Défis, perspectives et solutions

Cancers de l’enfant en Afrique

Ouardirhi Abdelaziz

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que chaque année, un cancer est diagnostiqué chez 400 000 enfants et adolescents de 0 à 19 ans. Les formes les plus fréquentes sont la leucémie, les cancers du cerveau, les lymphomes et les tumeurs solides telles que le neuroblastome et la tumeur de Wilms. Dans les pays à revenu élevé, où des services complets sont généralement accessibles, plus de 80 % des enfants atteints d’un cancer guérissent. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, moins de 30 % des enfants guérissent.

Des cancers qui peuvent être guéris

La plupart des cancers de l’enfant peuvent être guéris si le diagnostic est précoce, et grâce aussi aux médicaments dont les génériques qui sont commercialisés à des prix supportables, et à d’autres formes de traitements, dont la chirurgie et la radiothérapie. Le traitement du cancer de l’enfant peut avoir un bon rapport coût /efficacité, indifféremment du niveau de revenu du pays.

Conscient des enjeux sanitaires et des défis à relever pour sauver les enfants atteints de cancers dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, deux acteurs majeurs dans la lutte contre le cancer de l’enfant interviennent en mutualisant leurs moyens et compétences pour une cause noble.

Un engagement solidaire pour relever les défis

Il s’agit de Foundation S (The Sanofi Collective), un organisme caritatif doté d’un fonds dédié à œuvrer pour la santé des générations actuelles et futures, et le Groupe Franco-Africain d’Oncologie Pédiatrique (GFAOP),  une association médicale qui regroupe au sein de son réseau les spécialistes du cancer de l’enfant dans 18 pays du Maghreb et d’Afrique sub-saharienne, ont organisé le 22 février 2023 à Rabat, une conférence panafricaine sur le thème :

« Cancers de l’enfant en Afrique : défis, perspectives et solutions ». 

Cette rencontre a été l’occasion de renouveler l’engagement pour Foundation S et le GFAOP dans le but d’atteindre l’objectif de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de réaliser un taux de guérison, pour sauver au moins 60 % des enfants atteints de cancers  en Afrique d’ici 2030.

Dans ce cadre, la Présidente de la GFAOP, Pr Laila Hessissen a affirmé : « Le GFAOP est constitué d’un réseau de 24 Unités d’Oncologie Pédiatriques dans 18 pays d’Afrique francophone.

Notre objectif est d’augmenter les capacités d’action des équipes pour qu’un maximum d’enfants atteints de cancer soient traités en Afrique francophone, à des coûts accessibles, et que l’on puisse atteindre un taux de guérison d’au moins 60 % des enfants arrivant dans les services spécialisés avec une maladie prise précocement en charge, grâce à un accompagnement structuré. »

De son côté, la Directrice du Programme Cancer des Enfants à Foundation S, Dr Isabelle Villadary, a affirmé: « Depuis 2005, ce sont 140 000 enfants atteints de cancer qui ont été positivement impactés et plus de 41 000 professionnels de santé qui ont bénéficié de formations ciblées en oncologie pédiatrique, au travers de 83 projets soutenus par My Child Matters. »

Une inégalité flagrante entre pays riches et pays pauvres

Cette rencontre a connu la participation du Docteur Latifa Belakhel, Cheffe de Division des Maladies Non Transmissibles, qui a représenté le ministère de la Santé et de la Protection Sociale, et a lu à cette occasion un message du ministre de tutelle.

La responsable a ainsi déclaré : « Bien que le cancer de l’enfant soit une maladie peu fréquente, il constitue l’une des principales causes de mortalité des enfants dans le monde, avec une inégalité flagrante entre les pays. Dans les pays à revenu élevé, plus de 80 % des enfants ayant reçu un diagnostic de cancer à temps guérissent.

Dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI), ce taux chute sous les 20 %.

Qu’en est-il au Maroc ?

Dans son intervention, le Docteur Latifa Belakhel, Cheffe de Division des Maladies Non Transmissibles, qui a représenté le ministère de la Santé et de la Protection Sociale, a rappelé à l’assistance qu’au Maroc, le paysage de l’oncologie en général et de l’oncologie pédiatrique en particulier a complètement été modifié par le lancement du premier plan national de prévention et de contrôle du cancer, et par le deuxième plan qui est en cours de mise en œuvre.

Ce panorama a été marqué par la création de 12 centres régionaux d’oncologie et 6 services d’hémato-oncologie pédiatrique qui prennent en charge la majorité des cas recensés de cancer de l’enfant au sein du royaume, qui sont à peu près de 1100 cas par an.

Les dites structures sont au nombre de 2 à Casablanca, une à Rabat, une à Fès, une à Marrakech, une à Oujda, et bientôt une à Tanger.

Par ailleurs, de nombreuses réalisations ont eu lieu depuis 200, à l’instar de la première enquête de survie à l’échelle nationale et l’élaboration d’un guide pour les soins de support.» 

Ajoutant : « Le 2ème plan Cancer, qui couvre la période 2020-2029, vient consolider les acquis du premier plan et corriger certains aspects.

Dans ce sens, nous avons pu élaborer une feuille de route spéciale cancer de l’enfant, structurée en 7 axes : la surveillance épidémiologique des cancers par la mise en place d’un registre nationale, la mise en place d’un système d’assurance qualité, le renforcement de la disponibilité des médicaments, le développement des soins supports et des soins palliatifs, la mise en place d’un plan de développement de ressources humaines spécialisées, le renforcement de la gouvernance, et le renforcement de la recherche et de l’innovation.» 

Au-delà de toutes les réalisations, ce qui importe le plus c’est de ne jamais baisser les bras. C’est de toujours sensibiliser le plus grand nombre au cancer infantile, de soutenir les enfants atteints de cancer et leurs familles, ainsi que toutes les équipes qui les prennent en charge et les soutiennent tout au long de leur combat contre la maladie.

En effet, on oublie souvent toutes ces femmes et tous ces hommes en blouses blanches, ces médecins, ces infirmières, qui sont présents aux chevets des enfants atteints de cancer 24 H / 24 H, et les soutiennent ainsi que les familles des malades.

En conclusion, je dirai tout simplement qu’il est toujours très difficile de se retrouver devant un enfant atteint de cancer. Une expérience qui nous marque à vie, car face à cette innocence, à cette fragilité, touchée dans sa chaire, se dégage un courage, une bravoure et une résilience, qui représentent une leçon de vie pour tout le monde.

Il est de notre devoir de rendre hommage à tous ces enfants atteints de cancer et aux familles de ces jeunes patients, et ne pas oublier toutes les équipes des services hémato oncologie pédiatrique de Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès, Oujda , et Tanger ……, qui font un travail remarquable.

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