Côté jardin: Nostalgie théâtrale, la belle époque!

On évoquera, non sans nostalgie, une belle période du théâtre marocain, avec la fameuse troupe Anouar Souss qui, durant plus de quatre décennies, a marqué le parcours dramatique dans notre pays. On rendra hommage, à ce sujet, à des noms qui ont scellé et ancré cette tradition théâtrale, notamment Abdelkader Ababou, Abdelaziz El Farouki, Mostafa Houmir, Omar Sehnoun, Lahoucine Echaabi, Rachid Ouberchkik…

Cette pléiade d’intellectuels et d’artistes ont également mis sur pieds, dès le début des années 80, le festival national du théâtre qui a connu pas moins de quatre décennies d’affilée. En effet, ce rendez-vous annuel avait créé, durant toute cette période, à travers l’union régionale du théâtre amateur, une dynamique nationale de haute envergure, au sein de ce que l’on appelle communément le théâtre engagé qui traite des problématique de l’heure, en parfaite corrélation avec les grands événements du pays marqués par les années de plomb.

C’est ainsi que nombre de dramaturges, de metteurs en scènes et de comédiens de renommée nationale, trouvent en ce festival l’occasion de créer et de persévérer, notamment Hassam L’mnii, Abderrahman Benzidane, Abdelkrim Berrechid, Mohamed Kaouti, Yahia Boudlal, Mohamed Meskin, Salem Kouindi, Meskini Sghir, Mohamed Kerhat, Lahoucine Hourri, Fatima Chiboub, Zahra Noujoum, Abdelilah Ajil, Abdelkrim Bennani, Abderazzak Badaoui, Abdelhak Zerouali, Omar…

Cette rencontre annuelle, la première dans les annales du théâtre engagé qui puisse rassembler autant de femmes et d’hommes de théâtre, autour d’un festival, devenu incontournable, car c’est un espace d’échange et de partage par excellence. Quelques années plus tard, vont se constituer d’autres festivals similaires, dans nombre de villes du Royaume, en particulier la rencontre de Meknès, organisée par l’association Rouad Al Khachaba, celle de Mohammedia, tenue par l’association Annoubough…

Certes, il y avait, en cette période, le festival national du théâtre amateur, organisé, chaque année, par le ministère de la jeunesse, en coordination avec la fédération nationale du théâtre amateur que présidait, dans le temps, un certain Abdelhkim Bensina. Cependant, il faut bien reconnaitre que les festivals organisés par ces associations ou unions d’associations de théâtre, avaient cette singularité de chaleur, de convivialité et surtout d’authenticité dans la réflexion, le traitement et l’abordage des sujets.

Qu’en reste-t-il de tout cela ? Il est bien vrai que le monde a changé, les mentalités et les tempéraments aussi. La grande expérience du théâtre amateur, un peu identique à celle des ciné-clubs, s’est progressivement éclipsée, au profit des festivals du théâtre et du cinéma actuels, beaucoup plus axés sur le spectacle et la prestation que le débat et la réflexion. D’autant plus que les problématiques posées ne sont plus les mêmes, puisqu’on est passé d’une ère caractérisée par l’oppression et la pression, à une ère marquée relativement par l’élargissement des marges des libertés et l’abondance des moyens à portée de main.

Il convient également de signaler que le théâtre «superficiel» tend à l’emporter sur celui de l’expérimentation. A cet égard, on se souvient que, lors des années 70 et 80 et même début 90, il y avait ce souci permanent chez les femmes et les hommes du théâtre, de «théoriser» la pratique théâtrale, à travers des communiqués lancés par nombre de théoriciens et pratiquants de cet art : On citera, dans ce sens, le théâtre cérémonial (Al Ihtifali), du dramaturge Abdelkrim Berrechid, le théâtre de l’étape (Al Marhala) du metteur en scène et écrivain Lahoucine Hourri, le troisième théâtre (Atthalit), du trio principal Meskini Sghir, Abdelkader Ababou avec Al masrah Al Jadali (Théâtre dialectique)  et Abdelmjid Saadallah. Le théâtre du testament (Acchahada), de feu Mohamed Meskin…

Saoudi El Amalki

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