Faire respecter les règles du confinement

Confinement prolongé jusqu’au 5 juin

Mohamed Khalil

Car si la situation épidémiologique n’est «pas entièrement rassurante», à cause des clusters «familiaux et industriels» mais aussi commerciaux,  cela n’est pas dû, seulement, à «un certain relâchement observé dans le respect des dispositions du confinement».

Cela est dû, il faudra le dire, également au manque des contrôles effectués dans les unités économiques restées en activité, précédés d’un cahier de charge sanitaire respectueux des règles de distanciation et d’hygiène.

Et pas seulement. Les foyers familiaux sont présents dans des quartiers à forte présence de marchés populaires où le manque d’encadrement et de suivi fait cruellement défaut.

D’aucuns, parmi les citoyens mais également parmi les agents chargés de l’application des règles de respect de l’état d’urgence sanitaire,  semblent en dehors du combat, par négligence ou par inconscience. Dans les rues et dans les lieux de travail permis. Et il fallait une double mobilisation à ce niveau.

Impliquer toutes les bonnes volontés

Mais c’est un grand ratage et point absent dans le discours du chef de l’Exécutif, qui dénote une volonté à tout résoudre et tout seul!

La grande faille du gouvernement est sa « conviction » que les pouvoirs publics peuvent maîtriser la gestion du confinement, alors que les résultats sont là et l’on assiste, déjà, à un dé-confinement forcé et désordonné, sans pour autant vaincre la pandémie.

Car l’on ne pourra pas demander à toute la population de rester chez elle sans assurer, aux plus nécessiteux, un minimum vital. Cela concerne, malheureusement, plus de la moitié des familles marocaines qui ne disposent pas d’un revenu en ces temps de pandémie. Mêmes les couches qui n’étaient pas dans le besoin stressant se sont retrouvées en situation de besoin.

Non, les pouvoirs publics ne peuvent, à eux seuls, accomplir cette rude tâche, comme l’on ne peut mettre un policier ou un mokhazni à chaque bout de rue.

Il a fallu et il le faut aujourd’hui encore, faire appel à tous ces corps intermédiaires qui peuvent assister les pouvoirs publics dans l’application stricte des décisions officielles. Et pas seulement, mais aussi sur l’organisation de la solidarité avec les couches laborieuses.

C’est ainsi que l’on craint que l’exclusion des partis politiques, des syndicats, des corps élus, des organisations sérieuses de la société civile et de toutes les bonnes volontés soit une pratique irréversible, par crainte d’un regain de confiance dans l’action politique, syndicale et citoyenne.

Or, la crise actuelle nécessite la conjonction de tous les efforts, sans calculs politiciens qui ne mènent à rien d’utile.

Le pays et les pouvoirs publics ont besoin de cette armada de volontaires pour sensibiliser et aider les récalcitrants à mieux comprendre les exigences et les impératifs de l’heure.

Et, aujourd’hui, il faudra prendre le virage de l’association et de l’implication de tous les corps intermédiaires dans la campagne de communication et de sensibilisation, dans les médias publics, aux conséquences dévastatrices de la pandémie, en cas de négligence ou de nonchalance.

Penser aux démunis et nécessiteux

D’autres points positifs figurent dans le discours de Saâd Dine El Otmani et concernent la volonté de s’attaquer sérieusement aux problèmes liés au secteur informel, à la protection sociale, etc. à côté des mesures d’atténuation des mesures d’accompagnement  à décliner.

Mais déjà aucune réponse n’est donnée aux familles qui n’ont pas bénéficié de l’aide de l’Etat, en ces temps difficiles. N’y avait-il pas une autre alternative que de renvoyer des pans entiers de famille vers le ministère des finances pour déposer des plaintes en recourant à des formulaires compliqués et illisibles pour des gens analphabètes et dépourvus du minimum vital.. ?

Car il ne s’agit pas de colmater les brèches mais de mettre en place de réelles politiques qui coupent court avec les méthodes du passé.

Il faudra également penser, entre autres, à une organisation, effective, efficace et transparente du secteur informel. Les idées et les expériences internationales, très riches en enseignements, est un savoir-faire à acquérir et à envisager pour mettre un terme à l’anarchie et à l’insécurité.

Une bonne annonce, cependant, même si faite avec deux mois de retard : la future implication des partis politiques dans le combat contre la pandémie.

L’espoir est que l’Exécutif intègre toutes les bonnes idées, les analyses et les réflexions qui seront émises sur la table lors de la réunion promise par le chef du gouvernement.

Cela doit permettre de compléter la stratégie du gouvernement en ce qui concerne la gestion du confinement et du dé-confinement ainsi que les impératifs politiques, économiques et sociaux. C’est ainsi que l’on combattra le doute, le manque de confiance. Surtout que les mesures proactives des pouvoirs publics, dès l’apparition de la pandémie, avait redonné une grande confiance dans l’Etat.

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