Démocratie: des avancées notables et des dysfonctionnements

Le nouveau règne a été marqué, politiquement, par cinq gouvernements. L’espace de deux décennies. De Youssoufi à El Otmani, en passant par Jettou, El Fassi et Benkirane. Chaque Exécutif a constitué un changement de cap en matière d’orientation du pays et se voulait une réponse à la nouvelle conjoncture née de certains progrès voire insuffisances et dysfonctionnements.

Il faudra dire que, face aux énormes déficits, le nouveau règne avait débuté en trompes, en lançant de grands chantiers de réforme.

Zoom sur les grandes réalisations en matière de démocratie, accomplies durant ce règne, même si elles ont été ponctuées par certains bas.

Indéniablement, les premières années du règne de SM le Roi ont connu, sur le plan politique (ne parlons pas des succès retentissants réalisés au niveau des infrastructures du pays), une dynamique remarquable, hautement saluée par une reconnaissance populaire et internationale. Toutes les Marocaines et les Marocains avaient un sentiment de fierté de leur roi et d’appartenance à ce Maroc nouveau qui bouge.

De multiples initiatives, souvent salvatrices, ont été prises dès le début du nouveau règne.

Le Roi Mohammed VI a vite bousculé les mœurs et us politiques accumulés depuis de nombreuses décennies, en initiant de grandes réformes et réalisations que l’espace imparti ne permet pas de les aborder, toutes. Mais, retenons quand même certaines qui avaient attiré une grande admiration du monde, qui avait commencé à parler du « roi des pauvres ». Nous n’en citerons que quelques chantiers immenses, menés avec brio, qui ont ému le peuple et le monde. La réconciliation nationale par l’instauration de l’IER et la réforme du Code de la famille (la Moudawana), sachant que les deux dernières décennies ont été ponctuées par de nombreuses concrétisations, notamment la Constitution du 1er juillet 2011 qui a eu des retombées sur tous les plans (économique, social, écologique et culturel).

Ainsi l’Instance Equité et Réconciliation (IER) et le Code de la famille ont constitué deux grandes actions en profondeur, en réponse à des injustices criantes, sociales, démocratiques et spatiales, qui avaient marqué le Maroc lors des années de plomb.

Un regain de confiance populaire

Le gouvernement Youssoufi, fruit d’un consensus historique entre la Monarchie, sous le règne de feu SM Hassan II, et le mouvement national (la Koutla démocratique), permettra un bon démarrage qui changera le visage démocratique du Maroc, par l’introduction, surtout, d’une base démocratique. Il continuera près de 4 années avec le jeune Roi.

Après la consécration de l’alternance démocratique par l’octroi de la Primature au premier parti politique arrivé en tête des élections législatives, avec la parenthèse en 2002 de Driss Jettou, en tant que technocrate pour s’éloigner de la « méthodologie démocratique », la règle démocratique a chassé l’exception, même si certains milieux continuent encore la politique politicienne qui veut que le chef de gouvernement pourrait être choisi parmi le second parti arrivé en tête des élections, en évoquant la possibilité de réviser l’article 47 de la Constitution.

En 2007, la rivalité USFP-Istiqlal sera tranchée en faveur de la formation de Abbas El Fassi qui sera chef de gouvernement avec une pléiade de partis politiques de la droite administrative et de la gauche nationaliste. Un mal toujours présent qui fait que ni dans les programmes ni dans l’action l’on ne fait UN. La composition très hétérogène du gouvernement, sur le plan politique, contribuera, pour  sa part, à freiner l’élan des réformes.

Mais c’est depuis la venue du nouveau parvenu sur la scène politique, que les difficultés et problèmes ont commencé à s’aiguiser. L’on a constaté de graves anomalies qui portent préjudice à la pratique politique.

Créé en 2007 pour une mise à niveau du champ politique, par le ramassage de la dizaine (sur plus de trente) de formations en trois pôles, le PAM, pour ne pas le citer, a tenté d’être rassembleur. Mais vite, il a eu l’ambition de la folie des grandeurs. Après avoir englouti quelques petites formations de droite et soudoyé d’anciens leaders gauchistes, il a commencé à s’immiscer, au grand jour, dans les affaires des plus importants partis politiques, dans l’espoir de les mettre à genoux.

Pôles politiques : l’échec des tentatives

Mais c’est surtout la tentative de mettre en place « forcée » de trois pôles ( Koutla, Islamistes et droite administrative) qui va le plus, avec les conséquences qui en sont nées, faire échouer le volet politique marocain, surtout aux anomalies issues du favoritisme octroyé à un parti politique déterminé et la dénaturation des résultats des urnes.

Depuis tout a été entrepris pour orienter les électeurs vers le vote pour un parti déterminé, censé arriver en tête des élections… Des apprentis sorciers se mettent en place pour décrédibiliser la politique et  les urnes, après un regain de confiance populaire hautement crié.

Et depuis, l’interférence politique dans les affaires intérieures se fait de manière déclarée, dont l’objectif est de mettre sous tutelle les dirigeants qui prônent l’autonomie politique, le droit à la différence et au pluralisme, même en clamant haut et fort leur attachement à la Monarrchie, sont systématiquement attaqués et réprimandés. D’où l’instauration progressive d’une nouvelle élite complètement docile à la médiocrité, à l’incompétence et à l’irresponsabilité, avec toutes les pratiques antidémocratiques imaginables.

Sans parler des méfaits causés par les seconds couteaux, les épisodes de Chabat à la tête de l’Istiqlal, de Elias Omari (PAM), de Lachgar (USFP), appelés à la rescousse, à cause de leurs grandes gueules, pour combattre Benkirane, ont beaucoup nui à l’image démocratique de notre pays, aussi bien en interne qu’à l’extérieur du pays.

Le pays et la monarchie ont besoin de partis forts et autonomes

Aujourd’hui, l’on change de fusil d’épaule, après l’échec du PAM auteur de plusieurs pratiques honteuses, place à la poursuite des enchères et l’on se bouscule au portillon pour mobiliser les anti-changement, avec une puissante armada de spécialistes des falks news, chichement rémunérés par un argent fou dont on ignore l’origine. L’on se place déjà comme futur chef de gouvernement et l’on recourt à tous les  subterfuges pour empêcher le gouvernement, auquel l’on appartient, de travailler dans la sérénité. C’est ainsi que l’opinion publique nationale s’en trouve dégoûtée par ces pratiques médiévales qui veulent stopper tout changement démocratique. Et après moi le déluge, disent ces politiciens qui ne sont pas de véritables hommes politiques.

 Résultat de ces anomalies politiques, aujourd’hui encore, la scène nationale est marquée par la démagogie et les tentatives d’hégémonie, et toutes les formations.

Et ceux qui ont tenté de le dire ou d’user du droit à l’autonomie de décision, consacré par la Constitution du pays, se sont vus traités de tous les maux, conspués sur les réseaux sociaux, moyens devenus, par excellence, des armes redoutables pour abattre ceux qui résistent aux forces de l’ombre.

Et si la démocratie suppose et exige l’existence du pluralisme politique et de la liberté du choix politique, l’on ne rappellera jamais assez que le pays et la monarchie ont besoin de partis forts et autonomes. Et un parti qui est tributaire de décideurs externes ne peut être crédible aux yeux de la population, des citoyens et des citoyennes, sachant que les partis politiques sont l’ossature et les piliers sur lesquels repose l’Etat.

Il ne faut surtout pas l’oublier.

Mohamed Khalil

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