De quelle presse aurait-on besoin ?

Saoudi El Amalki

Que croire, que ne pas croire ? La presse écrite dite « autonome » et en particulier la version digitale, dans sa globalité, sentirait le roussis, dans le champ médiatique de notre pays, sous ses diverses formes. Sans avoir aucunement l’intention de généraliser la constatation et mettre l’ensemble des titres dans le même panier, on ne fait que souiller l’information, intoxiquer voire envenimer cette mission sociétale. Aussi, fait-on fi de ce qu’on s’accorde à dire, à cor et à cri, l’éthique saine de la pratique journalistique. A longueur de journée, la diffusion de tout « produit  informationnel » déferle sur les tribunes et les réseaux en semant à tort l’amalgame et débitant à flot le dénigrement. Sans aucune préoccupation de déontologie, cette presse qu’on a communément l’habitude de qualifier de « caniveau », verse en fait, dans le bas-fond qui nuit à grosses sornettes, à une Nation en quête de tous les ingrédients des valeurs.

Le pire dans cette affaire, c’est qu’on ait, de plus en plus, pratiquement tendance à assener des coups cinglants à la crédibilité, au profit des malfrats, constamment à l’affût de la malveillance. On fustige, chaque jour, telle « victime » ou telle « institution », en vue de soutirer bassement une « enveloppe » ou un registre. Certains versent dans la calomnie ignoble, dès qu’on leur refuse un « bon de commande » ou une quelconque  « largesse » en leur faveur. D’autres tombent dans les filets de la propagande miteuse, au profit de leur maître, sans nul respect d’autrui, au point de se retrouver avec autant de clients que de journaleux corrompus. Au moment où certaines presses, sérieuses et civiques, trouvent toutes les peines du monde à joindre les deux bouts, leurs homologues se frottent les mains de la gabegie ignominieuse. Face à l’aplatissement, on est plutôt tenté de dire que le métier de « la mère des tâches » est devenu, comme par hasard, celui des « sans job ». Une foule d’intrus s’y adonne pour se « remplir la bedaine » aux festins copieux ou encore se faufiler dans les rangs des notabilités de toutes espèces pour picorer des  « miettes » de la fiesta. De ce fait, le rôle de la presse, celui du relèvement du niveau de conscience du citoyen et de la propagation des vertus des continences, est sévèrement piétiné par des agissements nauséeux de certains impudents de cette profession noble et décente. On ne saurait alors prétendre relever le défi du  recouvrement des « grandes valeurs » de la société si on continue à tolérer ces flétrissures de la presse, en impunité et  en complaisance béates… Du pain sur la planche pour rincer ce linge, en mal de crasses infectes !

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