Confinement: rectifier le tir et assouplir

Mohamed Khalil

La décision de prolonger le confinement, avec un léger assouplissement pour la zone I, est jugée, unanimement, comme une tentative de gouverner par la peur.

L’opinion publique, qui a suivi le «débat» (sic) devant le Parlement, a pu se rendre compte, encore plus, de l’ampleur de la misère de ce gouvernement qui n’en fait qu’à sa tête.

Mais qui, parmi les groupes parlementaires,  de l’opposition comme de la majorité, partageait la démarche, la philosophie et le mode opératoire de El Otmani et son équipe ? Aucun et personne! Chacun à sa manière, ils ont, tous et y compris l’intervention les députés du PJD, exprimé leur refus de cette fuite en avant. Ils ont stigmatisé la démarche du gouvernement et appelé à l’allègement immédiat du confinement imposé aux quatre grandes régions du Royaume, créatrice de la plus grande richesse du pays (ce n’est pas les 61% contre les 39% d’El Otmani qui a choisi la facilité…).

Manque d’approche participative, de  concertation politique, de vision réaliste de la dure situation que subissent des dizaines de millions de personnes que la pandémie a mis dans un grand besoin.

Ne parlons pas des enfants et des familles à renouer avec la vie ordinaire … Ah le gouvernement ne peut même pas gérer cette tâche colossale!

Non plus, il ne peut permettre et organiser des cafés et des restaurants, dans les grandes villes, à faire du service sur place (au lieu de «à emporter», comme il ne peut assurer le retour de tant d’activités, où le risque est inexistant, sachant que les garde fous sur les règles de prévention et de protection ont été bien assimilées, par une population forte de trois mois de confinement, qui mérite mieux que le sort qu’on voudrait lui imposer.

Vérité d’ici…

Même les pays les plus touchés par la pandémie, dans notre environnement immédiat (la France et l’Espagne pour ne pas citer l’Italie), n’ont pas fait preuve d’autant d’excès de zèle en matière de gestion de la pandémie, alors qu’ils ont enregistré des niveaux de morts par dizaines de milliers!

Ils ont compris que le virus, hautement affaibli, n’est plus nocif et que le combat, comme aux échecs, est de prendre l’offensive pour gagner la partie.

Et, pour preuve, la vie reprend normalement son cours, avec le respect de la distanciation, sans pour autant que le port du masque ne soit une obligation… La situation épidémiologique ne s’en est pas négativement ressentie. Au contraire, le virus semble, de plus en plus, faire partie du passé, et la sortie de crise est envisagée avec enthousiasme et optimisme, par le lancement de l’activité dans plusieurs secteurs, au grand bonheur général.

Gouverner par la peur…

Chez nous, nos gouvernants semblent privilégier un seul scénario qui arrange leurs intérêts.

Ils croient qu’en semant la peur et en imposant un confinement, avec des autorisations de sortie qui n’ont pas bougé d’un iota (seulement en cas d’urgence !). Dès lors pourquoi annoncer la reprise des petits métiers ? y aura-t-il des autorisations (encore !) à délivrer pour de tels objectifs?

En tout cas, ce n’est pas par ce genre d’arbitraires que la population victime de la misère créée et accentuée par la pandémie va faire preuve de résignation…

Et pourquoi ne pas inverser le raisonnement de l’Exécutif en ouvrant, largement mais raisonnablement, à la normalisation rapide -oui rapide- de la situation et, au cas où il y aurait les premiers signes d’un retour du virus l’on pourrait, argument en mains, revoir la situation?

A moins que si l’on pense qu’en serrant la vis l’on maitrisera mieux la situation, à l’horizon 2021 et qu’après moi le déluge…!

Que le gouvernement se détrompe. Il ne pourra bâtir son bonheur et ses richesses par et sur le malheur des autres. La peur ne fait que créer des incertitudes, d’exaspération, de haine et des ressentiments, qui peuvent renforcer les réactions extrémistes.

Il faudra en tenir compte et se ressaisir pour capitaliser sur les larges échos à la réaction proactive de SM le Roi, qui a permis un grand retour de crédibilité de l’Etat au sein de l’opinion publique et du peule marocain.

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