Biélorussie: Svetlana Tsikhanovskaia en passe de détrôner Loukachenko

Nabil El Bousaadi

En Biélorussie, les deux candidats qui avaient de très fortes chances d’évincer, le 9 août prochain,  Alexandre Loukachenko du fauteuil présidentiel qu’il occupe depuis vingt-six ans étaient l’homme d’affaires Viktor Babariko et le diplomate Valery Tsepkalo. Or, le premier a été écarté de la course à la magistrature suprême du pays après son arrestation en juin dernier et le second après avoir fui en Russie.

Leur place est donc restée libre pour Svetlana Tsikhanovskaia, 37 ans, épouse d’un blogueur dissident emprisonné en mai dernier. Ancienne traductrice ayant repris le flambeau de son mari, cette dernière est, rapidement, devenue la principale rivale d’Alexandre Loukachenko après avoir regroupé derrière elle, en un temps record, l’ensemble des forces d’opposition que compte la Biélorussie.

La manifestation qui s’est tenue,  jeudi dernier dans le parc de l’amitié des peuples à Minsk , en l’honneur de Svetlana Tsikhanovskaia qui se tenait fièrement, devant la foule, le sourire aux lèvres et le poing levé en signe de victoire, fut un véritable succès puisque, d’après l’organisation de défense des droits humains, «Viasna», ce sont plus de 63.000 personnes brandissant ballons, drapeaux et portraits de leur candidate qui étaient venus soutenir la nouvelle coqueluche du pays et rivale du président biélorusse; des scènes de liesse qui se répètent dans toutes les villes du pays depuis plusieurs semaines.

Pour consacrer l’union de l’opposition au président Alexandre Loukachenko, lors du meeting qui s’était tenu le 16 Juillet dernier, Svetlana Tsikhanovskaia avait pris une photo, aux cotés de Maria Kolesnikova, la directrice de campagne de Viktor Babariko et de Veronika Tsepkalo, l’épouse du diplomate ayant fui en Russie; une image inédite supposée mettre un terme à cette Biélorussie qui reste considérée comme étant la dernière «dictature» en Europe.

Cette mobilisation, exceptionnelle dans cette ancienne république soviétique enclavée de l’Europe de l’Est où les élections se tenaient généralement, « pour la forme », laisse entrevoir, chez la population, une réelle volonté de changement même si Alexandre Loukachenko, surnommé «Batka» (petit-père en biélorusse), reste déterminé à ne pas céder sa place en dépit des critiques que lui a valu sa gestion controversée de la pandémie du Covid-19 et les irrégularités qui avaient coutume d’entacher les précédents scrutins.

Aussi, même si les sondages officiels le créditent, encore, de 72% d’opinions favorables, l’actuel président qui n’a plus les coudées franches comme naguère, semble vivre une fin de règne en ce moment où, lors des manifestations spontanées dont les rues de la capitale sont devenues le théâtre tout au long de ces dernières semaines, les manifestants n’ont plus qu’un seul nom à la bouche; celui de Svetlana Tsikhanovskaia rapidement devenue le visage du changement tant attendu par les biélorusses et de l’opposition à «Batka», l’inamovible Alexandre Loukachenko.

Nikita, un jeune étudiant de 25 ans, et tant d’autres de son âge n’ayant jamais connu d’autre président que Loukachenko attend de la nouvelle candidate de l’opposition «un meilleur futur» car cette dernière qui ne cesse de répéter qu’elle n’est pas «une politicienne» mais qui se veut être un lien entre le «pays actuel et un avenir radieux» met, au rang de ses priorités, l’organisation de nouvelles élections où tous les candidats «alternatifs» pourront participer et la libération de tous les prisonniers politiques. Parviendra-t-elle à détrôner le dernier représentant de l’ancienne Union Soviétique et à offrir à la jeunesse biélorusse le futur auquel elle aspire? Attendons pour voir…

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