dans lequel il était connu par son fameux N°4 collé sur le dos.

S’il n’avait pas eu de chance de remporter le championnat national avec le club des Diables Verts qui optaient pour le jeu spectaculaire, l’art et la manière au lieu des résultats, il garde à titre de consolation, 3 Coupes du Trône remportées en 1974 respectivement au détriment du Moghreb Fès en 1974, du Difaâ El Jadida en 1977 et de la Renaissance Kenitra en 1982, toujours sur le même score serré  de (1-0). Ce qui montre bien que ses coéquipiers préféraient le jeu séduisant avant les buts et les filets.

En équipe nationale, Feu Dolmy, qui portait le N°6, a également un parcours long et glorieux entre 1973 et 1988, un parcours qui parle bien de lui et qui continuera de le faire pour toujours.

Joueur polyvalent, d’un très bon rendement technique et d’une très grande endurance, Feu Dolmy avait la distinction d’accompagner l’équipe nationale pendant 5 Coupes d’Afrique, depuis celle de 1976 remportée en Ethiopie en passant par les CAN de 1978 (1er tour), de 1980 (3e place du Podium) jusqu’aux éditions de 1986 et 1988, où les Lions avaient terminé en 4e place.

Entretemps, Feu Dolmy, qui a également contribué à la qualification de ses coéquipiers aux Olympiades de Los Angeles en 1984, a surtout mené les Lions vers la Coupe du Monde du Mexique en 1986. Ce Mondial constituait la plus grande performance de l’histoire, non seulement du Maroc mais aussi du monde arabo-africain tout entier puisque les Lions de l’Atlas vont réussir l’exclusivité de la qualification au 2e tour, pour la 1ère fois, en prenant la tête d’un groupe composé par certaines grandes nations de football telles la Pologne et l’Angleterre étouffées sur le même score de (0-0) avant de corriger le Portugal par (3-1). Au second tour, Feu Dolmy et ses coéquipiers ont quitté ce rendez-vous planétaire, la tête haute, après une petite défaite de (1-0) dans les derniers moments d’un grand duel face à l’Allemagne futur finalise de ce Mondial remporté par l’Argentine de Maradona.

Feu José Faria qui dirigeait les Lions de l’Atlas à cette belle époque du football national était tellement heureux d’avoir un joueur comme Dolmy dans son effectif. «Mon équipe nationale est heureuse puisqu’elle est dirigée par deux techniciens, un sur le banc qui est l’entraineur, l’autre sur le terrain qui reste bien sûr Dolmy…»,avait dit Feu Faria tout en continuant que Dolmy a les atouts d’orienter le jeu, de rassurer ses partenaires, d’assurer les couvertures et les récupérations, de jouer le rôle du (porteur d’eau), et de permettre à son équipe de dominer le milieu de terrain et de prendre le match en main, quel que soit le calibre de l’adversaire. Dans l’ensemble, les points forts de Dolmy lui permettent de faire la jonction entre la défense qu’il contribue à stabiliser et l’attaque qu’il alimente grâce à ses belles ouvertures précises et ses excellentes relances…

Ce sont là des témoignages d’un grand entraineur qui a marqué l’histoire du football marocain à propos d’un grand joueur qui a également fait de même voire plus avec également une longévité exceptionnelle de deux décennies. Car Dolmy qui a un record de 140 sélections dans son compte, a une carrière riche de 800 matches environ dont  570 matches avec le Raja et plus de 70 rencontres au sein de l’OC.

Feu Dolmy qui restera donc un modèle à suivre par les footballeurs marocains d’aujourd’hui, la génération montante et celle à venir, avait également d’autres distinctions à mentionner et qui relèvent de son esprit sportif, ce qui lui a valu le «prix du fair-play» décerné en 1992 par l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture). Ce titre a bien récompensé Dolmy, un joueur dont la moralité et la courtoisie exemplaires le font unanimement considérer par ses partenaires ou ses adversaires comme un ambassadeur remarquable du football.

Dans l’ensemble, Feu Dolmya donné toute sa vie au football. Mais ce football ne l’a malheureusement pas récompensé. Il méritait au moins un grand jubilé à la hauteur que ni le Raja ni l’équipe nationale ne l’ont pas fait…

Qu’en pensent les dirigeants et présidents des deux instances, Said Hasbane du Raja et Fouzi Lekjaa de la FRMF, qui se sont rendus au domicile de Feu Dolmy pour présenter leurs condoléances à la famille du défunt… ?

Une chose est sûre, le nom de Dolmy restera toujours gravé dans la mémoire du football national.

Adieu l’artiste, que le Tout Puissant ait ton âme en Sa sainte Miséricorde. Nous sommes à Dieu et à Lui nous retournons.

Rachid Lebchir

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