Amok, les larmes du temps de l’apartheid

américain Pleure Ô pays bien aimé, d’Alan Patton.

 

C’est une production importante en termes de moyens mobilisés et s’inscrit dans le projet ambitieux de Souheil Benbarka de donner au cinéma marocain une dimension internationale d’un point de vue professionnel et universelle d’un point de vue thématique. Une conséquence d’une biographie nomade empreinte de mobilité et de diversité de sources d’inspiration. Il est né à Tombouctou, la capitale spirituelle du Mali et de tout l’ouest africain. Après une solide formation académique et une expérience à Rome, il rentre au Maroc et réalise en 1972, Mille et une mains. Premier long métrage qui lui assure une notoriété internationale ; le film ayant récolté moult prix dans différents festivals dont le prestigieux l’Etalon d’or du festival de Ouagadougou. D’emblée, il trace les pistes de ce qui deviendra son programme narratif et esthétique : une maîtrise du langage cinématographique, une thématique forte et un casting international. Toute sa filmographie sera orientée dans ce sens. Avec Amok, nous en avons une parfaite illustration. Benbarka aborde ici la tragédie de l’apartheid à travers le récit d’un instituteur qui voit son univers broyé par l’accumulation de drames nés de la domination raciale qui pèse sur son peuple. Le film est poignant sans verser dans le mélodrame. Les séquences d’action sont menées avec un grand sens professionnel. Le film est tourné en Guinée-Conakry et Souheil  Benbarka a été blessé grièvement lors du tournage d’une séquence de feu.

C’est l’un des premiers témoignages cinématographiques sur l’apartheid. Le film a rencontré une immense estime et a obtenu de nombreux prix, notamment au festival de Moscou en 1983. Le film est traversé par la figure inoubliable de la diva de la chanson africaine, Miriam Makéba. Le film est présenté ce soir dans le cadre de la thématique des droits de l’homme.

 

Fadwa Maroub

Promouvoir la culture des droits humains

Nous avons rencontré la coordinatrice des rencontres, Fadwa Maroub, pour en savoir davantage sur les  jeudis du cinéma et droits de l’homme.

AlBayane : Comment est née l’idée d’organiser des jeudis du cinéma thématique autour de la question des droits de l’homme?

Fadwa Maroub : Les questions des droits de l’Homme soulèvent de grands débats qui se soldent, la plupart du temps, dans des réactions émotionnelles. L’idée est née d’un besoin qu’on a ressenti d’un espace de débat franc, libre, un espace où on apprend à discuter, à contredire et à accepter l’opinion contraire. L’objectif des jeudis du cinéma, dont le concept est un film = un débat, est de promouvoir la culture des droits de l’Homme et l’accompagner des débats nécessaires pour le vivre ensemble.

Est-ce une suite logique des rencontres méditerranéennes du cinéma des droits de l’homme?

C’est une activité parmi d’autres, l’Association des rencontres méditerranéennes du cinéma et des droits de l’Homme, qui aujourd’hui organise ces rencontres, organise deux autres activités principales chaque année : les jeudis du cinéma et des droits de l’Homme (JCDH) : le dernier jeudi de chaque mois à la salle 7e art ; la nuit blanche du cinéma et des droits de l’Homme : une veillée de projection de films en plein air de 21h à 6h00 du matin, et les rencontres méditerranéennes du cinéma et des droits de l’Homme. Je ne dirai pas que c’est une suite logique, mais les activités sont complémentaires, avec les JCDH, nous construisons notre public des évènements avec plus d’envergure.

Comment se fait la programmation? Quels sont les principaux titres que vous avez présentés jusqu’à présent?

Les films sont proposés par les membres du bureau. A ce jour nous avons programmé 16 films, documentaires et fictions, depuis septembre 2011. Je citerai : Une séparation, Les enfants de Belleville de Asghar Farhadi, We want sex equality, Le cochon de Gaza, Le thé ou l’électricité de Jérôme Lemaire, De la cuisine au parlement de Stéphane Goel, Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch, Mort à vendre de Faouzi Bensaidi…

Quels sont vos partenaires pour monter cette activité

Nos partenaires principaux sont le Conseil national des droits de l’Homme et le Centre cinématographique marocain.

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