Colombie: les FARC se transforment en un parti politique

Après plus de cinquante années de guérilla et quatre ans de négociations avec le pouvoir de Bogota, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), nées en mai 1964 d’une insurrection paysanne marxiste-léniniste qui réclamait une profonde réforme agraire ont décidé, à la suite de l’accord de paix signé en novembre dernier avec le gouvernement de Juan Manuel Santos, de quitter la jungle colombienne, de déposer les armes et de se muer en un parti politique.

Il convient de rappeler que cet accord de paix salué par le chef de l’Etat comme étant « la meilleure nouvelle pour la Colombie de ces 50 dernières années » puisqu’il a mis fin à un conflit vieux de plus d’un demi-siècle qui s’est soldé par près de 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 7 millions de déplacés a valu, au Président Juan Manuel Santos, le Prix Nobel de la Paix.

Le nouveau parti, dont le nom et la ligne politique seront décidés lors d’un congrès qui se déroulera dans les prochaines semaines – quelques jours à peine avant la venue en Colombie le 6 septembre prochain du Pape François au titre de la commémoration de la paix et de la réconciliation – sera « ouvert au dialogue avec l’ensemble des forces et mouvements politiques du pays » selon Erika Montero, une ancienne guérillera et chacun de ses membres restera libre d’y participer soit en gardant son nom de guerre soit sous sa véritable identité.

Cette nouvelle entité politique, qui gardera, néanmoins, le sigle « FARC » tout en lui conférant une nouvelle signification mais dont plus de 82% de la population a une opinion négative, d’après un sondage Gallup daté de Mai dernier, aura, à n’en point douter, beaucoup de mal à se défaire de cette macabre image qui lui colle à la peau notamment à cause des nombreux massacres et enlèvements dont elle s’était rendue coupable. L’enlèvement le plus spectaculaire fut, sans conteste, celui d’Ingrid Betancourt cette ancienne candidate aux élections présidentielles de 2002 restée en captivité pendant six années et le massacre le plus médiatisé a été celui de Boyava, dans le nord-est du pays, qui, en 2002, avait fait près de quatre-vingt morts parmi la population civile.

A signaler, enfin, que, dans le cadre de l’accord de paix précité, les anciens guérilleros se verront octroyer un minimum de cinq sièges à la Chambre des députés et de cinq autres au Sénat pour deux mandats de quatre années chacun et qu’ils pourront en remporter d’autres à l’issue des élections législatives dont la tenue est prévue en 2018.

Nabil El Bousaadi

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