Biélorussie : Le mari de Svetlana Tikhanovskaïa écope de 18 années de prison

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

On savait que le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, avait la main lourde mais pas au point d’infliger, lors d’un procès à huis-clos, une peine de 18 années d’emprisonnement à Sergueï Tikhanovski pour le seul fait d’être le mari de l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa et ce, en l’accusant de l’« organisation de troubles massifs », d’« incitation à la haine dans la société », de « troubles à l’ordre public » et d’« obstruction à la Commission électorale » et en infligeant 16 années de prison à deux personnes supposées avoir « travaillées pour lui ».

Une autre figure majeure de l’opposition ; à savoir, Mikola Statkevich, 65 ans, qui fut un ancien candidat à la présidentielle et qui a déjà passé plusieurs années derrière les barreaux s’est vu infliger une peine de prison de 14 ans alors que le youtubeur, Vladimir Tsyganovitch, très critique à l’égard du pouvoir, et le journaliste d’opposition, Igor Lossik, 29 ans, ont écopé chacun de 15 années d’emprisonnement.

Plus tôt cette année, la justice biélorusse aux ordres, du vieux Loukachenko, avait déjà condamné Viktor Babaryko, l’ex-banquier et candidat à la présidentielle, et sa compagne Maria Kolesnikova, à 14 ans de prison pour le premier et 11 années d’emprisonnement pour la seconde.

Aucune autre information n’a filtré à propos du procès de Sergueï Tikhanovsky bien qu’il ait commencé en Juin dernier puisqu’il a été expressément interdit aux avocats de la défense de s’exprimer sous peine de perdre le droit d’exercer, à l’exception, toutefois, du contenu de cette lettre que l’accusé avait adressée, fin mai, au média allemand « Deutsche Welle » et dans laquelle il avait qualifié d’« imaginaires » et de « motivées politiquement » les accusations dont il a fait l’objet.

Mais qui est donc Sergueï Tikhanovski en dehors du fait qu’il est l’époux de Svetlana Tikhanovskaïa, rapidement devenue une farouche opposante au régime du vieux Loukachenko ?

Youtubeur très en vue pour ses vidéos contre le vieux président qu’il avait coutume de désigner par l’appellation « le cafard », Sergueï Tikhanovski avait été arrêté en mai 2020 au moment même où il projetait de se présenter à la présidentielle qui devait se tenir en Août de la même année.

Or, bien qu’étant sans aucune expérience politique, son épouse avait saisi cette occasion pour le remplacer au pied levé et était parvenue, à la surprise générale, à mobiliser les foules contre le vieux président biélorusse lors de manifestations que le régime avait réprimé à coups de matraques tout en infligeant de lourdes peines aux protestataires et en en forçant certains à l’exil si bien qu’à en croire l’ONG Viasna, la Biélorussie compterait actuellement 912 prisonniers politiques des deux sexes.

Pour rappel,  à l’issue du scrutin controversé d’Août 2020 qui avait permis au président Alexandre Loukachenko de rempiler pour un sixième mandat, le mouvement de contestation qui s’en était suivi avait été fortement réprimé et Svetlana Tsikhanovskaïa avait été accusée d’avoir organisé « des troubles de masse » et appelé à « des actions portant atteinte à la sécurité nationale ».

Face à de telles charges et aux menaces des services de sécurité, la jeune candidate et figure de proue de l’opposition biélorusse n’avait pas d’autre solution que celle d’aller chercher refuge en Lituanie voisine dès la fermeture des bureaux de vote.

Mais, bien que l’intéressée ait toujours insisté sur le caractère pacifique des manifestations post-électorales auxquelles elle avait appelé et dénoncé le recours à la force et la répression orchestrée par les autorités biélorusses, ces dernières ont muselé la contestation à coups d’arrestations massives marquées par des violences policières et emprisonné ou forcé à l’exil les principaux opposants.

Aussi, après avoir dénoncé la peine infligée à son époux en écrivant, sur son compte Twitter,  que « le dictateur (Alexandre Loukachenko) se venge publiquement de ses opposants les plus forts (…) Tout en cachant les prisonniers politiques dans des procès à huis-clos, il espère poursuivre sa répression en silence (…) mais le monde entier nous observe », Svetlana Tikhanovskaïa, qui avait été contrainte à l’exil, en Lituanie, durant l’été 2020 pour avoir inspiré une vague de contestation sans précédent en Biélorussie, a promis de ne pas arrêter le combat.

Si l’on s’en tient à la détermination des uns et des autres, il semble bien que le combat sera long mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI 

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